Chapitre 65 - Dwennimmen

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En claquant la porte de chez Orel, j'étais partagée entre le soulagement de faire entrer de l'air respirable dans mes poumons, et l'angoisse de réaliser ce qui s'était produit. J'aurai le temps de remettre les pièces du puzzle en place plus tard, pour le moment je devais rejoindre Nabil. Je ne devais pas faire à nouveau l'erreur de laisser mes problèmes personnels me déconnecter de la réalité. Il y avait des gens qui comptaient sur moi là dehors et je ne pouvais pas les laisser tomber. 

J'eus beau faire aussi vite que possible, la maraude avait déjà commencé. Je récupérai un sac dans le camion et rejoignis le premier groupe de bénévoles que j'aperçus au loin. Je me dis qu'avec un peu de chance, ils sauraient m'indiquer où se trouvait celui que je cherchais. Enfin, c'était sans compter sur son naturel très discret qui allait me faciliter la tâche. Tout compte fait, il me suffit de suivre les rires déclenchés par ses blagues pour lui mettre la main dessus.

- Je suis ultra désolée, m'excusai-je de but en blanc en arrivant à sa hauteur. Je me suis endormie.

- Retard et fatigue, décidément c'est pas ta journée...

- C'est le moins qu'on puisse dire. 

- Tu t'es faite attaquer par un monstre sanguinaire ?

- Par une bouteille de whisky en fait. Mais oui, c'est l'idée.

- Hein ? Tu picoles la journée maintenant ?

- Oublie ça. Alors ton rendez-vous juridique ? éludai-je.

- Pas trop mal. Le gars a dit que t'avais bien bossé. Il a fait seulement une ou deux modifications mais dans l'ensemble y avait pas grand chose à ajouter.

- C'est bizarre parce que je t'ai entendu dire "pas trop mal" alors que t'as la tête de quelqu'un qui pense "c'est la merde".

- Les dossiers sont au top, mais d'après lui ça changera rien.

- Comment ça "ça changera rien" ? Tu viens de dire que les dossiers étaient béton.

- Vu les récents événements, les critères d'exigence vont durcir de tous les côtés. En plus, ils ont avancé toutes les dates d'audience à dans trois jours. Il pense que, pour la plupart des cas, ça passera pas. Avec l'Etat d'urgence qui...

- Je refuse d'entendre ça ! l'interrompis-je. On va leur trouver des ténors du barreau, des avocats qui plaident comme personne, il faut mettre toutes les chances de leur côté.

- Et comment on va payer ?

- T'occupe pas de ça. J'en fais mon affaire.

- Je crois que tu réalises pas bien l'ampleur de la situation...

- J'ai très bien compris, et j'ai dit que j'allais m'en occuper.

- Ok, céda-t-il en comprenant qu'il ne valait mieux pas me contredire.

Après la maraude, je fis donc un crochet par l'agence avant de rentrer chez moi. J'arpentai discrètement les couloirs jusqu'à tomber sur Lony. Au détour d'un virage, je l'alpaguai furtivement avant qu'il n'ait le temps de dire ouf, et l'entraînai dans un coin tranquille. 

- Boss ?? s'écria-t-il.

- Je ne suis pas... Bref. Désolée de te demander ça, mais j'ai besoin d'un service.

- Tout ce que vous voudrez.

- Il faut que tu mettes la main sur le meilleur avocat de la ville spécialisé en droit des étrangers, et que tu lui transmettes ces dossiers. Son prix sera le mien. J'ai besoin qu'il ou elle se penche là-dessus de toute urgence, et aille plaider dans trois jours.

Le San et l'interdit (Fanfiction Orelsan)حيث تعيش القصص. اكتشف الآن