chapitre 3 : rencontre tumultueuse (partie 4 )

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  Il décida de monter vers Stella, mais cette dernière refusa et recula.

— Viens avec moi princesse, nous devons partir, murmura-t-il.

— Brrrrrrr.........répondit le cheval en se dirigeant vers Khalia.

Faisant face chez le guerrier, elle frappa le sol avec son sabot avant gauche. Elle secoua sa crinière indiquant au guerrier de venir voir sa maîtresse.

— Tu veux que je vienne voir cet homme à terre ? Mais il a l'air mort !

—Brrrrrrrrrrrrrrrrrr.............. fit elle en tapant plus fort sur le sol, semblant acquiescer.

— Ok, ok ! Tu as un sacré caractère Princesse.

Il s'avança vers l'homme à terre et s'accroupit près de lui. Il posa deux doigts sur son cou et lui prit le pouls.

— C'est incroyable ! Il est toujours en vie. Son pouls est faible cependant, il lutte ! Mais ok Princesse, on l'amène. Nous devons nous dépêcher pour partir d'ici ; le reste des brigands ne va pas tarder.

Délicatement, il retourna l'homme. Il le prit dans ses bras. Stella de son côte s'assit sur le sol pour aider le guerrier à mettre sa maîtresse sur son dos.

Une fois Khalia installée, la jument se releva doucement.

Stella indiqua au guerrier de prendre place également sur son dos.

D'un bond, il atterrit sur la selle derrière Khalia. Il passa un bras autour de la taille de la jeune femme.

Stella, alertée par des bruits dans les fourrés, partit au triple galop.

Quelques minutes plus tard, un groupe de cavaliers armés déboula sur le chemin de terre à leur poursuite.

Hurlants, ils levaient épées et sabres. Plus légers que Stella, ils réduisaient l'écart qui les séparait. Sentant le danger se rapprocher, Stella se mit à courir encore plus vite.

Le guerrier tenant fermement le corps de Khalia devant lui lâcha les rênes. Il prit son sabre et donna un premier coup sur l'un des cavaliers qui était désormais à sa hauteur. Tout en continuant leur course, il parvint à trancher la gorge d'un des voyous.

Stella fonça toujours plus vite, droit devant puis elle prit un virage à gauche et s'engagea dans les bois.

Elle sauta une première série de troncs. Le guerrier à plusieurs reprises manqua de tomber, mais il parvint de justesse à rester sur la monture.

Ayant regagné quelques mètres d'avance, le guerrier en profita pour tailler sur leur passage des branches qui volèrent sur les poursuivants les faisant tomber de leurs montures.

Stella s'arrêta si subitement qu'elle faillit en faire tomber les deux cavaliers.

Regardant face à lui le guerrier réalisa qu'il était pris au piège. Devant ses yeux une immense rivière gelée.

Avec la température clémente de ces derniers jours, la glace était plus claire et plus fine par endroits, si bien qu'il pouvait entendre son craquement et voir l'eau qui s'infiltrait par les fissures.

Les bandits toujours plus nombreux se rapprochèrent dangereusement.

Les secondes qui suivirent, ils encerclèrent le jeune guerrier.

—Rend toi ! dit le chef.

— Jamais! Répondit le guerrier et sur ces mots, il s'avança sur la glace avec la jument.

Essayant de fuir le plus rapidement possible, Stella se retrouva bientôt au milieu de la rivière. Perdue son sang-froid cette dernière ne parvint plus à avancer lorsqu'elle sentit ses sabots s'enfoncer dans l'eau.

À leur trousse, les bandits avaient entrepris également la traversée.

— Écoute ma jolie, tout va bien se passer. Il ne nous reste pas beaucoup de chemin à parcourir. Calme toi !"il descendit de la monture et lui caressa le bout du museau.

Lentement, il avança, sonda la glace lorsque, tout à coup, un bruit sourd se fit entendre et le sol commença à se dérober peu à peu sous leurs pieds.

Remontant sur le dos de la jument, le cavalier et son blessé partirent en courant à travers l'étendue glacée.

En l'espace de quelques secondes, la rivière s'anima de ses torrents tumultueux projetant par moments d'immenses blocs de glace.

Dans une dernière manœuvre Stella parvint à prendre son élan et sauta pour atteindre l'autre rive.

Le cœur battant, elle continua à courir sur le sentier. Dans leur dos, les cris de détresse des bandits emportés par les flots résonnèrent comme une musique macabre.

Puis, plus rien, seul le bruit de la rivière, les grondements des derniers blocs continua leur mélodie.

Épuisée par cette course folle, Stella s'arrêta dans une prairie baignée de soleil où elle pouvait brouter l'herbe tendre.

Le guerrier quitta sa monture et entreprit de défaire le chargement de la jument et de soigner l'homme inconscient.

Avec la plus grande précaution, il le descendit de la monture et l'allongea sur le sol. Ce dernier gémit sous l'effet de la douleur.

