5 - Robin

738 39 72
                                    

 J'étouffai un bâillement ; c'était long et épuisant. Ma nuit de sommeil n'avait pas été complète et ce fichu chariot tardait à arriver. Allions-nous devoir passer notre nuit ici ? Il devait déjà être seize heure, et être plié en deux, mais prêt à sortir de ce buisson dans lequel j'étais était inconfortable.

En même temps que Will chassait, que Much travaillait, nous, le reste de la bande à l'exception d'Allan qui faisait du repérage à Nottingham, nous volions, du moins attendions ce chariot qui devait passer par la route royale. C'était les taxes de ce mois-ci, que nous devions emprunter sans le rendre et le distribuer à Nottingham.

Cependant, j'ignorai si c'était les soldats qui avaient un sérieux problème d'heure, ou si tout simplement nous nous étions fait piéger, mais il n'y avait pas un seul bruit de chevaux ou de roue sur le sol à des kilomètres à la ronde.

J'en avais tellement marre, que j'allais me lever dans trois secondes, malgré les futures protestations de mes compagnons. D'ailleurs, ces derniers me virent prendre mon arc, ce qui fit bouger les arbustes dans le fossé. Je m'apprêtai à me mettre sur mes pieds mais le doux hennissement d'un cheval résonna à mes oreilles comme la voix d'un ange.

Je me replaçai vivement et ne bougeai pas d'un poil le temps que le cortège arrivât. Très vite, je vis ce qui avait été annoncé. Deux gardes à l'avant, un autre à côté du conducteur, et deux derniers à l'arrière, tous armés jusqu'au dents. Le coup serait facile ; nous étions une vingtaine et préparés en cas de piège. Seul cinq iraient à la vue des gardes et les immobiliseraient. Les quinze autres seraient en renfort.

Je croisai le regard de Petit Jean qui hocha la tête. C'était le moment. Comme un seul homme, Jean, Richard, deux autres hommes et moi-même surgîmes de la brousse. Mon arc bandé, je relâchai une flèche qui se figea dans la cuisse d'un des gardes à l'avant. Je grimaçai, j'avais raté mon coup. Il tomba au sol et Jean le tua rapidement. J'avançai en même temps que je tirais. Le deuxième garde rejoignit rapidement son compagnon mais les trois autres se battaient déjà. Jean en avait un, Richard un autre aidé d'un des deux hommes nous accompagnant, et le dernier était tenu en joue par notre dernier compagnon et moi-même.

Ils furent tous facilement maîtrisé et surveillés pour éviter d'ôter une autre vie. Comme il n'y eut aucun piège, tout le monde sortit et se précipita sur les coffres qu'ils fouillèrent avec envie. Je les rejoignis mais ne me préoccupais pas de l'argent. Le cocher face à moi, je lui demandai aimablement de descendre et de saluer le shérif de ma part et de lui transmettre tous mes vœux de santé et de bonheur. Effrayé, le cocher descendit à reculons, sans me lâcher du regard. Il faillit tomber et j'eus le réflexe de m'approcher ce qui le fit détaler en courant, la queue entre les jambes.

Sa réaction fit rire mes hommes qui s'en donnèrent à cœur joie. Je grimpai ensuite à l'avant et sifflai pour qu'ils montassent ce qu'ils firent. Nous prîmes ainsi la direction opposée à Londres : Sherwood. Une fois arrivés au camp, nous eûmes droit à l'habituel acclamation suite à notre victoire. C'était un autre bâton dans les roues du shérif de Nottingham. Une autre victoire à notre actif, mais ce n'était plus suffisant.

Le shérif passait à la vitesse supérieure, je devais en faire de même. Je ne pouvais plus me contenter de vol sur le chariot, premièrement, cela risquait de se retourner contre nous, secondement, ce n'était pas assez rapide pour suivre la cadence du shérif et couvrir les besoin des habitants de Nottingham.

Nous allions devoir s'en prendre à la source : le château du shérif.

J'en fis part à mes compagnons le soir-même, qui furent tous d'accord pour le faire, seul Allan opposa une condition :

- Il ne faudrait pas attendre le départ de Lady Marianne auparavant ? Elle rentre à Londres dans quelques jours, voire semaines. Et avec le temps de préparation...

Robin des BoisWhere stories live. Discover now