Chapitre 1

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Kaïla :

- Je te protégerai ! Promit-elle avec confiance

La voix de Nina était douce et rempli de conviction. Elle poussait les gens à lui sourire automatiquement. Il y avait des personnes ainsi. Nina en faisait partie. Pour elle, il n'existait rien de plus important que le sourire des autres. Je savais que sa bonté lui ferais du mal un jour. Mais je m'étais fait la promesse que tant que je serais en vie, rien n'arriverait.

- Tu n'as pas à le faire mon ange, c'est aux adultes de protéger les plus petits, murmurai-je

Elle rit et le vent porta ce son dans le ciel. J'adorais quand elle riait. C'était si rare. J'adorais passer ma main parmi ses magnifiques boucles blondes tout en lui caressant le visage de temps à autre. Nina était un ange. Mon ange. Du haut de ses six ans, elle en était la représentation parfaite. Un visage poupin qui ne demandait qu'à être câliné et sa merveilleuse chevelure perfectionnait son visage céleste.

Son être entier respirait l'amour et la joie de vivre. Une petite pointe de malice complétait le tout.

Pour elle, pour nous, ses moments d'honnêteté et de secrets étaient des moment sacrés, absolument merveilleux. Ils repoussaient la noirceur de nos cœur pour former un cocon d'amour et de bonté.

- Alors on se protégera toutes les deux ! Ensemble ! répliqua-t-elle avec véhémence

- Oui, ensemble ! Dis-je tandis que cette promesse traversa les cieux, seul témoin de notre engagement.

Je me réveillais en sursaut, mon menton contre ma poitrine. Désorientée, je me demandais où j'étais. Puis la douleur me ramena sur terre.

Je ne savais plus si mon corps était celui que je ne sentais plus ou si au contraire, celui que me flagellais, m'écartelait et qui menaçait de me replonger dans l'inconscience. Je ne savait plus depuis combien de temps j'étais ici, ni depuis combien de temps je m'étais enfuis de ma première prison. Je me suis fait prendre comme une novice. Pour une bonne cause mais comme une débutante.

Mes chaînes me le rappelaient à chaque instant. Celles-ci étaient en argent. Pour les personnes comme moi, ce matériau nous était nuisible. Ma race y est particulièrement sensible.

En plus de mes entraves, la position dans laquelle j'étais ne m'aidais pas à me concentrer. Mes bras tendus au dessus de la tête, mes pieds touchant à peine le sol, ce n'était pas la meilleure position pour réfléchir. La pièce dans laquelle je me trouvais ne m'encourageait pas non plus. Cette cave - car ça ne pouvait être que cela - ne comportait qu'une seule fenêtre, pas assez grande pour pouvoir passer au travers, même avec mes kilos en moins. Je ne me rappelais plus la dernière fois que j'avais mangé. Enfin je ne pouvais pas être sûre de mes déductions, je ne me fiais qu'à ce que je ressentais, puisque je ne pouvais ouvrir les yeux ; mon bandeau étant tombé lors de ma capture. Cela ne me laissait peu de marche de manœuvre.

Interdit

Je savais d'instinct que la pièce était petite puisque que Kaya et moi ressentions ce sentiment de claustrophobie qui nous était familier. Pour ce qui était de la fenêtre, seul un petit carré de lumière filtrait à travers mes paupières. Aucun moyen d'en être sûre sans ouvrir les yeux.

Interdit

Des pas s'approchèrent soudainement, me coupant dans l'élaboration de mon soi-disant plan d'évasion. Ils descendaient l'escalier -en bois- d'après les grincements. Une aura jaune sale, limite boueux, me permettait de comprendre que mon geôlier était de retour. Cette particularité est apparue du jour au lendemain, me permettant de voir à travers les gens. Une particularité qui à un moment m'enchantait, mais qui maintenant me terrifiais.

Chaque personne en ce monde possédait une aura. Unique. Je commençais à bien connaître celle de mon bourreau. Toujours le même jaune striée de marron, toujours les mêmes sentiments qu'il m'inspirait. L'égoïsme et le danger. Un danger qui allait bientôt me tuer sans que je puisse, ne serait-ce que bouger un seul de mes doigts.

* *

Je n'en pouvais plus. Mon corps ne supportait plus les sévices que mon bourreau m'infligeait à chacun de mes membres, chacun de mes muscles. Je me demandais même si j'arriverai encore à marcher si je m'en sortais. Si je m'en sortais ? Ce n'était même pas d'actualité. Autant mon corps me faisait souffrir le martyr, mon esprit lui était à deux doigts de s'éteindre dans le même souffle que ma vie.

