15 : Eau

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Nouveau chapitre qui devrait vous plaire en plus d'une bonne nouvelle : il y a quelques jours, environ une semaine, j'ai vu que les discussions pour la saison 4 avaient commencées après deux ans ! Putain, je suis toute excitée ! *-* 

Chapitre 15.

Will était plongé dans un bain fumant. Il s'était retrouvé là sans trop s'en rendre compte. Et ses esprits étaient trop embrumés pour qu'il se soucie d'être nu devant Hannibal.

L'homme était juste derrière lui, lui lavant délicatement la chevelure, puis les épaules et le dos. L'eau savonneuse de la baignoire s'était colorée d'un rose pâle au contact du sang qui recouvrait ses mains et ses avant-bras. Il avait l'impression de se baigner dans le sang.

— Que voyez-vous, Will ?

Lui-même aurait de la difficulté à l'expliquer. Il n'était lui-même pas certain de ce qu'il voyait. Le cauchemar et la réalité semblaient s'entrecroiser sous ses yeux. Et voilà qu'un énorme cerf noir s'approchait, que son panache menaçait de lui crever un œil, tandis qu'il se penchait sur ses genoux pour laper le lac de sang dans lequel il se noyait. Il ne parvenait pas à contrôler sa respiration qui s'accélérait sans qu'il en ait tout à fait conscience.

— Un cerf... toujours un immense cerf noir...

— Tout ça n'est pas réel.

— Je vous assure qu'il est devant moi ! Vous ne voyez donc rien ?

Au plus profond de lui, Will savait qu'il s'agissait d'une illusion. Il en voyait souvent. Seulement, c'était parfois plus difficile à admettre, surtout quand il pouvait voir toutes ces choses en gardant les yeux ouverts, presque les toucher s'il étirait le bras.

— Je ne vois rien, Will. Ce n'est qu'une illusion.

Pour toute réponse, il trembla et Hannibal lui massa les épaules pour l'aider à se détendre. Il cligna des yeux jusqu'à ce que l'hallucination disparaisse, fermant et rouvrant systématiquement les paupières.

L'homme l'aida ensuite à enjamber et sortir de la baignoire, puis lui jeta une serviette sur la tête avant de venir le frictionner vigoureusement pour qu'il sèche. Will se laissa faire sans un mot.

— Ce n'est pas le temps de me claquer entre les doigts, lui dit le psychopathe en le secouant un peu. Tenez au moins bon le temps de vous rhabiller et d'embarquer dans la voiture.

Hannibal poussa une chemise, un sous-vêtement et un pantalon entre ses mains et il les revêtit un à un systématiquement, sous le regard attentif de son vis-à-vis. Terminant de boutonner son haut, Will releva les yeux sur le chirurgien. Il avait l'impression que l'air était tendu, si tendu qu'il aurait pu le saisir à mains nues.

— Pourquoi est-ce que je vous vois différemment ? demanda-t-il, la voix sur le point de se casser.

Hannibal lui offrit un sourire, étira les bras et boutonna à sa place les trois derniers boutons de sa chemise.

— Parce que vous avez changé, Will, parce que vous vous êtes enfin accepté tel que vous êtes.

— Je sais que j'ai pris un bain, mais je vois encore tout ce sang sur mes bras, comme s'il ne voulait pas partir..., murmura-t-il, troublé.

— Les événements qui nous arrivent, les gestes que nous faisons – bons ou mauvais – façonnent ce que nous sommes, Will, ils restent gravés dans votre peau et dans votre âme. Les vies que vous prendrez vous feront évoluer en tant que personne... et en tant que prédateur. C'est le cours normal des choses.

— Et si je voulais aller à contre-courant ?

Hannibal le regarda comme s'il était un enfant qui n'avait encore rien compris.

— C'est impossible, vous finiriez par être emporté quand même.

Will baissa les yeux. En vérité, il se savait déjà perdu. Il savait qu'il avait laissé le courant l'emporté il y a bien longtemps de cela. La chute était même droit devant.

— Avant de vous rencontrer, je m'accrochais à un rocher pour tenir le coup, mais vous avez frappé mes doigts jusqu'à ce que je lâche prise.

— Mais vous étiez épuisé, Will, vous auriez fini par lâcher de toute façon. C'est aussi bien que je sois là pour vous montrer le chemin, il aurait été dommage que vous ayez été livré à vous-mêmes.

— Parfois... je me dis que j'aurais préféré ça... Je me demande comment les choses auraient pu tourner autrement.

— Il y a certains choix que l'on peut faire, mais il y a aussi des choses que l'on ne peut pas choisir, sur lesquelles personne n'a aucun contrôle.

— Comme quoi ?

Will déglutit et il sentit le souffle d'Hannibal contre son cou. Il pouvait littéralement entendre son cœur battre et se débattre dans sa cage thoracique.

— Cela fait du bien de sentir autre chose que cet abominable après-rasage sur vous...

Le brun ferma les yeux durant quelques instants. L'autre homme était si près de lui... Il aurait dû se sentir menacé, mais il n'en était rien... Il embrassait l'adrénaline qui parcourait ses veines et ne broncha pas d'un pas.

— On ne choisit pas de qui on tombe amoureux.

Will sentit sa respiration s'affoler. Il rouvrit les yeux et se rendit compte qu'il voyait vraiment Hannibal sous un autre jour. Il fronça les sourcils. À l'instant, la soixantaine de victimes du tueur n'avait plus d'importance. Rien n'existait.

— J'aurais tout donné pour que ce ne soit pas de vous, répondit-il, gorge sèche, corps tremblant.

Hannibal le regarda durant un instant, lèvres pincées, silencieux. Il n'y avait aucun moyen de savoir à quoi il pouvait bien penser. Puis, il finit par hocher la tête et dire :

— Et moi donc.

Ceci est mon dessein [Hannigram]Opowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz