Faiblesse

235 8 18
                                    

  Minuit et demi. Lia guettait chaque minutes, chaque secondes qui défilait, anxieuse et pressée de finir cette tâche ingrate. Elle n'était pas familière avec l'assassinat, d'habitude son travail consistait à récolter des informations ou s'infiltrer dans certaines organisations. L'idée de tuer quelqu'un la répugnait au plus haut point, et même si elle essayait de cacher son dégoût et sa peur, elle savait très bien que Dean était au courant de sa faiblesse. Elle savait aussi que si elle n'exécutait pas les ordres, c'était elle qui allait y passer, alors elle se sentait obligée de le faire, même si ça la rendait malade.

  L'homme qu'elle devait tuer n'allait pas tarder à sortir de l'hôtel en face du bâtiment dans lequel elle se cachait, son arme en main, redoutant le moment fatidique où elle allait appuyer sur la détente. Un petit groupe d'hommes en costume sortit, et elles reconnu les hommes de main de sa victime. Quelques minutes après, le groupe s'était dispersé et le grand brun d'une trentaine d'année qu'elle devait abattre sortit à son tour. Tremblante, Lia n'arrivait pas à stabiliser son arme et avait du mal à bien viser sa cible. Son souffle était de plus en plus saccadé, son pouls s'accéléra et bientôt elle n'entendit plus que les battements de son propre cœur, ce qui lui rappela que celui de l'homme sous ses yeux allait bientôt s'arrêter. Des larmes coulaient sur les joues de Lia, mais elle ne semblait pas les remarquer. Elle réussit tant bien que mal à le viser, mais n'arrivait toujours pas à appuyer sur la détente. Elle prit une grande respiration et au moment où elle allait le faire, un coup de feu provint de derrière elle, et abattit l'homme qu'elle devait tuer. Lia se retourna, surprise et apeurée comme un petit lapin. C'était Yeri, sa carabine sur l'épaule et une pomme dans la bouche.

  Encore sous le choc, Lia ne put rien dire. Elle était soulagée de ne pas avoir eu à tuer cet homme, mais était terrifiée par sa propre sœur, qui venait d'abattre un humain sans la moindre hésitation, avec le même regard profond et glacé que d'habitude. La plus jeune croqua dans sa pomme avant de se diriger vers sa sœur.

- On y va, ses hommes de main ne vont pas tarder, déclara-t-elle comme si tout était normal.

Lia n'étant pas en état de conduire, Benjamin conduisit les deux filles. Dans la voiture, Lia avait enfin calmé ses tremblements et retrouvait peu à peu ses esprits. 

- Comment ça se fait que tu sois intervenue ? demanda-t-elle.

- Je te connais alors j'ai demandé à Benjamin de m'amener. Tu sais que si tu échoues à une mission aussi basique, tu signe ton arrêt de mort mais tu nous met aussi en danger, Raon, Benjamin, Dean et moi. J'ai juste assuré nos arrière, répondit Yeri en jetant son trognon de pomme par la fenêtre.

Lia se sentait honteuse de ne pas y avoir pensé, mais était étonnée par la manière de penser de sa petite sœur, elle n'avait que 17 ans après tout.

- Monsieur Dean n'est pas au courant de l'intervention de votre sœur, mademoiselle Lia, déclara Benjamin, remarquant l'inquiétude de la jeune femme, ce qui la rassura

- En échange, tu vas faire quelque chose pour moi, annonça Yeri, tu vas faire mon travail à ma place puisque j'ai fait le tiens. Raon a trouvé un intrus dans la maison la nuit passée, et l'a mise en cellule. Elle est enfin réveillée, tu t'occuperas de l'interrogatoire.

Lia acquiesçât et fit profil bas le reste du trajet. Elle n'avait pas vraiment le choix, et se sentait nulle par rapport à ses deux sœurs. Ce qu'elle se reprochait, c'était de faire preuve de trop d'humanité, alors qu'en vivant avec Dean et Benjamin elle aurait du tirer un trait dessus. 

  De retour au manoir, elle adressa à peine un regard à ses sœurs et Dean, et s'enferma dans sa chambre. Elle prit soin de s'assurer qu'il n'y ait personne autour et fondit en larmes, en étouffant ses pleurs dans son oreiller. Elle ne devait pas montrer encore une de ses faiblesses. Toujours en pleurant, elle se dirigea vers sa salle de bain et retira ses vêtements. Son regard se porta sur ses cuisses couvertes d'entailles, et sortit une petite lame de son tiroir pour en ajouter de nouvelles. Tracer des lignes rouges sur sa peau blanche l'aidait à expier tout ce qu'elle ressentait. Elle n'avait personne à qui se confier et se sentait si seule. Après s'être blessée plusieurs fois, elle se sentait mieux. Elle passa un coup d'eau sur son visage, mit des vêtements propres et sortit de sa chambre. Elle était prête pour l'interrogatoire.

Killing so goodWhere stories live. Discover now