4 : Pasta

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Nouveau chapitre et nouvelle couverture en prime !
Je viens de me retaper le dernier épisode d'Hannibal, ça m'a boosté pour écrire une suite à cette fanfiction ! :) 

Chapitre 4.

Will ouvrit les yeux, la tête comme dans du duvet. Il ne savait même plus si c'était le jour ou la nuit. Il avait l'impression que son quotidien des derniers jours n'avait été que de pertes de conscience et de réveils. Et à chaque fois, son mental en pâtissait. Il s'en rendait compte, il avait des hallucinations de plus en plus fréquentes. Il était peut-être en voie de développer une nouvelle encéphalite. Avec tous les coups qu'il avait reçus à la tête, ce ne serait pas si étonnant. Quoiqu'il en soit, Hannibal se gardait bien de lui dire la moindre petite chose.

Il tourna la tête et prit conscience de son environnement. Il était toujours dans la maison au bord de la falaise comme en témoignaient les grandes fenêtres vitrées qui faisaient office de murs. Il était dans la chambre, plus précisément, allongé dans un gigantesque lit à baldaquin. La pièce était meublée avec goût, chaleureuse sans l'être, luxueuse avec des couleurs chaudes, des meubles antiques, un chandelier au plafond et des ornements sur les murs.

Il réalisa que les draps près de lui étaient encore tièdes. Tandis qu'il comprenait ce qui s'était passé, Hannibal apparut dans le cadre de la porte, deux coupes à vin tout juste frottées pour en déloger les moindres impuretés dans une main et une bouteille dans l'autre, s'avançant lentement vers lui.

— Vous avez dormi là. Avec moi, fit remarquer Will en se redressant dans le lit.

— Il n'y a qu'une chambre, répliqua Hannibal en déposant les coupes sur la table de chevet, puis en commençant à les remplir à moitié. Vous prendrez du vin ?

— Vous auriez pu prendre le sofa.

Hannibal poussa une coupe dans la main du bouclé sans que celui-ci ne bronche.

— Croyiez-vous un instant que j'allais sacrifier mon confort et mon sommeil pour vous ? Où est le problème de toute manière ? Avez-vous peur que j'aille pu vous... toucher ?

Will frissonna.

— Où a dormi Abigail quand vous l'avez amenée ici, dans ce cas ?

La pensé que la jeune adolescente ait pu partager un lit avec Hannibal – même juste une nuit – le rendait malade.

— Sur le sofa.

Le brun soupira de soulagement. Il prit une gorgée de vin.

— J'ai fait des cauchemars. J'ai peur que vous en soyez la cause.

— Je suis votre plus grande peur, Will, vous ne cessez de répéter que vous ne voulez pas devenir comme moi alors que vous l'êtes déjà ; il n'y a rien d'étonnant à ce que je sois votre cauchemar. Vous refusez de voir la vérité en face. Vous avez peur de regarder dans le miroir parce que vous êtes effrayé de ce que vous pourriez y voir. Il vous faut affronter vos peurs, Will.

L'interloqué se pinça les lèvres, puis prit une seconde gorgée de son verre. Il secoua la tête.

— Et... et comment, selon vous, est-ce que je devrais « affronter mes peurs » ?

Il ne souhaitait qu'une seule chose : faire s'arrêter le cauchemar. Hannibal le détailla du regard, puis posa son verre sur la table de chevet.

— Vous devez embrasser la peur, la regarder en face et ne faire plus qu'un avec elle.

Will déglutit. Il lui sembla soudainement que la chaleur de la pièce avait montée d'un cran et que la tension se faisait palpable entre eux. Hannibal avait suivi des yeux sa pomme d'Adam monter et descendre le long de sa gorge, faisant naître une drôle de sensation au creux de son estomac.

— J'essaierai de m'en rappeler.

— Bien.

Hannibal récupéra son verre, comme s'il avait soudainement changé d'idée à propos de quelque chose.

— J'oubliais de vous dire, poursuivit-il. Je vous ai fait faire des cartes avec une fausse identité et j'ai réservé des billets d'avion. Ce n'est qu'une question de temps avant que Jack et le FBI trouvent cet endroit, nous devons partir.

— Pour aller où ?

— N'importe où. J'adorerais vous montrer le monde, Will. Je pari que vous n'avez jamais vu Venise ?

— Jamais, admit-il.

— Je vous montrerai la Basilica Cattedrale di San Marco avec ses grandes mosaïques d'or, je vous ferai marcher sur le Ponte dei sospiri, je vous amènerai à la Fenice pour que vous puissiez y écouter l'opéra et y voir le ballet I giuochi d'Agrigento et je vous ferai visiter les Gallerie dell'Accademia où vous pourrez y admirer à la lumière du jour les chefs d'œuvres de grands maîtres de la peinture ; Bellini, Giorgione, Carpaccio, Tintoretto, Véronèse et Tiepolo.

Et il parlait à peine de la cuisine. Là-bas, il ferait goûter à Will les meilleures pasta qu'il n'ait jamais mangé. Avec tout juste ce qu'il faut d'agneau. 

— Ça semble plutôt prometteur.

— Ce l'est. Vous m'avez dit n'avoir besoin que d'une rivière, je vais vous en offrir des centaines.

Will hésita. Il savait qu'il ne pouvait plus faire marche arrière. Hannibal était toxique, invivable, mais il ne pouvait pas vivre sans. Il l'avait su bien avant qu'il ne le tire avec lui dans l'océan Atlantique. Il avait déjà accepté de renier sa famille, il ne lui restait plus rien d'autre. Et maintenant, Jack penserait qu'il avait réellement participer à la libération d'Hannibal Lecter. À ses yeux, il était forcément tout aussi coupable que lui. Un tueur.

— Et les chiens ?

Ils ne pouvaient pas prendre l'avion avec une dizaine de canidés à bord, ça éveillerait les soupçons.

— Nous les laisserons à Alana en nous rendant à l'aéroport privé d'un ami. Avec sa femme, elle habite un palace, il y aura bien assez de place pour y accueillir tes molosses. Et ça rendra leur fils heureux. À Venise, tu pourras adopter tous les chiens que tu veux.

Will ferma les yeux un moment.

— Venise..., répéta-t-il comme un écho lointain.

Il supposait qu'il allait prendre la place qu'avait autrefois eu Bedelia. Il allait servir de dame de compagnie à Hannibal, se pavanant à son bras dans les soirées mondaines et en allant faire les courses pour lui à chaque semaine, remplissant son petit panier de truffes onéreuses et d'autres aliments luxueux. Cette vie avait convenu à Bedelia et elle n'était pas morte en s'y essayant. Will pensait donc pouvoir s'y accoutumer lui aussi. De toute façon, il n'avait pas l'intention de revoir Hannibal se faire arrêter, alors il préférait le suivre pour surveiller ses arrières... ou le tuer quand en viendrait le temps. Le cannibale se faisait sûrement la même réflexion que lui.

— Et après pourquoi pas Milan, Viennes, Rome ou Paris ?

— Ce sont des villes romantiques, fit remarquer Will en finissant son verre.

— Je suis un grand romantique. J'admire l'art et tout ce qui est beau.

Le brun eut un rictus mi-moqueur, mi-amusé.

— Hier... ou peut-être était-ce avant... vous avez dit que j'étais séduisant, vous ne devez pas avoir si bon goût que ça.

— Vous vous trompez, Will. Il serait vraiment temps que vous jetiez un œil dans la glace. 

Ceci est mon dessein [Hannigram]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant