Epilogue

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Les dernières semaines ont été compliquées à vivre. Entre le rythme de travail qui s'est intensifié, les entretiens pour les universités et le fait d'éviter William et le reste de l'équipe... Ce n'est pas comme ça que j'imaginais vivre mes derniers instants au lycée, mais on ne peut pas changer ce qui s'est passé.

Quelques personnes ont essayé de savoir ce qui avait pu se passer entre William et moi pour qu'on se sépare si brutalement, alors que tout semblait bien aller entre nous, qu'il n'y avait pas de nuage à l'horizon, qu'il venait de gagner le championnat et que je venait de publier un portrait de lui extrêmement flatteur sur notre journal en ligne... Mais la discrétion est loin d'être la force des élèves de mon lycée. Et malheureusement pour eux, je n'aime pas étaler ma vie privée. Au vu des regards qu'elle me jetait, j'ai bien cru que Maria allait tenter sa chance. Mais si un Dieu existe, il a fait en sorte qu'elle ne m'approche pas et je ne le remercierai jamais assez pour ça.

Le groupe de l'équipe de basket a essayé de m'aborder à plusieurs reprises, mais à chaque fois qu'ils commençaient à parler de leur capitaine, je trouvais une façon de me dérober. Ils ont fini par abandonner. Désormais ils me saluent, continuent à m'inviter à leurs soirées même si je décline à chaque fois et nos relations s'arrêtent là. Parfois j'ai le droit à une petite blague de la part de Steve, un sourire ou un clin d'œil de Joshua ou Mark.

Aria et Nathan ne sont pas étranger à mes fuites, ils m'ont bien souvent aidé à me soustraire aux conversations que je voulais éviter. Ils ont allié leurs forces et redoublé d'efforts pour me sortir des situations intrusives et me remonter le moral à chaque fois que je flanchais. J'ai écrit 1 000 messages à William dans l'intention de me confondre en excuses, de le supplier de revenir vers moi, de l'inviter à passer un moment ensemble... ou juste pour prendre de ses nouvelles en espérant qu'il m'invite à une partie de basket, un goûter ou n'importe quoi. J'ai effacé tous ces messages avant même de les envoyer, en me rappelant que notre relation n'a rien de sain et raisonnable, qu'on a gâché notre chance, qu'il a piétiné mon amour-propre et que j'ai renié ma conscience pour lui.

Je n'ai pas raconté les détails à mes amis. Je leur ai simplement résumé la situation : William m'a blessé. Je l'ai blessé aussi. Et c'est trop tard pour faire marche arrière. On ne guérit pas d'un coup de couteau avec un simple pansement.

La sonnerie qui retentit annonce la fin de la journée, mais aussi la fin de mes années lycée. Les élèves qui m'entourent sont tous souriants, ils jettent leur cours à la poubelle en sautillant partout. Toute cette joie m'écoeure alors que je suis en pleine remise en question de ma vie. J'avance machinalement vers la sortie, en mode automatique j'évite les foules qui pourraient me freiner.

Je rejoins mes deux amis qui ont fait connaissance et qui s'entendent à merveilles. Nathan tient son skate à la main et passe l'autre dans ses cheveux en souriant à Aria. Ça ne m'étonne qu'à moitié qu'il craque pour elle, Aria est magnifique et en plus elle ne semble pas s'en rendre compte. Ça la rend encore plus attirante. Elle rit avec lui, le taquine puis se retourne pour m'accueillir dans une étreinte chaleureuse.

- Ça y est ! C'est enfin fini ! A nous la nouvelle aventure ! Tu es prête à mettre New York à tes pieds ?

Je n'ai pas envie de gâcher sa joie avec mon humeur maussade, alors je joue le jeu.

- Oui, trop contente.

Si elle sent mon mensonge, elle n'en laisse rien paraître. Nathan qui me connait par coeur hausse les sourcils, mais ne commente pas.

- J'espère que vous aurez un canapé confortable, les filles, car je compte bien venir squatter aussi souvent que possible !

Nathan a été reçu à l'université de Pennsylvanie, dans l'un des meilleurs programmes de médecine de la côte est, à Philadelphie, qui n'est qu'à quelques heures d'avion de New York. J'espère bien qu'il fera souvent les aller-retour même si avec ses études très prenantes, j'en doute un peu. Je lui souris.

Derrière l'objectifWhere stories live. Discover now