Il lui glissa sous la nuque un des baluchons et lui releva la tête. Non loin de là, le guerrier vit un petit cours d'eau. Il prit une des gourdes et s'en alla près du ruisseau. Il ramassa également quelques bouts de bois afin de préparer un feu.

Il songea à établir le campement dans cette prairie où tout le monde pourrait enfin se reposer.

  Il inspira une profonde bouffée d'oxygène et soupira. Faisant demi-tour, il retourna près du blessé d'un pas dynamique lorsqu'il vit ce dernier convulser et se cambrer sous l'effet des décharges de douleurs.

Désemparé, il courut vers lui et tenta de le réveiller en le secouant par les épaules.

La situation devenait de plus en plus critique pour Khalia. Elle perdait de plus en plus de sang.

Stella de son coté alarmée par les gémissements de sa maîtresse vint se poser près d'elle.

Dans l'urgence, le guerrier enleva la tunique de l'homme avec précaution afin de ne pas aggraver les blessures.

À mesure qu'il déshabilla, le blessé, les courbes de son corps se dévoilèrent.

Le guerrier distingua la taille fine de l'individu et une poitrine naissante sous les bandages imbibés de sang.

Il sentit une vague de chaleur lui monter au visage et colorer ses joues. Les mains moites, il continua à dénouer les derniers boutons de la tunique mettant à nu tout son buste.

La jument souffla sur le visage du guerrier qui lui répondit légèrement agacé :

— Pas maintenant, ma jolie, j'essaie de soigner ta maîtresse!

Vexée, cette dernière se détourna, mais revint quelques secondes plus tard avec un autre baluchon entre ses gencives.

Le guerrier venait tout juste de découper les dernières bandes qui comprimaient la poitrine de la jeune femme et détourna son visage vers la jument.

— Que m'apportes-tu ?

Surpris par la vivacité et l'intelligence de la jument, il regarda cette dernière, avec ses yeux en amande grands ouverts.

Il remarqua l'impatience de l'animal qui lui secoua le sac de toile devant son visage. Il le prit et regarda à l'intérieur.

Sidéré par le comportement de la jument, il étala le contenu du sac sur l'herbe. Il ouvrit de grands yeux. Bandages, onguents, couteau destiné à l'usage médical, tout un tas de plantes qu'il ne connaissait pas, il avait en sa possession le nécessaire pour faire les premiers soins d'urgence.

Il regardait tour à tour la jument et le baluchon, toujours sous l'effet de surprise, lorsque soudain un râle le sortit de sa rêverie.

Il examina la jeune femme et lui enleva le chapeau qui lui dissimulait le visage. Il fut frappé par la couleur mate de sa peau, ses cheveux noirs, son nez fin et droit et sa bouche rouge et pulpeuse.

C'est vrai qu'elle était très belle quoique atypique par rapport aux femmes de son pays.

Ne se laissant pas submerger par ses émotions, il poursuivit son soin. Par des gestes aussi précis que rapides, il fit plusieurs pressions sur son abdomen permettant d'arrêter l'hémorragie.

Avec précision, il retira le poignard qu'un des bandits avait laissé dans le ventre de la jeune femme.

Il prit un carré de coton qu'il imbiba d'eau et rinça la plaie abdominale.

Il appliqua sur les différentes blessures de l'alcool que la jeune femme gardait dans une petite fiole. Au contact du tissu imbibé d'alcool, la jeune femme se contracta sous la douleur.

Il laissa quelques minutes de repos à la blessée pour qu'elle puisse récupérer de cette première partie des soins. Profitant de cette accalmie, il en profita pour allumer un feu et y fit rougir la lame du couteau qu'il avait trouvé dans le sac de soin de Khalia.

Il jetait de temps en temps un regard vers elle. Comment avait-elle pu survivre au vu de son état général? Un homme classique aurait déjà succombé, songea-t-il.

La lame du couteau rougie par les flammes était enfin prête à l'emploi. Il se saisit du manche et se rapprocha de la blessée.

Il dégagea tous les tissus et compresses qu'il lui avait permis de nettoyer la plaie. Il apposa la lame rougie sur les chairs meurtries afin de cautériser les différentes blessures. Un cri aigu s'échappa de la jeune femme qui était de plus en plus en souffrance.

Le soin terminé, il refit un bandage propre et allongea Khalia sur une natte en bambou.

Le guerrier lui passa une main sur le visage pour retirer les quelques mèches et lui humidifia le front pour lui apporter un peu de fraîcheur et de bien-être.

Épuisée, la jeune femme sombra dans un profond sommeil. Elle était soignée, mais pas encore sortie d'affaire.

Tout en gardant un œil sur elle, le guerrier s'attela à terminer le campement et construire un petit abri qui les protégerait tous deux durant la nuit.

Il fut prêt à la fin du jour.

Ils ne pourraient reprendre la route le lendemain, le guerrier le savait. Il en profiterait pour chasser et également veiller sur cette jeune inconnue. Il ne pouvait l'abandonner.

Seiðkona ( En Réécriture et publication lente)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant