XXXI.

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-Il faut que nous mettions ces capes, lui dit-il en lui tendant un habit en tissu sombre.

La Padawan enfila la cape, puis saisit ses bagages qui étaient tombés à terre. Sans rien dire, elle descendit ces marches une dernière fois. Ben était sur ses talons, songeur et rempli d'une peur insoutenable.

A leur grande surprise, leur Maître riait au bar avec le Gungan. Il paraissait plus heureux et radieux qu'avant ; c'était comme s'il jouait un rôle ; ce n'était pas lui, ce sourire. Le Jedi se retourna et leur clama :

-Venez donc dire au revoir à Gudrun !

Ils approchèrent en essayant de feindre le même sourire que lui. C'était un mensonge perpétuel, cette mission, cette vie qu'ils menaient.

-Bonne chance pour la suite, leur dit leur hôte de sa voix grave, je suis certain que vous allez nous débarrasser des barbares de ce monde.

-Merci pour tout, sourit Gaia en lui serrant la main.

Ben fit de même, sans dire un mot en songeant à la fausseté de son acte. Son oncle l'observait du coin de l'œil avec cette petite frustration qu'il parvenait à mesurer.

-Avant que vous partiez, Luke, dit Gudrun, il faut que vous sachiez que Markov Delboro a été retrouvé mort par Octavia, hier. Quelle ironie, n'est-ce pas ?

Le sourire disparut du visage de Gaia et elle songea à nouveau à l'Iktotchi. Elle questionna son informateur :

-Qui était-ce ?

-Un lâche. Il a tué de sang froid tout un village d'Iktotch car leur dirigeante avait tué sa fille. La vengeance n'est pas une bonne chose, ma petite, je pense que tu le sais. Octavia est l'unique survivante de cette attaque. Il a tué toute sa famille, ce jour-là. Personne ne savait où il était passé, sur quelle planète ce fugitif se trouvait alors qu'il était là, sous nos yeux.

Ben observa Gaia en prenant garde qu'elle ne dise rien d'incriminant. Elle le regarda et posa faiblement une question qui lui faisait presque saigner ses lèvres.

-Comment s'appelait sa fille ?

-Pandora. C'est pourtant connu cette histoire.

La jeune fille sentit le pendentif toucher sa peau, sous sa tunique. C'était elle, son être cher perdu. C'était pour elle qu'il menait sa bataille qu'était la vie. La vengeance l'a conduit à sa perte. Elle ne voulait en rien devenir comme Markov, elle ne voulait pas n'être que désespoir.

-C'est une triste histoire pour les deux camps, finit-elle par dire en esquissant un sourire. Aucun des deux n'a eu l'âme apaisée à cause de la vengeance. Je doute qu'Octavia soit satisfaite avec sa mort. Elle n'oubliera jamais ceux qu'elle aimait et la mort de l'assassin ne soulagera en rien sa douleur. Vous avez raison. La vengeance ne doit même pas devoir être un choix.

-Que veux-tu dire exactement ? demanda le Gungan.

-Le réel but du combat est la réconciliation avec l'oppresseur. Et non l'oppression de l'oppresseur.

-C'est là une idée très sage, Gaia, s'exclama Luke en posant une main sur son épaule. Où as-tu appris cela ?

-Je l'ai appris d'un vaillant sage que personne d'entre vous ne connait.

Tous les regards étaient braqués sur elle. La future Jedi souriait puis s'exclama, toute tristesse disparaissant de son visage :

-Au revoir, Gudrun. Merci de votre accueil.

Elle prit ses sacs puis sortit de la pièce sans attendre ses deux accompagnateurs. Ceux-ci saluèrent un dernière fois leur hôte puis la rejoignirent, silencieux. Ben s'avança vers elle puis lui saisit la main alors qu'elle marchait d'un pas assuré vers le centre-ville.

-Est-ce que ça va ? demanda-t-il.

Elle se tourna vers lui et le garçon vit son visage qui paraissait bien moins serein que celui qu'elle affichait dans l'auberge.

-J'ai compris, dit-elle en prenant le pendentif à travers sa tunique. Mes parents et mon frère sont morts mais celui qui les a tués sera à jamais hanté par leurs fantômes. Si je l'avais là, devant moi, je saurais quoi faire.

-Qu'est-ce que tu ferais ?

-Je le haïrais sans doute, je lui cracherais mon venin et toute ma haine qui sortirait. Il faudrait le punir mais pas le tuer. Nous n'avons pas le droit de décider qui doit rester en vie ou mourir. Ce n'est pas à nous que revient ce droit.

-Tu as raison, répondit-il.

Skywalker marchait derrière eux en les observant. Il avait entendu son discours et savait qu'elle le respecterait si elle croisait le meurtrier. Le tuer ne lui apporterait qu'une satisfaction passagère.

Ils avancèrent en revêtant leurs capuches et arrivèrent dans le cœur du marché, dans la même ambiance que lorsqu'ils étaient arrivés. Cette fois, plus de Markov, plus d'espoir en apparence. Les êtres lumineux mouvèrent dans la nuée de monde jusqu'à l'endroit où leur vaisseau était posé. La plateforme 4 était devant eux, le Marcheur du Ciel intact et figé.

Le pont s'abaissa devant eux et ils le franchirent, les visages déçus et l'âme emplie de regrets.

Sans rien dire, Luke s'installa au poste de conduite et commença à effectuer les réglages qui leur permettraient de rejoindre Dagobah.

-Je vais piloter, s'exclama Skywalker, les yeux toujours rivés sur le tableau de bord, j'ai besoin de me changer les idées pour ne plus refaire la même erreur. Le ciel est le seul endroit où je puis marcher sans que le destin ne me pourchasse. Je suis désolé, c'est de ma faute. Allez donc dans la salle principale.

-D'accord, dirent les Padawan en chœur.

Les amants maudits exécutèrent et s'assirent sur la banquette de tissu bleu de l'endroit.

-Maître Luke paraissait décontenancé, lança Gaia.

-Je sais pourquoi il a dit que c'était de sa faute, répondit-il.

-Pourquoi ?

-Il sait avec précision qu'il est responsable de ce qu'il s'est passé entre nous. Il a peur pour nous parce qu'il tient à nous. J'ai mal de l'admettre mais il a raison. Tout est de sa faute.

Ben Solo ✵ A star wars storyWhere stories live. Discover now