Chapitre 13: Séverian

25 13 2
                                    

         L'étouffement. Vivre. Sortir. Vivre. S'échapper. Vivre. respirer. Vivre. Ces mots claquent sans relâche dans mon esprit. C'est la première chose qui me revient à mon réveil.

       J'ai l'impression que les couettes du lit où je suis, veulent m'étouffer. Je gigote dans tous les sens pour m'en extirper mais j'ai l'impression de m'y enfoncer toujours plus, m'angoisse. Mon front est trempé de sueur. Je tremble dans tous les sens, à la limite de l'épilepsie. 

       Une main douce vient se poser sur mon front. Je sens comme un flux immense d'énergie entrer en moi. 

       Mon esprit s'éclaircit tout de suite : apaisé. J'ai l'impression d'avoir percé un brouillard opaque qui m'empêchait de sortirde mon délire. Quelqu'un me redresse tirant sur mes bras, puis j'ouvre les yeux. C'est la femme qui m'a enlevé, ici, qui se tient devant moi. Elle me sourit. 

      Aussitôt, l'envie de lui sauter à la gorge pour l'étrangler m'empoigne. Mais je n'ai pas assez de force pour ça. Je ne ressens que quelques légers picotements au bout des doigts. Je regarde avec stupéfaction mes mains pour essayer de les bouger mais rien n'y fait. Je suis immobile comme un rocher. Pas moyen de me déplacer. 

       Elle semble avoir remarqué mon élan de colère, car elle se met à rire :

-Que tu es naïf. Tu as encore tellement de choses à apprendre...

-...Tu pensais vraiment qu'après un combat pareil, tu serais en capacité de bouger le petit doigt le lendemain ?

      Heureusement pour moi, elle n'a pas associé mon élan de colère à sa présence. Il faut que j'en profite. 

-Je ne pensais pas vous revoir aussi tôt. 

-Je ne le pensais pas non plus. Mais nos performances dépassent mes espérances. Je ne pensais pas avoir si bien fait, dit-elle tout bas pour elle. Je sentie qu'elle avait dit cette dernière pour elle même.

-Pardon ?

-Qu'y a-t-il ?

-Qu'avez-vous dit ?

-Rien. Tu as entendu quelque chose ? Ce doit être le choc à la tête qui a été violent. 

       Je vois parfaitement que derrière son ton rassurant, elle cache son agacement. Elle sait que j'ai entendu ce qu'elle a dit. Mais que peut-elle bien sous entendre en disant "je ne pensais pas avoir si bien fait"?

      Elle s'avance vers le balcon, et s'y accoude. Sa silhouette me paraît si féroce ainsi. Ses muscles sont saillants comme ceux d'une guerrière. Pourtant, on voit sur son visage, bien que jeune, les marques du temps et des siècles. 

-Je pense t'introduire en cours particuliers avec Valmar ton entraîneur. 

-Pourquoi m'écarter du reste du groupe ?

-Je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée que tu restes avec eux. 

-Pourquoi cette volonté de me mettre à l'écart ? Vous ne me pensez pas capable de suivre les cours avec les autres. 

-Je pense surtout que tant que tu ne métrises pas tes pouvoirs, Cette constatation mise à part tu n'a pas voix à choisir.

      Je ravale la réplique singlante qui allait sortir. Elle ne semble pas habitué à être contrariée. Toutes mes questions la dérangent et tant mieux. Moins je l'apprécie et plus il me sera facile de la tuer. Alors je dis :

-Bien, j'accepte. Je suppose que nous en avons fini.

-Quelle manière élégante de me mettre à la porte. Je ne sais pas qui t'a mis cette graine insolente dans la tête mais change vite de comportement, sinon je te ferais passer l'envie de me répondre. Et crois-moi, tu ne vas pas aimer...

AscarthaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant