À la douceur de vivre...

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Les lumières vives de la ville nous illuminent alors que je parcours les derniers kilomètres qui nous séparent de l'adresse indiquée par Nathan.
Il m'avait transmis l'information par téléphone, lors d'un appel que j'avais fait d'une cabine téléphonique. Avec une technique bien précise, car j'étais on ne peut plus prudent et je lui avais demandé d'utiliser nos procédés des forces spéciales et non de divulguer l'adresse clairement dans la conversation. Il m'avait ainsi indiqué l'information par code avec cette phrase:
« Je pars en vacances en Virginie. Pendant 3 mois. C'est mon vieil ami Blaine qui m'a invité, tu sais celui qui gère l'épicerie de quartier ».
Quelques mots qui semblent anodins au premier abord, mais c'était une technique qu'on utilisait sur les missions pour communiquer les lieux des opérations. Le premier mot correspondait toujours au nom de la rue. Le deuxième chiffre le numéro. Et la troisième information précisait la région ou la ville.
Dans le cas précis, j'avais ainsi pu déterminer que ma destination finale était le n°90 Virginia Street. La dernière information était moins évidente, je savais que nous étions à Seattle. Mais au bout de quelques secondes me rappelant le mot quartier dans la phrase, j'ai très vite supposé qu'il s'agissait d'un indice sur le quartier. Un indice contenu dans le mot Blaine....B comme Blaine....et B comme Belltown. J'avais ainsi mon adresse complète : 90 Virginia Street dans Belltown à Seattle. Un mini plan de Seattle que j'avais dans le chalet m'avait permis de confirmer l'exactitude de cette adresse et donc notre destination finale.



C'est ainsi en direction de cette adresse que nous nous dirigions, j'avais repéré minutieusement l'endroit sur mon plan et constatant les rues que nous longions ou empruntions, je savais que nous étions tout proches....à quelques mètres.
Cela faisait bientôt sept heures que nous étions sur la route....sept heures où j'avais eu tout loisir de cogiter et de ressasser ce moment qui avait marqué nos dernières minutes dans ma maison familiale. Ce baiser qu'on avait partagé avec Amelia. Et partager est le bon terme, car je ne l'avais pas repoussée. Je l'avais laissé faire et même je l'avais encouragée : la maintenant contre moi avec une main dans le dos. Mes propres lèvres s'activant sous les siennes et me trahissant malgré moi....comme si ce moment, je l'attendais autant qu'elle. J'en profitais autant qu'elle.
Nous avions pris la route juste après, ce qui avait évité quelques minutes d'embarras et de gêne.
La moto était un moyen de locomotion efficace pour....couper court à toute discussion et j'étais plus que soulagé de voyager ainsi et non en voiture. Je n'avais cependant pas pu éviter de faire une pause à mi chemin. Mais j'avais l'objectif clair d'éviter Amelia pendant cet intermède. Et j'avais ainsi pris soin de m'occuper en donnant des nouvelles d'une cabine à Nathan pour lui préciser notre heure potentielle d'arrivée...ce qui m'avait permis de limiter le temps où je devais faire face à Amelia à quelques maigres minutes. Un laps de temps où elle n'avait pas pris la peine d'aborder le sujet.
Mais je redoutais plus la soirée, car l'éviter s'avérerait bien plus ardu...voire impossible.



J'effectue un virage sur la droite et c'est un panneau de rue bien spécial qui se révèle à cet instant «Virginia Street». La rue qui allait devenir notre quotidien dorénavant. Je ralentis encore un peu plus l'allure en prêtant particulièrement attention à la physionomie de cette rue : ce n'était pas un axe central, cachée derrière les grandes avenues et boulevards de ce quartier au cœur de Seattle. Nathan avait déjà bien sélectionné le cadre.
Les numéros défilent alors que nous longeons les bâtiments et en quelques mètres, c'est enfin ce fameux numéro 90 qui se détache au dessus de l'entrée d'un immeuble.
Je gare la moto, coupe le contact et pose un pied à terre alors que je sens Amelia se détacher légèrement de moi. Comme sur nos derniers trajets à Campbell River, elle s'était fermement tenue à moi, les mains contre mon ventre, sa poitrine collée contre mon dos : une proximité à laquelle je m'étais habitué....et il faut bien l'avouer que j'avais presque eu plaisir à ressentir durant ces sept heures de trajet.
Je perçois qu'elle s'active derrière moi et descend de la moto pendant que je reste concentré devant cet immeuble qui nous fait face : un immeuble comme décrit par Nathan. Une façade tout de brique avec ce chiffre 90 en blanc qui se détache au dessus de l'entrée. Je balaye la façade des yeux, remarquant que le bâtiment dispose de sept étages....avec visiblement une terrasse ouverte sur le toit pour l'appartement du dernier étage : le nouvel appartement d'Amelia.
Je distingue un interphone à la droite de la porte ainsi qu'un deuxième dispositif dans le sas d'entrée qui fait suite.

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