3 : Morphine

3K 260 87
                                    


Chapitre 3.

Oh oui, Hannibal était tout particulièrement satisfait. Comment ne pas l'être ? Après tout ce temps... Il tirait sur les ficelles de Will comme si ce dernier était son pantin.

Le cannibale attrapa l'alliance du brun entre deux doigts et la fit tournoyer pour observer comment les rayons du soleil en frappaient le métal.

— Vous auriez aussi dû prendre celle de votre femme, nous aurions pu en avoir chacun une.

— J'espère que vous plaisantez, répliqua le bouclé sans rire.

— Je plaisantais. Si je vous offrais une alliance, Will, elle serait fondue sur mesure pour votre doigt de manière à ce que vous ne puissiez plus l'enlever une fois que vous l'auriez glissée à votre annulaire. Elle serait forgée dans de l'argent pur qui renverrait les rayons de soleil comme dans du verre, elle serait bien plus onéreuse que cette babiole.

Will frissonna de tout son soûl. Il attrapa nerveusement son bras avec sa main opposée, fixant Hannibal, la gorge sèche.

— J'ai fait tout cela parce que vous m'avez menacé..., lâcha-t-il soudainement.

Hannibal plissa les yeux.

— En êtes-vous certain ?

Le profiler parut surpris. Ses grands yeux si expressifs exprimaient l'incompréhension.

— Je ne comprends pas...

— Ne pensez-vous donc pas que vous l'avez fait parce que je vous l'ai demandé, tout simplement ? Je crois que vous aviez envie de m'obéir, mais que vous vous trouvez des prétextes parce que vous repoussez cette éventualité dans votre esprit.

— Je ne veux pas devenir comme vous.

Hannibal lui lança un regard qui en disait long.

— Mais il est trop tard, Will, bien trop tard... Quand la tasse se brise – lorsque le doute naît – elle ne se recolle pas toute seule.

Le bouclé esquissa un sourire forcé.

— Vous insinuez que je suis brisé, Hannibal ? Je porte tellement de cicatrices que vous auriez de la difficulté à trouver un nouvel endroit à marquer sur mon corps. Ce n'est pas parce que la tasse est fissurée qu'elle se brisera forcément.

Hannibal se leva lentement et marcha vers Will sans le lâcher des yeux, tel un fauve s'avançant sur sa proie.

— C'est vrai, souffla-t-il à l'oreille du brun tout en laissant sa main venir se poser sur son estomac, mais il ne suffit alors que de lui donner un petit coup et elle se brise entre nos mains.

Il exerça une pression directement sur la blessure de son vis-à-vis, puis le frappa au même endroit pour prouver ses dires. Will qui haletait déjà, échappa un hoquet de surprise suivit d'un grognement de douleur, alors qu'il sentait sa cicatrice se rouvrir et son bandage se gorger doucement de sang sous sa chemise. Il s'accrocha instinctivement aux biceps musclés d'Hannibal de sa main qui n'alla pas directement sur sa blessure, tentant difficilement de faire cesser l'hémorragie.

Hannibal passa presque gentiment un bras autour de la taille de Will, l'aidant à se tenir debout, alors que l'autre se glissa derrière sa tête pour venir la presser contre son torse

Ops! Esta imagem não segue nossas diretrizes de conteúdo. Para continuar a publicação, tente removê-la ou carregar outra.

Hannibal passa presque gentiment un bras autour de la taille de Will, l'aidant à se tenir debout, alors que l'autre se glissa derrière sa tête pour venir la presser contre son torse.

— Vous êtes brisé, Will, ayez la décence de l'admettre, murmura-t-il.

Le nez enfoui contre la clavicule de l'homme – même s'il n'avait pas son odorat surdéveloppé – Will s'enivrait du parfum musqué sophistiqué de boisé et d'épinette d'Hannibal. Il avait l'impression de perdre la tête, mais sans savoir si c'était à cause de la douleur ou du parfum.

Il ferma les yeux parce que lorsqu'il les gardait ouvert, il voyait une marée noire – comme du goudron – glisser lentement vers eux comme pour les noyer. Ce ne serait pas plus mal, puisqu'il avait échoué lors de l'épisode de la falaise. Son désir de vivre était étonnamment plus fort qu'il ne l'aurait pensé, il s'était sous-estimé.

La main d'Hannibal vint couvrir la sienne sur sa blessure, entremêlant intimement ses doigts aux siens.

— Vous devriez aller vous allonger, suggéra le blond cendré en poussant Will vers le sofa pour qu'il s'y étende, je vais refaire vos points de sutures.

— Ne comptiez-vous pas me manger ? questionna difficilement son interlocuteur.

— Pas aujourd'hui, Will, pas aujourd'hui.

Hannibal laissa son patient seul quelques instants, le temps d'aller chercher la trousse de premier soin dans la salle de bain, celle qui contenait anormalement un couteau.

Lorsqu'il revint dans le salon, le brun avait toujours une main sur son abdomen, le visage crispé, tandis qu'il encaissait la douleur en silence, mais sa respiration paraissait plus lente.

— Est-ce qu'il y aura toujours cette peur entre nous ? demanda le brun.

— Vous pourriez me livrer aux autorités à tout instant.

— Tout comme vous pourriez profiter de mes faiblesses pour me tuer n'importe quand.

— Alors nous sommes à égalités. N'est-ce pas vous qui aviez mentionné cela une autre fois ?

Tout en parlant, Hannibal sortit fil et aguille de sa trousse. Il releva la chemise de Will et défit délicatement le bandage gorgé de sang, frôlant la peau sensible de ses doigts. Le bouclé frissonnait sous chacun de ses gestes.

— Pas de morphine, ce coup-ci ?

— Vous vous êtes plaint la dernière fois, alors je me dis que vous préférez peut-être lorsque c'est fait à froid ?

Joignant le geste à la parole, Hannibal fit pénétrer la pointe de son aiguille dans la chair de Will, commençant à recoudre la plaie avec une dextérité professionnelle. La respiration de son patient se coupa brutalement. Il pouvait voir de petites larmes se former dans le coin des yeux du brun.

Will agrippa les coussins du sofa jusqu'à ce que ses jointures virent au blanc. Faisant son possible pour demeurer immobile, il crispa la mâchoire pour ravaler les cris de douleur qui menaçaient d'outrepasser ses lèvres.

Le cannibale termina son travail de précision quelques minutes plus tard, se relevant avec satisfaction. Will était blême comme un drap, le corps tremblant.

— Donnez-moi de la morphine, exigea le bouclé en secouant la tête pour faire disparaître l'image d'un homme cornu tout habillé de noir se tenant debout à ses pieds.

Hannibal ne bougea pas, se contentant de l'observer avec une certaine fascination.

S'il vous plaît, s'efforça de rajouter le blessé.

Le mot magique parut activer Hannibal qui finit par récupérer une seringue pleine.

— Savez-vous en quelle quantité et à quelle fréquence il faut consommer la morphine pour en devenir accro, Will ?

Ce dernier dodelina sa tête qui commençait déjà à se faire lourde, alors qu'Hannibal lui piquait le bras.

— Eh bien, vous allez bientôt devenir addict si vous continuez sur cette voie.

Will n'eut pas le temps de réaliser tout ce qu'impliquait les paroles de l'homme qu'il se sentait déjà plonger dans le noir.

Ceci est mon dessein [Hannigram]Onde histórias criam vida. Descubra agora