Chapitre 8

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Elle y avait beaucoup réfléchi. L'homme avait raison. Elle ne gagnerait rien à mourir. Elle haïssait ce monde tel qu'il était, incapable d'évoluer, de changer. Elle en était la preuve : un simple changement de cheveux l'avait fait bannir de son village, sans que ses poursuivants se demandent si ce qu'ils faisaient était juste. Elle repensait aux paroles de l'homme. Il lui faisait peur. Elle n'arrivait pas à le comprendre, ni à savoir ce qu'il voulait. Mais il avait raison. Mourir maintenant serait stupide. Elle voulait vivre, sans que plus jamais personne ne lui impose de chemin. Plus jamais elle ne voulait souffrir. Plus comme ça. Les paroles de l'étrange individu lui revenaient en mémoire : "Je peux t'aider". Était-il honnête ? Que gagnait-il à faire ça ? Quel était son but ? Comment pouvait-il l'aider ? Elle ne savait pas. Mais elle comptait bien le découvrir.

Elle se leva de son lit, prit ses vêtements, ceux que l'homme lui avait donnés, et entreprit de se donner un semblant de crédibilité, notamment en se coiffant et en essuyant les marques laissées par les larmes qu'elle n'avait su retenir. Elle avait été faible. Plus jamais cela ne se reproduirait. Elle regarda la chambre avec plus d'attention. Elle ouvrit la commode et l'armoire et remarqua qu'elles étaient vide toute les deux. Elle fit la moue : elle devrait porter les mêmes habits pendant un moment. Elle ouvrit également les volets en bois la coupant du monde extérieur. Ce qu'elle vit la bluffa : au lieu de la forêt profonde qu'elle s'attendait à trouver, une immense plaine couverte de fleurs s'étendait sur plusieurs kilomètres. Elle regarda de tous les côtés, et vit que la petite maison se trouvait en lisière de forêt. La porte donnait sur la sombre étendue. Comment diable avait elle fait pour ne jamais voir cet endroit, ni même en entendre parler ? Ses pensées furent balayées par une petite brise chaude qui fit onduler ses longs cheveux blancs, ce qui lui fit le plus grand bien. Moult parfums se mêlaient : celui des fleurs sauvages, doux et agréable, de l'herbe mouillée par la rosé du matin, et tant d'autres qu'elle ne saurait définir. Elle constata que le soleil venait de se lever. Il devait être aux alentours de huit heures.

Elle se retourna et avisa la porte en bois. Elle s'avança vers elle et en saisit la poignée. Ce qui l'attendait derrière était inconnu. Mais elle le devait. Elle n'avait plus peur. Elle était vivante, c'est ce qui comptait. Elle poussa la porte, et entra dans la pièce commune, où elle ne trouva pas âme qui vive. La porte à sa droite était ouverte, preuve que l'homme était réveillé. La petite cheminé était éteinte, et nettoyée. Elle s'avança et avisa un petit morceau de pain et de beurre posé sur la table centrale à son attention. Un petit mot était posé à côté, écrit à l'encre, avec une écriture soignée et ronde : "Ne t'étouffes pas". Elle sourit. Il n'était pas si méchant, sous ses airs lugubres. Elle engloutit le tout avec plaisir. Le pain était craquant et agréable, et le beurre était frais. Les deux s'accordaient à merveille, évidemment.

Une fois ce frugal petit déjeuner terminé, elle décida de passer la porte qui donnait sur la forêt. Elle avait besoin de prendre l'air. Elle tira l'épaisse porte, et sortit. L'herbe mouillée et grasse chatouillait ses pieds nus, pareille à un millier de petits insectes. L'air, chaud mais rafraîchit par la rosée, était à une température idéale. Les senteurs lui faisaient tourner la tête. Elle contourna la petite habitation en bois, et s'arrêta à la vue de la plaine, toujours aussi magnifique. Un profond sentiment de respect l'envahit. Elle se sentait ridicule à côté de cette étendue. Ridicule, mais sereine. Elle ne savait pas pourquoi, mais elle était heureuse, alors que quelques jours plus tôt, elle avait frôlé la mort. Elle n'eut pas l'envie de repenser à cela, elle voulait profiter du moment présent comme elle le pouvait. Çà et là, des lapins gris bondissaient, mangeaient les fleurs présentes partout autour d'eux. C'était le paradis.

Sa rêverie fut interrompue par l'approche d'un homme dont la longue cape à capuche noire contrastait avec le jaune, le vert, le rouge des environs. La silhouette approchait. Elle avait déjà vu cette cape. Un profond malaise l'envahit, qui disparut bien vite quand l'homme leva la main et lui lança, sur un ton enjoué :

— Alors, bien dormi ?

L'Enfant aux yeux blancs - L'éveilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant