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Aujourd'hui était le grand jour. Je me levai de mon lit difficilement après une courte nuit. Étant donné les circonstances et le stress de ma rentrée, j'avais passé ma nuit à dévorer un livre qui prenait la poussière dans les cartons de ma chambre, la lecture étant la seule chose qui me permettait de m'évader de ce monde. J'avais décidé la veille de mettre un pull à manches longues pour pouvoir cacher les cicatrices fraîches de quelques heures.

- Tu es prête ma chérie. me demandait ma mère en ar- rivant dans l'encadrement de la porte de ma chambre. J'esquisse un sourire en finissant de me brosser les cheveux assise sur mon lit.

- Je te dépose à ton lycée et ensuite je file vite au tra- vail, elle continua en s'éloignant dans la cuisine, j'es- saierai d'être là ce soir pour que tu me racontes tout de ta première journée.

Je pris mon sac à main noir qui me servait de sac de cours et referma la porte de ma chambre derrière moi. - C'est parti ? demandait ma mère sans même me re- garder pour voir si j'étais prête.

Je suivis ma mère jusqu'à la voiture, il était huit heures et ma mère était déjà collée à son téléphone.
Je me trouvais devant le lycée, dans la voiture avec ma mère qui tenait à m'accompagner. Tout le trajet, nous l'avions fait en silence.

- Ça va aller ma puce, tu verras, me dit-elle
Je lui répondis avec un petit sourire, loin d'être convaincue, avant de regarder par la vitre les groupes de lycéens qui se trouvaient sur les marches de l'en- trée. Je lâchai un long soupir avant d'enfin sortir de la voiture et de traverser les groupes de personnes, mon cœur battait tellement fort que je n'entendais que lui. Sûr qu'avec mon mètre soixante je passais facilement entre les élèves sans que personne ne se rende compte qu'un nouveau visage se greffait parmi eux. Rentrée dans l'établissement, je me dirigeai vers l'accueil afin de récupérer tout ce dont j'aurais besoin pour mon année de cours et j'attendis patiemment au comptoir

que la femme aux lunettes, débordée par toute la pa- perasse étalée sur son bureau, s'occupât de moi. Après avoir récupéré tous les bouquins nécessaires pour suivre mes cours, je me dirigeai vers mon casier pour poser ceux dont je n'aurais pas besoin pour la mati- née. En le refermant je regardai autour de moi les autres élèves qui étaient, eux, heureux d'être au lycée et d'être en compagnie de leurs amis. Je baissai les yeux et allai vers la salle de mon premier cours de la journée. J'entrai dans la classe quand le professeur m'interpella.

- Tu dois être Alexie Carter, me dit-il, avant de calmer les élèves qui se trouvaient dans la salle.
- Chers élèves, je vous présente Alexie, elle fera main- tenant partie de votre classe, reprit le professeur.

Il se tourna vers moi.
- Tu peux aller t'asseoir où tu veux.
J'inclinai la tête et avançai dans la rangée pour aller m'asseoir au fond de la classe. Personne ne s'intéres- sait à ma venue, ils discutaient tous entre eux ou se lançaient des boulettes de papiers et cela me conve- nait parfaitement. Je sortis mon livre de cours ainsi

que quelques stylos de mon sac, le posai à mes pieds et écoutai le professeur commencer le cours.
La journée passa.
À la sortie du lycée, je sortis mes écouteurs de mon sac et mis la musique de mon téléphone, je vis en même temps que ma mère m'avait envoyé un message me disant qu'elle rentrerait tard à cause d'une réunion interminable, je ne répondis pas et continuai mon chemin. Je ne comprenais pas pourquoi mais je sen- tais qu'un regard était posé sur moi, je scrutais les personnes autour de moi mais aucun d'entre eux n'avais les yeux rivés sur moi. Je préférai laisser tom- ber et je rentrai chez moi à pied.

Arrivée chez moi, j'allai directement dans ma chambre sans même passer par la cuisine, savoir que je passerai la soirée seule m'avait coupé l'appétit. Je m'assis au pied de mon lit en regardant la photo enca- drée de mon père et moi qui se trouvait sur ma table de nuit, des larmes coulèrent sur mes joues.

- Tu me manques Papa, dis-je en caressant de mes doigts la vitre du cadre.
Je séchai mes larmes et fouillai dans le tiroir de la

même table de nuit, je sortis une serviette grise avec une lame cachée dedans, je la pris en main et remontai ma manche. Les cicatrices étaient toujours perpendi- culaires à mon bras mais jamais assez profondes, je n'avais jamais le courage d'aller plus loin. Mais presque tous les soirs j'avais le courage de me faire du mal, de voir le sang couler et d'écouter la musique pour que mes pensées s'évadent, c'était devenu une routine. Après avoir massacré mon bras, je me diri- geai vers la salle de bain pour prendre une douche et nettoyer le sang qui avait séché, je me préparai pour aller au lit et commença un nouveau livre.

Il était minuit, ma mère n'était toujours pas rentrée et ne m'avait pas non plus envoyé de message pour me demander comment s'était passée ma journée. Je posai mon livre sur mon tapis et essayai de m'endormir.

ET SIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant