Chapitre 28 : Le chemin (Heather)

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Même si le soleil venait de se lever, il n'effaçait pas les noirceurs de la veille. Tout était encore bien trop récent pour que je l'oublie aussitôt. Je revoyais le regard désemparé de Cole, la douleur dans ses yeux et son air hagard. J'avais voulu l'aider, mais je m'étais senti faible, incapable de l'aider.

Je jetai un rapide coup d'œil de l'autre côté du lit. Vide. Cole n'était pas là. Il n'était sûrement pas rentré. Puis en vérifiant mon portable, je pus constater que j'avais reçu un message de Paris. Elle me prévenait que Cole était parti dans la nuit. En un message, je lui annonçai que je viendrais la voir, au moins pour en savoir davantage, et j'espérais vraiment qu'elle avait pu faire quelque chose.

Immédiatement, j'enfilai les premières fringues à portée de main et me dirigeai vers la maison de Paris. Heureusement, je connaissais son adresse et durant tout le trajet, je n'avais cessé de me questionner sur ce qui avait bien pu se passer. Et encore une fois, je me sentais tellement coupable de ne pas pouvoir l'aider davantage, mais j'en étais tout simplement incapable.

Lorsque j'arrivais enfin chez Paris, elle vint m'ouvrir, l'air triste, avant même que je puisse frapper à sa porte. Étrangement, j'avais osé faire confiance en Paris, alors que je n'avais jamais compris son amitié avec Cole. J'avais préféré lui accorder le bénéfice du doute, du moins, j'essayais. Après tout, je n'avais pas de meilleure solution à portée de main.

Elle me fit entrer et s'installa dans le canapé de son salon tout en m'invitant à en faire de même. Visiblement, la conversation ne prévoyait pas d'être joyeuse.

— Que s'est-il passé ? demandai-je à Paris, inquiète.

— C'est bien la question que je me pose, commença-t-elle maladroitement.

Elle prit une courte pause le temps de reprendre son souffle, prête à tout m'expliquer.

— J'ai essayé de lui faire comprendre qu'il avait besoin d'aide. Mais je n'ai pas dû le faire de la bonne manière, il s'est totalement braqué, expliqua-t-elle difficilement. Il n'a rien voulu entendre... Je voulais juste qu'il prenne conscience de la situation. Et il osait encore dire n'importe quoi à propos de ses parents... Je ne sais pas si tu es au courant.

— Je sais, il dit les avoir tués. Je sais aussi qu'il est innocent, déclarai-je aussitôt pour éloigner toute forme de doute.

— Ça fait des années qu'il n'arrive pas à se sortir ça de sa tête... J'aimerais tellement qu'il arrive enfin à se ficher d'eux, de ces personnes qui ont détruit sa vie... Malheureusement, c'est loin d'être simple.

Elle marqua un temps de pause et je tentais désespérement de comprendre la situation.

Cole n'avait pas toujours eu ce comportement. À vrai dire, depuis que je lui avais annoncé ma grossesse, il ne s'en était jamais remis. Chaque jour, il prétendait de plus en plus qu'il était tout aussi impatient que moi, puis j'avais clairement vu son désintérêt. À chaque échographie, il avait une réunion, puis il travaillait chaque jour davantage. Puis il avait fini par me tromper. Maintenant, il fuyait clairement... En fait, il fuyait tout. Il devait sûrement craindre l'éventualité de finir comme ses parents et cette peur avait dû s'amplifier lorsque nous étions sur le point d'avoir un enfant et de devenir à notre tour parents.

— Il a besoin d'aide, ajouta-t-elle d'un ton grave. Et quand je parle d'aide, ce n'est pas juste notre soutien. Bien sûr que ça sera utile, mais il a besoin de plus, comme voir un psy.

Je hochai timidement la tête. Malheureusement, ça me semblait être la seule solution probable si je voulais vraiment l'aider.

— D'ailleurs, il a dû partir dans la nuit... J'aurais dû le surveiller... Je suis désolée, s'excusa-t-elle mal à l'aise.

La Décadence des Flamants - Tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant