Chapitre 14 : Tensions

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Je fais comme si la révélation ne me faisait rien, et j'attends quelques minutes avant de trouver une excuse pour m'en aller. Juste avant de partir, je me tourne vers Jordan.

« Tu feras attention, tu as encore du Nutella. »

Je lis dans son regard qu'il est désolé, mais je n'y fais pas attention. Je vais faire un tour du côté des box. Ça ferait du bien à Vivaldi de marcher un peu, de sortir du box démontable dans lequel il meurt de chaud, alors je lui mets son filet et je monte à cru dessus.

Je ne sais pas quoi penser de ce que j'ai entendu. Je ne devrais pas en vouloir à Jordan. Après tout, il ne s'est jamais rien passé entre nous, la seule fois où on s'est embrassés, c'était sous le contrôle de l'alcool et d'un pari, dont il n'est toujours pas au courant d'ailleurs. Il croit toujours que je l'ai embrassé parce que j'en avais envie.

Enfin, ça n'a pas d'importance puisque je ne suis que la fille de son patron.

Monter Vivaldi à cru me détend. Je sens tous ses muscles en action. Je l'emmène au gué pour qu'il se rafraîchisse. Les pauvres, passer la journée dans les box à crever de chaud, ce n'est pas ce qu'il y a de plus agréable. Je sortirais peut-être Tahoma plus tard dans la journée si j'ai le temps.

Je croise deux filles à cheval elles aussi, qui doivent avoir mon âge, et qui me demandent si je suis bien Camille Nolan. Elles sont super gentilles, mais pas non plus fans sans tête. Au contraire, j'ai une vraie discussion avec elles. Les deux s'intéressent à Vivaldi, mais me demandent aussi depuis combien de temps j'ai Tahoma. La conversation dure bien un bon quart d'heure. Vivaldi est content, il s'est trouvé deux nouvelles copines. Comme c'est un hongre, elles n'ont rien à craindre de lui.

Elles demandent à une de leurs amies avec un appareil photo de nous prendre en photo toutes les trois, et elles finissent par s'en aller. Cette rencontre m'aura fait un grand bien. On a fait un snap toutes les trois avec mon téléphone, que j'ai mis dans ma story. Je sais que ça leur fera plaisir.

Détendue, je ramène Vivaldi à son box. Je m'occupe de mes deux autres poneys, je les emmène à la douche à défaut de les emmener se baigner. Je défais tous les pions de tout le monde, et je natte à nouveau. Tout s'était desserré, ça n'aurait pas tenu jusqu'au lendemain. Passer du temps avec mes poneys me détend. Je nourris tout le monde à 19h, et toujours aucun signe de Jordan. Qu'il crève.

Je vais à la douche, je nous prépare même rapidement à manger. Rien d'extravagant, des pâtes au saumon. Il est 20h30 quand je me mets à table, devant le camion. J'ai sorti la table de camping pour pouvoir manger dehors plutôt que d'être enfermée dans le home car.

Quand je commence à manger, Jordan se décide à rappliquer.

« Désolé, je n'ai pas vu l'heure, et... »

Je ne le regarde même pas. Je suis vexée, et il va s'en mordre les doigts. Je mange en silence. Il s'arrête de parler, conscient que ça ne sert à rien. Je finis mon assiette et je vais la jeter. Le bonheur des assiettes en carton. Je ressors, et Jordan est en train de manger. Si je ne me retenais pas, je lui mettrais la tête dans l'assiette, juste pour qu'il comprenne ce que ça fait de se foutre de ma gueule.

Sa simple présence m'énerve, alors je me décide à aller faire un tour.

« Tu vas où ? »

Je me retourne. J'ai rarement été aussi énervée pour si peu. J'ouvre la bouche pour parler, mais je me ravise et je m'en vais. J'appelle Charline en partant, je lui demande de me rejoindre. On se donne rendez-vous au début des box verts. Quand elle arrive, on va s'asseoir sur un des troncs qui limitent l'allée, et je lui raconte tout.

A poneyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant