Jour 2 : l'acclimatation

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Je suis rentrée chez moi.
J'ai sortie la plante verte de mon sac
et je l'ai posé sur la table,
Face à moi.
elle avait l'air démunie.
J'ai tout de suite aimée la vulnérabilité un peu à fleur de peau
[tout jeu de mot serait fortuit]
Qui s'émanait de
son corps épineux


Très vite s'est posée la question de l'emplacement.
Face à ce choix cornélien
entre les quartes coins
de mon appartement étroit,
j'ai préféré la laisser là,
plantée au milieu de la table.

Et maintenant ?

Que fait-on ?

On fait connaissance ?

Hein, tu veux ?

C'est ce qu'on doit faire.

Je crois...

J'ai pris pour de la timidité cette réponse dissimulée.

15h32 - je décidée de retourner à la jardinerie. Parce que c'est un lieu
propice à la réflexion et qu'il pourrait me permettre de mieux comprendre
la plante.

Alors j'ai repensé à ce vendeur
et je me suis arrêtée
j'avais vaguement abordé avec lui
mon projet d'expérimentation.

Peu importe.

15h56 - Je sors de chez moi, j'attend.
Je regarde :
un homme aux mains sales qui fume une cigarette sur le palier,
une femme en robe qui replie
son parapluie,
une gamine haletante
aux genoux qui rentre,
et je regarde cette dernière s'en aller, nostalgique d'une enfance que je n'ai pas connu.
hésitant entre l'envie de retourner à l'état de fœtus et ce sentiment d'avoir grandie trop tard.
J'étais une gamine avec un cœur déjà endurci.

Je rentre finalement
Ouh c'est nul !
Oui.
Je sais.
Je le sais très bien
Mais c'est au dessus de mes forces.

Alors je prend la plante verte qui est
désormais ma seule amie;
je la dépose sur le sol
et m'allonge à ses côté.

Au début je reste silencieuse
puis je lui parle un peu
je pleure aussi.
Et je m'endors
au bout d'un moment,
fatiguée des émotions qui m'habitent.

Le pot de fleurWhere stories live. Discover now