Jour 7 : les graines

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Repenser à eux
avait ouvert la cage
des sentiments enfouies

Et le soir je n'étais plus
seule, j'avais avec moi tous
les fantômes du souvenir.

Ce n'était pas désagréable
c'était fort c'est tout.

Pour la première fois
je me suis vue de l'extérieur

et j'ai vu un pull
qui est trop passé à la machine

Je suis un pull délavé.

qui vit dans un abris

un appartement blanc immaculé
ne renfermant que les choses
utiles et hygiéniques.

Je ne bronche pas

j'attend c'est tout

j'attend

le bon moment, les bonnes personnes,
d'être plus douée, d'être plus éloquente, d'être mieux toujours.

Je ne veux pas me frotter aux autres.
En tout cas je ne veux pas me frotter
à n'importe qui.

Et puis si je les trouve
ces bohémiens,
ces marginaux peut-être,
ces êtres VIVANTS

alors comment sauront-ils
que ma place est là
comment je leur dirais ?

Et sans doute le doute de soi
s'immiscera entre nous
avant d'avoir eu le temps
de créer des liens.

Mais pour la première fois
ça me fait moins mal
d'y penser


11h26 - J'arrose la plante

et j'ai envie de graines
et de faire de mes balconnières
Des endroits sacrés
où poussent des fleurs sauvages

Je vais sur le site de la jardinerie
et je regarde les différents
types de fleurs.

Fleurs des champs
Fleurs des bois
Fleurs bleues
Fleurs du froid

Les noms dissimulent mal
leur étymologie latine,
défilent au fur et à mesure
et je les récite dans ma tête
comme un long mantra

Je me décide

j'ai mis dans mon panier
des fleurs fraîches
dans les tons rosés
des Ibéris amer,
des bleuets

Un pot de lavande aussi
pour l'espoir
de la camomille
et quelques plantes médicinales
ne sait-on jamais

La commande passée
je m'assois au côté de la plante verte,
prenant un bain de soleil sur le rebord
de la fenêtre et je sens mon âme fleurir

Le pot de fleurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant