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(Eren) Je vous remercie pour votre aide, déclara-t-il, mais je peux très bien me débrouiller seul.

A contre jour, il distingua une chevelure sombre, des traits anguleux et une mâchoire solide ombrée d'une barbe de plusieurs jours. Attirant plutôt que beau. Tout le contraire d'Erwin, qui était le type même de l'anglais propre sur lui et bien élevé. Le regard de l'inconnu se posa sur lui et soudain, il eut l'impression bizarre qu'il était en train de le prendre dans ses bras. Il avait les yeux bleu gris que, même d'aussi près, on ne pouvait distinguer les pupilles.

-Je n'en doute pas, mais je serais tout de même ravi de vous offrir ce verre, répondit-il en le détaillant des pieds à la tête.

Eren sentit le sang lui monter aux joues. Il y avait, dans cette voix masculine, quelque chose qui le troublait au plus haut point. D'une main tremblante, il sortit son porte-feuille et l'ouvrit, mais la sensation qu'il éprouvait au plus intime de son être l'empêchait de penser, voir de reconnaître les pièces. D'ailleurs, à part quelque menue monnaie, sa bourse était vide et il se souvint alors avoir glissé son dernier billet de 5 livres dans la boîte à jurons de Lottie. Les exigences de la fillette en matière de langage étaient draconiennes et les amendes qu'il percevait, extrêmement lucratives. Cet instinct de tueuse ne pouvait lui venir que d'Erwin et, tout au long de l'après-midi, les frustrations occasionnés par la perspective de la chasse au trésor avaient conduit Eren à de coûteux transgressions.

-9 livres 50, monsieur, indiqua le barman.

9 livres 50 ? Pour une boisson ? Lottie et lui pouvait vivre toute une semaine sur une telle somme ! En se mordant la lèvre, le jeune homme fourragea de plus belle dans son porte-feuille. C'était trop tard cependant : l'inconnu avait déjà tendu un billet au garçon et s'était emparé du cocktail. Lorsqu'il quitta le bar, la foule qu'Eren avait eu tant de mal à traverser s'ouvrit devant lui, comme la mer Rouge devant Moise. Il le suivit sans réfléchir, incapable de détacher le regard des larges épaules qui le précédaient.
Dans la salle bondée, il trouva que les autres hommes et lui-même avaient des allures de géant auprès de lui. Il s'arrêta sur le seuil de la terrasse et lui tendit le verre rempli d'un liquide blanc et mousseux.

L'amant de Livai Ackerman Où les histoires vivent. Découvrez maintenant