Les 24 états d'âme de Gabin et Agathe.

22 : Le départ en vacances la veille de l'anniversaire d'Agathe.

Georges venait nous chercher dans la matinée, après quelques jours auprès de sa famille. À trois, on descendait de Bretagne, pendant que l'autre partie de ses amis montait de La Rochelle. On se rencontrait au croisement des deux régions, en Vendée. Gabin et moi ne savions pas trop à quoi nous attendre. Certes, on connaissait les différents visages qui allaient nous accueillir – et encore, plusieurs prénoms donnés dans certaines conversations m'étaient étrangers –, mais ce n'était pas nos amis pour autant.

J'avais accepté avant tout pour passer du temps avec Gabin, profiter un peu de l'été sans devoir se préoccuper de se lever à l'heure pour travailler, ou s'inquiéter de l'année remplie de nouveautés qui s'annonçait.

Lorsque Georges a klaxonné devant chez moi, ma mère m'a serré longuement dans ses bras. Elle n'allait pas être à mes côtés pour mes dix-huit ans, et s'en attristait un peu. Je lui ai promis de l'appeler dès minuit, pour lui laisser l'exclusivité d'être la première à me le souhaiter. Je l'ai enlacée et embrassée longuement. On avait l'impression que je partais pour six mois, quand en réalité, je revenais six jours plus tard. Elle a fini par me lâcher, en répétant une dernière fois que j'allais lui manquer.

En sortant dans l'allée, les garçons avaient déjà chargé tous les bagages. Gabin m'a laissée monter à l'avant, préférait occuper toute la banquette arrière à lui tout seul. Dans un dernier au revoir de la main, la voiture a démarré, pour nous emmener sur la route de nos vacances.

─ Les enfants, a lancé Georges comme s'il était largement plus vieux que nous, quand on n'avait qu'un an d'écart, pendant cette semaine, on a trois missions de Cupidon. Numéro une : aider Charlotte à pécho Théo à distance.

─ Attends. Pouce, l'a arrêté Gabin. Théo et Charlotte, ça a matché ? L'enfoiré ! Je pensais qu'il me disait tout !

─ Plus que matché. Ça fait deux mois qu'elle nous bassine sur son côté « torturé mais fort ». On n'en peut plus. Donc première mission : les forcer à s'avouer qu'ils se plaisent, et qu'ils veulent des enfants ensemble. Mission numéro deux : trouver une meuf à Eliott, parce que là aussi, y en a marre. Le mec est célibataire depuis ses quatre ans, au moment où sa copine de maternelle l'a largué parce qu'il lui avait piqué son crayon rouge.

J'ai ri face au ton qu'il adoptait. Soudain, je voyais bien mieux le lien de famille qui unissait Georges à Gabin. Outre le fait d'être cousins, et d'avoir tous deux des prénoms en G, ils partageaient exactement le même humour. Ces vacances s'annonçaient mémorables.

─ Et la troisième ? ai-je demandé alors qu'un blanc s'était installé dans le véhicule.

Georges a été plus hésitant avant de révéler cette dernière mission. Il s'est finalement expliqué :

─ Il va falloir que vous m'aidiez à rendre Priam le plus détendu possible. Priam est quelqu'un qui flippe super rapidement, pour tout, et cette fois-ci, j'aimerais bien qu'il ne flippe pas trop. Je vais lui demander d'emménager avec moi à la fin de la semaine.

Je n'ai pas pu m'empêcher d'applaudir de joie, tout excitée à l'idée qu'ils passent à l'étape supérieure. C'était dingue, je connaissais ces deux gars depuis deux mois, et je les voulais déjà mariés avec trois gosses, dans un pavillon de campagne. J'ai tout de suite accepté, prête à tout pour les aider.

─ Content de remarquer ton enthousiasme, a déclaré Georges en s'engageant sur la route nationale. Et demain soir, chérie, on va fêter tes dix-huit ans comme il se doit. Tu vas passer une soirée de rêve, tout payé aux frais d'Eliott, même s'il ne le sait pas encore.

J'ai rougi, peu habituée à être le centre de l'attention. Malgré tout, je ne pouvais que ressentir une immense joie à l'idée de ces vacances avec des gens aussi sympathiques. Je me suis retournée pour croiser le regard tendre de Gabin. Il s'est faufilé entre les deux sièges avant, et a tapé sur l'épaule de Georges.