Chapitre 21 : Egainstia

8 1 0
                                    

La barrière s'ouvrit alors devant nous. Une brume grise et épaisse se dressait devant nous. Je mis pleins gaz le moteur pour ne pas rater notre chance. Dès que nous avons atteint la brume, il nous fût impossible de voir devant nous, et le peu de lumière derrière nous disparut à la fermeture du portail. Le calme des eaux nous surprit instantanément. La ville semblait morte. Aucun bruit. Le ressac nous permit de rester tout de même vigilants, pour contrôler un quelconque changement. Les combinaisons étaient aussi bien que je l'avais imaginé. Nous n'avions froid qu'au visage alors que nous avions enlevé les caques-cagoules.

Après quelques minutes à avancer tout droit, Ilyes m'appela.

-Viens voir, j'ai découvert quelque chose sur les combinaisons.

Alors il appuya sur un bouton au niveau de mes tempes ce qui me donna une vision infrarouge de l'espace. Aucune forme de vie ne semblait nous avoir suivis à travers la brèche, je ne repérais qu'un flou rouge en regardant vers la ville. Le clapotis des flots en d'autres situations aurait pu s'avérer agréable mais il ne faisait que renforcer mon angoisse de voir ce clapotis changer. Je crus que la traversée des flots durait des heures. De plus, personne ne venait à notre rencontre à cause du brouillard.

Maintenant, je me demandais en plus qui était la mystérieuse personne qui nous avait permis de nous échapper. Nous avions bien hésité à ne pas partir sur le bateau mais nous étions au bord de nous faire repérer, nous n'avions plus le choix.

Une ombre massive se dresse alors face à nous. Nous sommes arrivés à la côte. La ville se profile dans la pénombre, immense et majestueuse. De la neige et de la glace s'étalent devant, nous laissant dépasser quelques routes de béton et des fenêtres se découpant sur des façades blanches. Le tout, de jour doit être éblouissant. J'en finirais presque par apprécier ce brouillard finalement. Nous nous arrêtons près des falaises et sortons les pics à glace qu'il y avait dans les caisses. Il va nous falloir grimper sur près de cinquante mètres. Une assomption que j'aurais préféré éviter, mais nous n'avons ici pas le choix. Le temps doit nous être compté, et mieux valait pour nous de ne pas se retrouver entre les deux armées.

Je commence l'assomption la première. La glace n'est vraiment solide que par endroit et je sens sous les pics qu'elle ne tiendra pas très longtemps avec le poids de nos corps. Mais les prises sont incertaines et ne nous permettent pas d'avancer rapidement. Je n'ai parcouru que quatre ou cinq mètres que déjà les muscles de mes bras qui me lancent. Je ne sais pas si la glace va tenir. Je vois la même souffrance sur le visage de mes amis. À la moitié du parcours, Nora manque de tomber quand un morceau de paroi se décroche sous elle. Nous accélérons l'allure tant bien que mal. En plus du brouillard persistant, vient s'ajouter de la neige qui pour le moment est assez fine.

Je suis la première à poser le pieds en haut du mur de glace. Là, la neige recouvre la surface sur plus d'un mètre. Mes pieds s'enfoncent déjà et je ne prends pas la peine de m'aventurer tout de suite, attendant que les autres me rejoignent. Le temps me semble s'écouler si vite, il nous faut avertir la ville au plus vite. Il faut qu'ils se dépêchent mais les éléments ne semblent pas avec eux. Une fois que tous m'eurent rejoint, je leurs laissais quelques instants pour se reposer puis leur dit :

-Avez-vous une idée de vers où il nous faut nous diriger ?

-Oui je sais. Me répond Nora. Vous me suivez ?

Face à notre mutisme, elle se baisse, actionne un bouton sur le côté de ses chaussures, et avance dans la plaine qui nous sépare des premières tours de cristal. Nous faisons de même pour ne pas la perdre de vue. Le mode des chaussures nous empêche comme des raquettes de nous enfoncer dans la neige. La neige qui tombait jusqu'ici décide alors de s'intensifier. Le vent se lève chassant le peu de brouillard qui restait et nous laissant aux prises avec ce qui, de près ou de loin ressemblait à une tempête de neige qui se déchaînait sur le paysage.

AscarthaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant