Chapitre 21 - Allons dehors

830 75 48
                                    


14h30.

Je savais que la ponctualité n'était pas le fort de San, mais ces derniers temps il n'arrivait jamais en retard. Enfin, sauf ce jour là.

Avec l'histoire d'Harvey Trent, j'avais tout de même peur qu'il lui soit arrivé quelque chose. Cependant, je ne voulais pas paraître trop intrusive en lui demandant ce qu'il faisait, il me fallait donc prendre mon mal en patience, et ce n'était pas bon pour le boulot.

- A qui tu penses ?

Maya venait de faire irruption dans le studio avec plusieurs dossiers dans les bras. Elle les déposa sur le piano et vint s'asseoir à côté de moi.

- Question rhétorique, poursuivit-elle, je sais pertinemment à qui tu penses.

- Merci, mais j'ai déjà eu ma leçon de morale du jour ce matin, alors si tu voulais bien attendre demain pour t'y mettre, ça m'arrangerait.

- Merveilleux ! Qui a eu cette idée formidable ?

- Nylie...

- Oh je l'adore cette petite, on ne peut jamais lui faire à l'envers, elle comprend tout ! Je trouve ça fascinant et inquiétant à la fois...

- Et moi donc !

- Vu ta tête, j'en déduis que c'est elle qui a eu le dernier mot.

- Dans les faits, oui.

- Comment ça "dans les faits" ?

- Elle a eu le dernier mot, ça ne veut pas pour autant dire qu'elle a raison.

- Peut être. Dans tous les cas je suis de son côté.

- Tu rigoles ? Tu ne sais même pas ce qu'elle m'a dit !

- Inutile. Tu es la fille la plus brillante que je connaisse, si tu t'es faite mouchée, c'est forcément que la personne en face avait raison.

- Je ne crois pas que la vie se résume à avoir raison ou tort.

- Non, mais ce qui est sûr c'est qu'elle t'a fait réfléchir.

- Toute cette histoire est tellement insensée...

- Là, je ne peux pas te contredire.

- J'ai sincèrement envie d'être son amie.

- Je sais.

- Alors pourquoi est-ce que ça paraît si compliqué ?

- Parce qu'on ne choisit pas ce qu'on ressent.

- Jusqu'à maintenant j'y arrivais.

- Si les choses ont changé c'est bien qu'il doit y avoir une raison.

- Laquelle ? lui demandai-je.

- A toi de me le dire.

- J'en sais rien.

- Et si t'arrêtais un peu de te prendre la tête et que tu te laissais vivre ? Tu veux être son amie, sois son amie, tout simplement. De toute manière, vous n'êtes même pas censés vous toucher, alors qu'est-ce que tu risques ?

- Tu as raison, c'est ridicule de se poser toutes ces questions sans cesse. En plus ça m'empêche de travailler. D'ailleurs, je vais m'y remettre.

- En parlant de ça, je t'ai déposé tous les retours que j'ai eu sur les premiers festivals de la saison, je te laisse jeter un coup d'œil.

- Je te remercie.

- Bon, je retourne bosser moi aussi. Qui eut cru que travailler pour l'Opéra serait si épuisant !

Le San et l'interdit (Fanfiction Orelsan)Where stories live. Discover now