Chapitre 7 : Les Attentions d'un Majordome

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Bien évidemment, elle n'avait pas pu se détendre de l'après-midi. Monsieur Justin, au lieu de lui faire sa crise de jalousie, l'avait empêché de sauter dans le premier train pour repartir dans le sud. Complètement paniquée, la jeune femme dut se rendre à l'évidence : quelqu'un d'autre devait chercher Armand.

Le plus simple eut été d'appeler la police.

Néanmoins, elle n'était pas certaine de pouvoir leur faire confiance, la majorité d'entre eux étant humains. Non, il fallait passer par quelqu'un d'autre. Une partie de sa famille très efficace.

-Tu n'aurais pas dû les appeler, soupira Justin, dans le carrosse.

Dans ce véhicule aux couleurs des d'Isria, Isabelle était parvenue à faire passer la traine de sa robe de soirée. D'un bleu rehaussant la couleur de sa peau, elle ceignait sa taille de façon rapprochée. Un peu trop, peut-être. Si elle mangeait, elle craignait que les coutures ne craquent. Justin, lui, avait son charme habituel. Les jambes négligemment croisées, il l'observait de ses yeux bleus perçants.

-Tu ne les aimes pas, je sais. Mais ils sont redoutables.

-Et ils n'aiment pas les gens de mon espèce. Depuis l'échange d'otages, ils n'ont plus mis un pied sur les terres d'Isria.

Hum. La pointe de colère dans sa voix, elle ne savait pas exactement envers qui elle était dirigée. Après tout, Justin avait tous les droits d'être en colère. Car il était un enfant des vampires, un petit garçon lorsqu'il avait été « donné » à sa famille, afin d'apaiser les tensions. Un petit garçon aux crocs piquants, qui s'était vu devenir majordome de la petite dernière des d'Isria.

-Ils ne te toucheront pas, Justin. Je ne le permettrais pas.

Il bougonna en reportant son attention sur l'extérieur. Bon. Il avait sa tête des mauvais jours. Malheureusement, elle aussi.

-Quoi ? cingla-t-elle. Tu es fâché ? Tu m'en veux pour une chose dont je ne suis pas responsable ?

-Isabelle...

-Je te l'ai déjà dit : si tu n'es pas content de ton sort, va-t'en.

Lentement, il reporta son attention sur la jeune femme. Sans se laisser démonter par son regard glacial, elle continua d'une voix tranchante.

-Tu es libre depuis l'instant où mon père est mort, Justin. C'est toi qui as refusé de me quitter. Alors soit tu cesses de m'en vouloir pour cette histoire d'otage, soit tu t'en vas.

Il y eut un petit silence, uniquement perturbé par les cahots du carrosse. Au-delà des portes de bois, la vie battait son plein dans Paris. Ce quartier chaud était le plus vivant dans la nuit...

-Comment peux-tu dire cela aussi froidement ? Tu sais très bien pourquoi je suis resté, Isabelle !

Quittant la banquette d'en face, il s'agenouilla dans le faible espace entre les sièges. Les mains dans les siennes, la jeune s'en voulut un tantinet de sa réaction.

-Je t'aime, Isabelle. C'est pour cela que je reste ton majordome. Je serais prêt à être ton esclave si cela me permettait d'être à tes côtés...

Leur baiser fut doux. Il parvint même à lui arracher un sourire, en dépit du désastre de la situation.

-Désolée. Je crois que l'anxiété me fait avoir des sautes d'humeur.

La Marquise SanglanteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant