Je passai plusieurs jours enfermé chez moi, sans oser sortir.
Inutile de dire qu'après la manière dont je m'étais ridiculisé la dernière fois, je n'étais pas particulièrement impatient de recroiser Gabrielle. D'ailleurs, je n'étais même pas sûr qu'elle m'adresse encore la parole après ça.
Cela faisait donc un certain temps que je restais terré dans ma chambre, laissant à mon père le soin de sortir le chien dans le jardin.
Malheureusement pour moi, je n'avais toujours pas fini mon reportage et la rentrée se rapprochait à grands pas. Un après-midi donc, après avoir vérifié par le système de vidéosurveillance que Gabrielle ne s'apprêtait pas à sortir, je pris la direction du parc, la laisse dans une main, la caméra dans l'autre.
Ma petite virée au parc ne fut pas très fructueuse, pour deux raisons : tout d'abord, le parc était relativement vide à cause des vacances, et ensuite, le peu de personne que j'avais rencontré avait passé plus de temps à s'extasier devant le chiot qu'à répondre à mes questions.
J'étais donc là, assis sur un banc et revisionnant les dernières images quand je sentis que mon chien tirait dangereusement sur sa laisse. Sans doute avait-il aperçu une proie ou une jeune et tendre femelle...
– Alors, la Chine, c'était comment ? demanda Gabrielle qui semblait sortir de nul part.
Elle s'assit à côté de moi et je pris soin de garder mon regard fixé sur la caméra.
– J'ai entendu des rumeurs sur de la cuisine chinoise impliquant des chiens, ça m'a un peu refroidi.
Elle resta silencieuse quelques secondes, et je n'osais toujours pas la regarder.
– Vous êtes un étrange garçon, Tristan Delcourt.
– Oh, je ne sais pas si je me qualifierais d'étrange. Je dirais plutôt que je suis un peu con.
Elle rigola quelques secondes avant de s'arrêter brusquement.
– Tu trouves vraiment que je parle trop ?
Je me maudis intérieurement. Comment avais-je pu dire quelque chose d'aussi stupide ?!
– Euh, non, tentai-je d'expliquer en me tortillant sur le banc. Je ne sais pas pourquoi j'ai dis ça, je crois que j'ai juste paniqué, parce que je n'écoutais pas. Mais, hm, faut pas le prendre mal, hein. Je dis des trucs un peu débile parfois, mais ça ne veut pas dire que je le pense.
– Et la remarque sur mes seins, je dois la prendre comment ?
– Euh... Je ne m'aventurerais pas sur ce terrain-là.
– Je crois que c'est la chose la plus sensée que tu aies dite depuis que l'on se connaît.
– Profites-en, ça n'arrive pas souvent. La plupart du temps, je dis juste de la merde.
Gabrielle rigola à ma remarque.
– Et sinon, dit-elle pour changer de sujet, ça avance comment ton reportage ?
Je me décidai finalement à lever un regard vers elle, mais à travers ma caméra seulement.
– Pas trop mal, je manque juste un peu de témoignages. Ma théorie est un peu tombée à l'eau à cause du gros rat qui me sert de chien : apparemment, quand je suis en sa compagnie, peu importe comment je traite les autres, ils sont tous gagas.
– C'est assez embêtant. Mais il te reste encore une personne à interroger dans ce parc, non ?
Gabrielle m'adressa un grand sourire, un de ceux qui faisait apparaître ses fossettes.
VOUS LISEZ
Pourquoi t'es comme ça? [Terminé]
Teen Fiction"Pourquoi t'es comme ça?" Ah, l'éternelle question. Je ne comptais plus le nombre de fois où on me l'avait posée. "Pourquoi t'es comme ça, Tristan ?" "Pourquoi tu n'es pas plus sérieux avec les filles, Tristan ?" "Pourquoi tu refuses de t'accroche...