Chapitre 27

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Une fois la porte de l'immeuble fermée, le vent froid de novembre nous fouetta le visage. La nuit, les idées de Ken n'étaient pas souvent les meilleures, mais bon.

-Tu m'amènes où alors?

-Nulle part, on va se promener.

Je le dévisagea. Il m'avait fait sortir pour rien. Juste pour aller se dégourdir les jambes. Quel bel enfoiré. Alors on marcha côte à côte pendant un bon moment jusqu'à ce qu'on arrive sur les quais de Seine où il s'assit sur le rebord, les pieds au dessus de l'eau.

-Tu viens pas? Demanda t-il d'une voix rauque du au froid et les minutes sans conversation avant d'arriver ici.

Je m'assis en tailleur à sa droite, le reflet des lumières dans le fleuve parisien était vraiment magnifique. La tête légèrement posée sur son epaule, je ferma les yeux et me laissa bercer par les bruits nocturnes de la ville. L'eau qui venait s'échouait sur les parois, le ronronnement des moteurs des quelques voitures qui traversaient le pont de la Concorde, la respiration régulière de Ken.

-Tu viens souvent ici? Demandais-je.

-Assez oui, quand j'ai pas d'inspi ou bien quand j'ai du mal à me recentrer sur moi. Ça me fait réfléchir.

-Et tu penses à quoi là ?

-Là maintenant ? À rien en particulier, je me dis qu'il faut que je fasse ma valise et j'essaye de me rappeler où j'ai foutu mes affaires pour rien oublier.

-T'as des problèmes graves dans la vie, Nekfeu. Rigolais-je.

-J't'ai déjà dis de pas m'appeler comme ça, on a déjà passer cette barrière là depuis longtemps. Il regardait le vide devant lui.

-Pas Nekfeu, pas Kenny et puis quoi encore ?

-Je préfère quand mon prénom t'échappe sensuellement des lèvres pendant l'acte.

-T'es trop con. Je le poussa avec mon épaule en rigolant.

-Eh mais c'est vrai! C'est comme ça que je préfère que tu m'appelles. Il se leva et essuya son pantalon.

Je fis de même et le suivi, on traversa le pont et nous arrivâmes devant le portail d'un jardin. Il commença à escalader ce dernier, une fois à califourchon il me tendit la main.

-Ah non c'est pas possible. Je monte pas là moi.

-Mais aller, viens. Il secoua sa main devant mes yeux.

-Ken, tu sais que tu es en train de proposer à une force de l'ordre d'enfreindre la loi?

-Ballec.

Il m'attrapa le bras et me tira avec lui sur le haut de la grille. La rosée qui commençait à tomber rendait l'accroche plus difficile, ce qui ne manqua pas de me faire glisser en descendant.

-Ça va ? Demanda Ken en me rattrapant au dernier moment.

-Oui oui.

-Pas très douée pour une force de l'ordre.

-Elle t'emmerde. Je frotta le bas de mon jean qui avait reçu quelques éclaboussures de boue et me remis à marcher en le laissant me rattraper à petites foulées.

-T'es pas drôle. Il passa son bras autour de mes épaules avant d'embrasser mon front.

On marcha un bon moment encore, les lampadaires donnaient une atmosphère unique à cet instant. Nous étions tout les deux dans un parc illégalement, en pleine nuit, les étoiles se faisaient discrètes à cause de la pollution lumineuse et chimique. Quand un fesseau inhabituel zigzagua en notre direction.

-Qui va là? Entend-on derrière un arbre à un carrefour.

-Donne moi tes mains. Ordonnais-je à Ken.

-Ça va pas vite entre nous? Rigola t-il en me tendant ses poignets.

Je lui lança un regard noir en les  prenant. Un gardien arriva devant nous.

-Qui êtes-vous? Demanda t-il.

-Floriane Pecetta. J'ai été appelé pour cause d'intrusion dans ce parc, je l'ai trouvé et je l'amène au poste du VII ème. Je sortis mon insigne que je gardais tout le temps sur moi.

-Je ne vous ai pas appelé ? Questionna t-il d'un air soucieux.

-Nous avons eu un appel d'un passant.

Il ne posa même pas une question sur notre intrusion et nous fit sortir par une autre porte à l'autre bout du parc.

-On s'en ai pas mal sortis. Ken rigola tant dis que je rangeai mon porte feuille en nous dirigeant vers Rivoli.

-Plus jamais, mais plus jamais je te suis dans tes idées à la con.

-Roh, c'était drôle quand même.

-Non Ken c'est pas drôle du tout. Heureusement que j'avais mon insigne sinon on serait vraiment dans la merde.

-De toute façon, tu prends toujours tout au sérieux.

-Bien sûr! C'est grave ce que tu nous as fais faire. J'aurai jamais du te suivre.

Il ne répondit pas et nous prîmes le chemin du retour vers l'appartement.

-Tu m'en veux? Demanda le grec en me donnant un petit coup d'épaule et cherchant mon regard.

-Oui. Le ton froid que j'avais employé le fit reculer d'un pas.

-Comment je peux me racheter ?

Je ne répondis pas et réitéra son altercation sur mon dos. Il lâcha l'affaire et on rentra dans mon immeuble. J'ôta mon manteau et alla dans la salle de bain pour me préparer à dormir après cette longue journée. Démaquillée, changée et le corps hydraté je répartis à ma chambre où je vis Ken, déjà prêt, penché sur son téléphone. Je me glissa sous la couette dos à lui et éteignit la lampe de chevet sans lui adresser un mot.

-Tu vas bouder longtemps ? Il fit de même et passa doucement l'index de sa main chaude à la naissance de la nuque de mon corps froid.

Je lui répondit par un simple grognement, ce qui n'arrêta pas son geste délicat. Après quelques minutes de détente je me retourna face à lui et passa le revers de ma main froide sur sa joue. La lueur de le lune qui s'echappait dans les failles des vieux volets lui donnait un air angélique. Une fois ses yeux fermés d'apaisement j'embrassa chastement le bout de ses lèvres avant de blottir mon visage dans le creux de son cou. Je sentis les muscles de sa bouche esquisser un sourire en créant une étreinte avec ses bras autour de ma présence qui m'amena dans un des sommeils les plus apaisants.

Fil RougeWhere stories live. Discover now