Wattpad Original
There is 1 more free part

Chapitre IX : Une Demi son voisin maléfique et un Matt bien instruit

17.7K 1.3K 647
                                    

Point de vue Demi Brook :

— Chérie ? Tout va bien là haut ?

Brusquement, je laissai tomber la petite photographie de cette jolie famille armée d'immenses sourires dans un vieux carton de déménagement, puis me levai en vitesse et fis mine de retourner à mes occupations, c'est-à-dire, trier et ranger mes quelques affaires toujours dehors.

Quelques secondes passèrent avant que le visage sévère mais malgré tout chaleureux de ma mère apparut dans l'embrasure de la porte :

— Demi ? Tu as bientôt fini, ma puce ? Le camion est prêt à charger, il ne reste plus que tes affaires.

Je détournai le regard de cette dame à l'allure de femme d'affaires pour emballer le dernier paquet avant de déclarer :

— Oui, il ne restait plus que celui-là.

Puis un silence pesant mais de plus en plus habituel ces derniers temps, s'installa entre nous.

Cela faisait plusieurs semaines que je n'adressais à ma génitrice que des phrases composées de très peu de mots. Juste le strict minimum, rien de plus.

— Tu sais, Demi, ton père habite à peine à quelques kilomètres d'ici. Ce n'est pas comme si tu allais changer de ville, d'école, ou encore d'amis.

— Je sais, murmurai-je en levant les yeux au ciel pour la centième fois. Mais on ne peut pas dire que Tokyo soit la porte la plus proche, répondis-je sèchement.

— Ce n'est pas si loin que ça !

— Si pour toi 9 630 kilomètres c'est « pas si loin », alors c'est que tout va très bien.

— Tu as compté le nombre de kilomètres qui nous sépareraient ? voulut savoir ma mère presque émue, les sourcils arqués.

Je haussai les épaules d'un air désinvolte, arrangeai mes lunettes et lançai :

— Non, je le savais depuis longtemps.

Je soupirai, ma mère avait tendance à oublier que j'étais une sorte de petit génie, « une intello » comme cette société idiote préférait m'appeler.

— Enfin, Helena Brook prit une grande inspiration. Ce que je veux dire c'est qu'il existe plein de façons pour que nous puissions rester en contact. Et puis, même si je préfère mettre le plus de distance entre nous deux, ton père n'est pas si méchant. Il t'adore et prendra bien soin de toi.

— Je suis sûre que si tu pars à Tokyo, c'est surtout pour t'éloigner de lui. C'est puéril.

— Puisque je te dis que c'est mon boulot qui m'y envoie, Demi !

Je gardai mon air soupçonneux et murmurai, agacée :

— Avoue que ça t'arrange un peu !

— Peut-être bien, répondit Helena Brook en levant les mains en signe d'abandon. D'accord. Il y a peut-être une part de vérité dans ce que tu dis mais ne me blâme pas si je veux le fuir. Après toutes nos disputes, tu ne peux pas me reprocher de vouloir l'oublier ! Et là avec cette proposition de travail, je tiens ma chance. J'imagine que venir à Tokyo avec moi ne te ferait certainement pas très plaisir non plus ?

Je secouai la tête négativement et entrepris d'emballer le dernier carton. Ma mère adopta son rôle si peu familier de maman poule et me prit dans ses bras de façon maladroite, presque trop brusquement :

— Tu pourras toujours me raconter ta journée, dit-elle en me lançant un clin d'œil qui ne me fit ni chaud, ni froid. Tes histoires d'amour aussi.

Le séducteur qui ne savait pas draguerWhere stories live. Discover now