64 - Marianne

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Horrifiée, je regardai impuissant le shérif brutaliser cette pauvre femme accusée d'aider Robin des Bois. Coups sur coups, le shérif hurlait qu'elle avouât. À ses yeux, elle devait avouer ; elle était coupable. Mais coupable de quoi ? D'essayer de nourrir sa famille ? De protéger ses enfants ? D'utiliser tous les moyens possibles pour cela et que le meilleur moyen était Robin ? Ce n'était en rien un crime... elle était victime. Et, au pire des cas, elle ne s'aidait que des « méfaits » du célèbre hors-la-loi.

Dégoûtée de cet homme, je rebroussai vivement chemin, n'ayant faire des vains appels des gardes qui étaient censés me faire rester près du shérif. Ce fils de Malfé avait voulu, délibérément, que je reste avec lui pour « voir la pourriture de ce bas-monde ». Depuis ces quatre derniers mois après mon mariage avec Robin, il m'avait faite rapidement descendre de ce merveilleux petit nuage. Depuis ces quatre derniers mois, il me traînait avec lui pour que je l'assiste dans ces interrogatoires à domicile et musclé.

Depuis ces quatre derniers mois, il cherchait sans relâche n'importe qui qui avait un quelconque lien avec Robin des Bois. Les cellules étaient plus remplies que les rues qui mourraient à petit feu. Les actions du voleur ne suffisaient plus ; l'argent volé et les vivres distribués peinaient désormais à assurer la survie de Nottingham et de ses alentours.

- Marianne ! rugit-il. Revenez-ici !

Il pouvait rêver ! Et encore ! Même dans ses rêves les plus fous, je ne cautionnerais pas et participerais encore moins à cette infamie. Si je ne pouvais agir pour les aider, je préférais partir et prier que la situation soit rapidement résolu.

Le shérif ne pouvait plus rester au pouvoir. Il toquait à chaque porte, et si les personnes y habitant ne répondaient pas dans la minute, ils étaient arrêtés pour tentative d'entrave à la loi. Leur domicile était retourné, pour trouver une trace inexistante des rebelles. S'ils réussissaient à ouvrir à temps, ils devaient payer une taxe qui était pour soit disant cotiser la guerre du roi Jean contre les barons. S'ils ne pouvaient pas payer, les geôles étaient leur nouvelle maison.

J'étais dégoûtée, honteuse de ne pas avoir le pouvoir de les aider.

Je continuai de marcher, droit devant moi, décidée à rentrer au château, mais une poigne forte me retourna.

- Vous. Restez. Ici. siffla-t-il.

- Non, crachai-je. Ces pauvres gens n'y sont pour rien ! Ils ne sont pas coupables et vous les enfermez sans aucun motif valable !

- Ils nous cachent les hors-la-loi, ils complotent dans mon dos. Ils attentent à la couronne d'Angleterre, de votre oncle ! Ils sont avec Robin des Bois !

Il était paranoïaque, ses yeux transmettaient toute cette folie. Je secouai doucement la tête, désolée.

- Robin des Bois doit mourir, répéta-t-il plusieurs fois.

Mon cœur rata un battement. Je tentai de faire bonne figure pour qu'il ne se doutât de rien, mais je mourrais d'envie de courir jusqu'au camp et de le supplier de faire attention.

- Non... vous faites erreur. Ils vous sont loyaux, baragouinai-je en référence aux habitants de Nottingham.

Certes, c'était un horrible mensonge, mais s'il y croyait, peut-être qu'il les laisserait en paix.

- Vous êtes de leur côté... souffla-t-il. Vous m'avez trahi !

- Pardon ? m'exclamai-je en tentant de calmer les battements frénétiques et peureux de mon cœur. Vous vous gaussez, je suis votre...

- Vous m'avez trahi ! s'exclama-t-il. Vous êtes des leurs !

La lueur folle dans ses prunelles, l'odeur d'alcool émanant de son souffle, me firent soulever les jupes de ma robe et courir à toute allure vers le château. Le shérif tenta de m'attraper, sûrement pour m'arrêter ou autre chose pas des plus joyeuses, mais heureusement, les gardes intervinrent pour le maîtriser et le calmer.

Robin des Boisحيث تعيش القصص. اكتشف الآن