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J'étais maintenant à mon deuxième jour de cours et personne n'était encore venu me parler, comme si mon arrivée n'avait intrigué personne ce qui ne me déplaisait pas.

La matinée passa et j'allai m'asseoir seule à une table pour lire mon livre, un parmi tant d'autres qui rem- plissaient deux de mes cartons dans ma chambre. C'é- tait l'heure du déjeuner et je voulais en profiter pour m'évader un peu dans une belle histoire d'amour comme je les aime, mais les cris du groupe de garçons qui se trouvaient à la table devant moi m'empêchaient de lire une ligne. Je levais les yeux vers eux quand un autre adolescent arriva à leur table. Je l'avais déjà re- péré, on ne parlait que de lui ici, les filles l'avaient surnommé « le plus beau mec du lycée ».

Et c'est vrai qu'il avait du charme, les yeux marron, le teint mat et un sourire éclatant. Je pouvais com-

prendre que les filles ne voient que par lui. Il devait en faire, des jaloux. Les garçons qui l'entouraient ne pouvaient pas le considérer comme un ami quand ils voyaient comment leurs copines osaient le regarder... J'avais toujours les yeux fixés sur eux quand le regard du garçon se posa sur moi. Je me remis à lire mon livre, j'attendis un peu avant de le regarder à nouveau, mais quand je levai les yeux il était toujours là, à me regarder avec son sourire de tombeur. Je me concen- trai à nouveau sur mon livre quand je sentis qu'il s'approchait de moi.

- Salut ! me dit-il, en s'installant à ma table en face de moi
- Salut... répondis-je, sans même lever les yeux vers lui

- Alexie, c'est ça ?
Je hochai la tête en signe de réponse, il sourit à l'in- différence que je lui manifestais.
- Mais attend, comment connais-tu mon prénom ?
- J'ai dû me renseigner.
Et je reposai mes yeux sur la suite de mon livre.
- Qu'est-ce que tu lis ?

Je ne répondis même pas, je me contentai de lever un peu le bouquin pour qu'il puisse lire le titre.
- Ça a l'air intéressant... me dit-il.
- Ça l'est...

Je remarquai qu'il regardait mon poignet, la manche de mon pull était remontée et il avait vu ce que je me faisais subir, je cachai mes coupures instinctivement.
- C'est quoi ces cicatrices sur ton bras ? me demanda- t-il, curieux

- Rien d'important.
- Tu es sûre ? Ça a l'air grave, continuait-il
Je baissai mon livre et le regardai dans les yeux tout en cachant le plus possible mes bras afin que mes ci- catrices soient toujours dissimulées.
- Tu poses beaucoup de questions, tu ne trouves pas ? - Tu ne vas quand même pas dire que cela te dérange que je m'intéresse à toi ?
- Tu t'intéresses un peu trop à moi, tu ne me connais pas.
- C'est en s'intéressant à la personne qu'on apprend à la connaître, tu ne crois pas ?
- Tu es toujours comme ça ?

- Comme quoi ?
- À avoir réponse à tout ?
- Ça fait partie de mes qualités.
- Et tu en as beaucoup des qualités aussi pourries que celle-ci ? dis-je en souriant.
- Oui, beaucoup d'autres, et tu apprendras à les connaître avec le temps.
- Qui te dit que j'ai envie de les connaître ? Et d'ailleurs qui te dit que j'ai envie de te connaître ? C'est vrai après tout, tu viens vers moi, tu me parles comme si on se connaissait depuis des années, on di- rait un prétentieux qui pense que je suis intéressée par lui, tout ça parce qu'il n'est pas mal et que toutes les filles lui courent après.
- Tu viens de me dire que j'étais pas mal...
- Tu plaisantes, tu n'as retenu que ça dans tout ce que je viens de te dire ?
- Je retiens toujours ce qu'il y a de plus important et, en ce qui me concerne, le plus important dans ton beau discours était que tu as dit que j'étais pas mal, dit-il, tout heureux
Je me suis mise à rire.

- Prétentieux, c'est bien ça, c'est ce qui te qualifie le mieux je trouve, dis-je avant de me remettre dans mon livre.
Il avait sa tête posée sur sa main, il ne me quittait pas des yeux, ce qui me gênait un peu.

- Tu vois les filles là-bas ? dit-il en me montrant du doigt un groupe de filles qui se trouvaient en face de lui.
Je me retournai et les regardai.

- Elles me courent toutes après, me dit-il.
Je me tournai vers lui et le regardai bizarrement.
- Et ? demandai-je, en levant un sourcil
- Et aucune d'entre elles ne m'intéresse, parce que ce sont des clones, elles se ressemblent toutes, avec leurs maquillages, leurs vêtements hors de prix et leurs rires de « pouffes », elles n'intéressent que ces idiots en chaleur, dit-il en montrant du regard un groupe de garçons non loin du groupe de filles.
- Pourquoi tu me dis ça ? demandai-je intriguée.
- Je te dis ça parce que je n'aime pas ce qui n'est pas original.
- Et je peux savoir quel genre de filles est original.

- Les filles comme toi.
Et après cette phrase il me sourit, se leva et repartit à sa table avec ses amis. Je le regardai de loin, cette fois son regard se portait ailleurs, je m'interrogeai sur sa dernière phrase. Faisait-il un jeu avec ses amis pour savoir si je serais sa nouvelle conquête. Ou était-il sincère dans ses paroles ? Je ne savais pas mais en tout cas il ne me laissait pas indifférente c'est sûr, au- cun garçon avant ne m'avait abordé de la sorte et s'était autant intéressé à moi. La cloche sonna le début des cours de l'après-midi, je rangeai mon livre que j'avais à peine lu dans mon sac de cours et me levai de la table pour rejoindre ma salle.
Ma sortie de cours ressembla à celle de la veille, même gestes pour démêler mes écouteurs, le même message reçu de ma mère pour me dire qu'elle sera à nouveau en retard ce soir pour le dîner et donc que j'allais à nouveau passer ma soirée seule. J'eus aussi le même sentiment que quelqu'un me regardait, mais cette fois je ne cherchai pas à savoir qui cela pouvait être et pris mon chemin en écoutant une partie du der- nier album d'un de mes artistes préférés.

ET SIWhere stories live. Discover now