Chapitre 9 : Un Entretien Musclé

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Béatrix s'échoua sur les pavés humides de Paris, sous une pluie battante. Trempée jusqu'aux os, Isabelle arma le chien de son pistolet. Abritée sous le parapluie tenu par monsieur Justin, elle ne s'inquiétait pas de mouiller la poudre.

Le regard qu'elle posa sur la pouliche de luxe n'avait rien d'engageant. L'intermédiaire des voleurs se recroquevilla avec un sanglot à briser un cœur plus tendre. La Marquise Sanglante ne s'en laissa pas compter.

-Je veux savoir pour qui tu travailles, fit-elle d'une voix dangereusement calme.

-Je ne sais pas, couina l'autre. Je vous en supplie.

-Tu dois bien connaitre un nom. Un visage, n'importe quoi ! Dis-moi pour qui tu travailles ! -Je vous jure que je ne sais rien... Je ne suis qu'une pauvre fille de cabaret ! Je ne sais rien !

-Ton patron à voler les plans d'une arme qu'il vient d'utiliser contre moi ! Contre des individus qui me sont proches ! Parle, ou je te fais sauter la rotule.

Les joues baignées de larmes, Béatrix se tint le genou par réflexe.

-Un...

-Non !

-Deux...

-Je...

-Trois.

Isabelle appuya sur la détente. Le coup partit, mais rata sa cible, et de loin. La balle partit dans le mur de droite, pour la bonne et simple raison qu'un malandrin venait de dévier sa main ! Stupéfaite, elle découvrit Lysandre, dont les yeux la clouèrent sur place. Bon sang de bonsoir ! Il l'avait suivi !

-Ne touchez pas à mademoiselle d'Isria, siffla monsieur Justin en tirant une dague.

-Toi, le suceur de sang, la ferme, cingla le commissaire. Quand ton patron est sur le point de commettre un crime, tu es censé l'en empêcher !

-Cette femme a des informations, Lysandre, et même toi tu n'as pas le droit de m'arrêter.

Ils s'affrontèrent du regard, sans qu'il ne lâche sa main. De l'autre, elle fit signe à son majordome de ne pas bouger.

-Cette femme ne sait rien, Isabelle.

-En es-tu certain ? Parce qu'elle a été l'intermédiaire dans une transaction suspecte avec Damor, que l'arme dont on m'a volé les plans vient d'exploser devant chez toi, et que cela pourrait me conduire jusqu'aux responsables de l'état de mon frère !

Malgré elle, elle avait quasiment hurlé ces derniers mots. Elle espéra ne pas y avoir fait percer les notes de désespoir qui vrillaient son cœur. Seule sa détermination devait être visible. Froide, implacable.

-Ils ne peuvent pas être les responsables, gronda Lysandre. Car ce sont des humains qui nous ont attaqués ! Ce sont des humains qui ont le plan de ta machine infernale, Isabelle !

*

Debout devant le feu de cheminée de sa chambre, elle était incapable de s'endormir. Les pièces s'assemblaient et s'entrechoquaient dans son esprit, sans qu'elle ne parvienne à en faire quelque chose de cohérent.

Pourtant, un point était clair : des humains lui avaient volé les plans.

Mais alors, comment auraient-ils pu transformer Armand en vampire ? C'était impossible. Y en aurait-il eu un parmi eux ? Dans ce cas, pourquoi attaquer le Commissariat avec l'arme ?

La Marquise SanglanteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant