Chapitre 4: Cache-cache mortel

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    La vision qui s'offrait à moi me donnait envie de vomir, ce que je faillis d'ailleurs faire. Bizarrement, quand c'était dans les films, ça ne me faisait aucun effet, mais maintenant que c'était devant moi, que je le voyais réellement, et que je risquais vraiment de mourir, mon estomac ne semblait pas dans un très bon état. Je ravalais difficilement ma salive et me dis que j'aurais finalement dû rester avec le gars qui se tenait debout dans mon salon. Certes il avait très probablement l'intention de me tuer, mais il me faisait tout de même moins peur. Car devant moi, dans l'obscurité de la cuisine, se tenait Blake. Ses vêtements, que je reconnaissais parfaitement, étaient encore plus déchirés, au point que je pouvais voir des bouts de sa peau blanche en dessous, enfin, je ne voyais pas sa peau à proprement parler, mais simplement un liquide visqueux rouges dégoulinant sur sa peau, sur et sous le tissu. Ses phalanges étaient encore blanches, comme s'il avait tenu quelque chose très fortement. Ses bras étaient mutilés, couverts de plaies plus ou moins profondes, plus ou moins larges, et plus ou moins sanguinolentes. Je ne pouvais pas voir sa tête, cachées par un sac poubelle, mais je n'osais pas imaginer ce qui se cachait sous ce plastique noir, vu le liquide, semblant presque noirâtre dans l'obscurité de la pièce, qui s'écoulait le long de son cou. Son cou, autour duquel était attachée une corde dont l'autre extrémité était reliée à la poutre qui traversait ma cuisine. Ses pieds semblaient flotter dans les airs, étant à environ dix centimètres du sol. Comment avais-je pu ne rien entendre alors que j'étais juste au dessus ?! Ce type dans ma maison voulait bel et bien ma mort.

    Alors que je tentais de retenir les larmes qui me brûlaient les yeux, j'entendis sa voix grave et légèrement déformée par le masque qu'il portait.

  -On va faire un petit jeu, d'accord ?

    Un jeu ? Ce gars était donc vraiment un malade ! Il venait d'ôter la vie de mon baby-sitter et il voulait que je joue avec lui ?! Je ne répondis évidemment pas, et après un long moment de silence de plus en plus oppressant, il finit par se racler la gorge et parler de nouveau.

  -Tu vas jouer ta vie, peut-être que ça te décidera. Si tu joues, tu as une chance, sinon j'entre et tu finiras comme ton petit copain.

  -Qu'est ce que tu attends de moi sale taré ?!

  -On va jouer à cache-cache, c'est très simple. Je vais compter jusqu'à cent, et toi tu vas te cacher. Mais dès que j'arriverai à cent, la chasse sera ouverte.

  -Je veux pas jouer à ton putain de jeu !

  -Bien sûr, il t'est interdit de sortir de la maison. De toute façon la porte d'entrée est verrouillée, alors je t'entendrai si jamais tu essaie tout de même. Tu peux te déplacer si tu le souhaite. De mon côté, je n'ai pas le droit d'allumer les lumières. A cinq heures cinquante-cinq, si tu es encore en vie, tu auras gagné, et tu n'entendras plus jamais parler de moi.

    J'avais beau dire tout ce que je voulais, ce malade continuait de m'expliquer ses règles débiles. J'allais visiblement devoir jouer à son jeu si je voulais sortir d'ici vivante. Des larmes de rage et de tristesse roulaient sur mes joues pâles. De rage contre moi-même, de ne pas l'avoir entendu entrer, de ne pas l'avoir empêché de tuer Blake, et de tristesse car je comprenais qu'avec ce taré j'avais peu de chances de ressortir vivante de cet enfer. Je l'entendais déjà commencer à compter, très lentement, ce qui provoquait des frissons dans toute ma colonne vertébrale. Il semblait s'être mis dans un coin du salon. Un, deux, trois, quatre, cinq. Au moins je voyais qu'il respectait ses règles. J'avais donc une maigre chance de m'en sortir. Cela devait être bien plus amusant pour lui. Sentir la peur de sa victime, son cœur battant la chamade chaque fois qu'il faisait un pas de plus dans sa direction, voir ses larmes de terreur couler jusqu'à former un sillon sur ses joues, entendre ses cris tremblants le suppliant de la laisser en vie. J'essuyai nerveusement mes larmes en oubliant ces idées et me relevai, serrant toujours mon poignard contre ma poitrine. Il voulait jouer ? Alors on allait jouer.

    Six, sept, huit, neuf, dix. J'ouvris tout doucement la porte de la cuisine et observai le couloir menant au salon. Personne. J'avançai donc jusqu'au salon, et je le vis, ou plutôt je le distinguai dans un coin du salon comme je l'avais deviné, grâce à la lueur de la télé, qui diffusait à présent les informations. J'hésitai quelques secondes à m'approcher par derrière et à lui enfoncer la lame de mon arme dans la gorge, mais la vue du coupe-boulons qu'il tenait encore, traînant sur le parquet en se balançant au rythme de son décompte, tout en produisant un bruit des plus stressants, me découragea bien vite. Ce malade pourrait facilement se retourner et me tuer tout de suite. Onze, douze, treize, quatorze, quinze. Je regardai vite autour de moi pour trouver la cachette la plus sûre. Je vis l'escalier menant à l'étage, mais c'était trop dangereux maintenant. Il entendrait mes pas, et saurait immédiatement où je me trouvais. Dans le petit coin salle à manger, il n'y avait pas vraiment de cachette, et pareil pour le salon. J'étais assez fine pour me glisser dans l'un des placards de la cuisine, mais ce serait sûrement le premier endroit qu'il irait fouiller. Seize, dix-sept, dix-huit, dix-neuf, vingt. Le temps me manquerait bientôt, pas le temps de réfléchir. Les toilettes, même pas la peine d'y penser. Il ne me restait que le garage. Après tout, il m'avait interdit de sortir, mais me cacher dans le garage, ça il ne me l'avait pas interdit. Je repartis donc dans le couloir, le traversai à pas de loup, et ouvris la porte du garage sans faire de bruit. Vingt-et-un, vingt-deux, vingt-trois, vingt-quatre, vingt-cinq. Pour mon plus grand malheur, celle-ci émit tout de même un léger grincement. Tant pis, je n'avais plus le temps de changer d'idée. Je refermai la porte derrière moi, et regardai tout autour de moi. La seule cachette que je voyais, qui soit efficace, mais qui me permette également de sortir rapidement en cas de problème, c'était derrière la voiture de ma mère. Mes parents étaient partis avec celle de mon père, mais celle de ma mère restait presque tout le temps à l'abri dans le garage. Je m'y accroupis donc, juste à côté des roues de la voiture pour qu'il ne voit pas mes pieds en regardant dessous, et patientai donc ainsi un petit bout de temps. Je n'entendais plus sa voix, et je ne savais donc pas à combien il pouvait en être.

    Après un certain temps qui me parut durer une éternité, je finis par de nouveau l'entendre. Rien que le son de sa voix me faisait à présent frissonner. Probablement parce que je savais que ce serait la dernière voix que j'entendrais dans ma courte vie. Il semblait avoir haussé la voix, et être en mouvement. Quatre-vingt-dix-huit, quatre-vingt-dix-neuf, cent. La chasse était ouverte...


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Merci d'avoir lu, j'ai essayé d'écrire un chapitre un peu plus long, mais comme ce sera une histoire courte, c'est compliqué de le faire sans dévoiler de détails pour la suite de l'histoire ^^'

Comme d'hab, n'hésitez à commenter pour me donner des conseils ou des avis, et à voter ^^

Le Baby-Sitter Where stories live. Discover now