La mineur, sol, do

Chapitre 4 : révélations

J'ai été occupé toute la semaine, à finir de préparer mes affaires pour Paris, à régler tous les derniers détails administratifs pour mon entrée à l'université. Ce soir, c'est la fête de Juliette, et le dernier soir de Malo en France avant qu'il ne reparte en Angleterre. Malo a demandé à ma soeur d'aller me chercher un cadeau pour aller à Paris. Pendant ce temps-là, tous les amis de Juliette, notre famille et quelques amis proches de ma mère arrivent. Quelqu'un sonne à la porte et je vais ouvrir. Je croyais que tout le monde était arrivé, et Juliette ne va pas tarder à arriver. Je tombe nez à nez avec un homme, qui a l'air d'avoir la cinquantaine.

_ Bonsoir, Léonie ? Dit-il , avec un accent américain

_ Oui, vous êtes? Attendez je vais chercher ma mère.

Maman est dans la cuisine, en train de découper des tranches de pastèque.

_ Il y a un homme à la porte, sûrement une livraison pour l'usine.Il a un accent américain. Je pense que c'est un investisseur.

_ Dis-lui que j'arrive, j'essuie mes mains.

Je retourne dans le hall d'entrée, ma mère sur les talons. Quand elle voit l'homme, son visage change littéralement d'expression, et elle pousse un cri . Elle devient toute pâle, et elle est obligée de s'asseoir sur les marches de l'escalier.

_ Maman, qui-est ce ?

_ Léonie, retourne voir Étienne, tout de suite.

Pour que ma mère me dise ça, sur ce ton-là, c'est qu'elle connaît cette personne et qu'elle nous cache quelque chose. Malo m'envoie un message et me dit qu'ils arrivent dans cinq minutes. Je vais faire comme si de rien n'était.

Tout le monde attend le retour de ma soeur dans la dépendance. J'ai éteint les lumières, et tout le monde s'accroupit. Quand elle rentre dans la pièce, on se relève d'un coup et on crie "SURPRISE"!

Juliette fond en larme de joie. Je suis contente que ça lui fasse plaisir. Une fois les cadeaux ouverts et le gâteau mangé, Malo et moi allons dans ma chambre.Il commence par m'embrasser dans le cou, puis descend sur mon ventre. Je rigole, je suis chatouilleuse. Je passe la nuit entière dans ses bras.Il va vraiment me manquer à Paris. Le lendemain matin , quand je me réveille, je tâte le lit pour trouver le corps de Malo. Il n'est plus là. Une lettre est sur l'oreiller, et sur mon bureau, je vois qu'il y a un plateau avec mon petit déjeuner. J'ouvre la lettre et je lis:

Excuses-moi d'être parti si tôt, mais je dois rentrer. Mon vol est à 11h45. Je te promets que je t'appelle en arrivant. J'espère que tu t'intégreras bien à Paris . Fais gaffe à Gabin. Bisous mon amour , je t'aime. Malo

Sa lettre me donne le sourire. En descendant dans la cuisine, je vois ma mère qui est avachit dans le canapé.

_ Maman, il faut que l'on parle.

_ De quoi ?

_ Du mec qui s'est pointé hier soir à notre porte.

_ Assieds-toi s'il te plaît. Je vais tout t'expliquer, mais promets-moi de ne rien dire, enfin pas tout de suite à Juliette et Étienne.

_ Promis.

_ Cet homme, je l'ai rencontrée à la fac de droit, avant de connaître ton père. Sa mère était française, mais elle c'était mariée avec un soldat américain après la Seconde Guerre mondiale. Nous sommes sortis ensemble pendant un an. Puis il y a eu ton père. Je l'aimais tellement. Deux semaines avant que l'on se marie , il m'a trompée avec une femme qu'il a connu lors d'un de ces voyages en Inde, pour le thé. J'étais désemparée, et j'ai revu cet homme . Je l'ai revu une nuit, et il m'a tout fait oublier. Neuf mois plus tard, tu es arrivée. Une beauté, une pure merveille. Tu avais des magnifiques yeux bleus. Tu...

_ Personne dans la famille n'a des yeux bleus. Maman, je crois que j'ai compris: l'américain est mon père.

Je commence à m'énerver.

_ Papa était-il au courant ou tu ne lui as rien dis ? Est-ce-qu'il est mort sans le savoir ?

Maman hocha alors silencieusement la tête. La garce.

_ Je ne sais pas quoi te dire, dit-elle, mais je ne savais pas comment lui dire. Il m'avait trompée aussi.

_ Et tu crois que c'était l'excuse pour faire un gosse dans son dos. Un enfant qu'il a aimé, et a qui il a offert des cadeaux. Et cet enfant étais même pas le sien! Tu sais quoi , tu me dégoûtes. Je pars demain à Paris. Et bien sûr je vais tout dire à Étienne et Juliette, ce midi au repas.

_ Non, ne fais pas ça , je te laisserai pas détruire cette famille. C'est à moi de leur dire.

_ Détruire cette famille ? Mais toi tu as détruit la vie d'un homme qui t'aimais , et tu as menti à ton mari, à tes enfants, à ta famille. Laisse-moi rire. Je pars demain.