La transpiration et le sang collaient mes vêtements à mes plaies, m'arrachant une plainte à chacune de mes respirations. A moitié éventrée, je sentais l'argent parcourir mon sang. Il s'infiltrait dans chaque veines, dans chacune de mes cellules. J'avais l'impression qu'on me brûlait de l'intérieur, qu'un incendie ravageait ma peau, mon sang, mon souffle ; me faisant hurler intérieurement, n'ayant plus de force pour qu'un seul son sorte de ma bouche. Même Kaya ne pouvait plus rien faire, elle-même agonisant sous les effets de l'argent.

Mon dieu ! Je vais vraiment mourir comme cela, sans jamais avoir vu plus loin qu'une cage ou qu'une forêt. Moi qui avait promis à Nina d'aller voir cette chose qu'on appelait Océan. D'après elle, c'était une très grande étendue d'eau, d'un magnifique bleu, qui s'étendait à perte de vue. Qu'est-ce que j'adorerais pouvoir nager. Cela faisait tellement longtemps.

Un rire. Une voix d'enfant enchanteresse. Un sourire. Des boucles blondes.

La douleur de mon abdomen me réveilla en sursaut. Ce n'était pas bon. Il ne fallait pas que je m'endorme. Il fallait que je lutte. Pour moi. Pour Kaya. Pour Nina.

C'était trop dur. Je n'en pouvais plus. Je rêvais de dormir. Mais l'argent m'en empêchait comme elle menaçait de m'amener dans l'inconscience à tout moment. Vers la mort.

A travers mon esprit embrumé, je crus entendre une porte se faire défoncer à l'étage. Je crus entendre des cris, des bruits étouffés. Mon esprit me jouait des tours. Je rêvais tellement de sortir que mon esprit inventait ce que je souhaitais entendre.

Un coup dans mon ventre me ramena sur terre, me coupant le peu de souffle qu'il me restait. Encore un et je ne survivrais pas. Je ne pouvais plus encaisser. Je ne pouvais plus vivre. En fait non, je ne pouvais plus exister. Je vivais sans avoir réellement vécu.

Je suis désolée Nina. Pardonne moi Kaya, je n'ai pas pu nous protéger.

Je sentis mon geôlier prendre de l'élan. Je me prépare à ce coup fatal, qui m'attend et dont je souhaitais inconsciemment qu'il se produise. Depuis des années. Depuis des siècles.

Mon esprit crus entendre d'autres bruits. Il était tellement barbare. N'avais-je pas le droit à un peu de repos. J'attendais ce coup mais je ne sentais toujours rien. Mais allez ! Vas y ! Tue-moi ! Tu n'attendais que ça ! Tu me le répétais à longueur de journée. JE n'attendais que ça ! Mais le coup ne venait pas. Mes oreilles bourdonnaient, l'engourdissement de mes membres annonçaient ma fin proche. Kaya paniquait, essayait de me convaincre de ne pas abandonner. Mais je n'en avais plus la volonté.

Je crus entendre un coup, un gémissement, le craquement d'une nuque brisée. Un corps s'effondra par terre, près de mes jambes. Je sentais une masse flasque juste à coté de mes pieds.

- Mon dieu ! Nohlan ! Liam ! Venez vite ! cria une voix féminine - enfin je crois.

Des pas descendirent vers moi -nous ; des cris d'horreur furent étouffés.

- Attention, c'est de l'argent ! Oh mon dieu, faites vite ! Elle ne vas pas tenir ! continua la voix

Je sentis mes bras se tendres puis se relâcher d'un seul coup. Je m'effondrais dans des membres sortit de nulle part, mes cheveux retombant sur mon visage. Malgré le brouillard qui prenait possession de moi, je fis un effort pour me concentrer. Plusieurs auras étaient dans cette pièce. Un maelström de couleurs vives et éclatantes. Cela faisait tellement longtemps que j'en avait vu de si belles, de si brillantes.

Une en particulier m'intriguait. Elle semblait blanche, synonyme de pureté. A moitié debout par deux auras éclatantes, l'une d'un rouge profond l'autre d'un orange pur. Je m'approchais de cette couleur, la blanche, qui me rappelait tant...

- Les petits murmurais-je d'une voix cassée avant de plonger dans l'inconscience. 

Ancrage : FelidaeWhere stories live. Discover now