Chapitre 18

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- J'espère que la cérémonie sera catastrophique. Au moins, je pourrais me rappeler d'Alicia la louve unijambiste.

C'était sa façon à lui de me souhaiter "bonne chance". Et que tout allait bien se passer.

Espérons que je lui trouve raison.

~~

- Tu as juste à écouter le médecin de la meute et suivre ses instructions d'accord ?

Je répondais à la rousse d'un simple hochement de tête avant de réajuster mon tee-shirt XXL qui cachait mon short court.

- Une dernière chose. Ne panique pas. Ça ne rendra la transformation que plus douloureuse.

Facile à dire.

- Beaucoup de personnes sont passées par là, donc pas la peine de s'en faire.

Encore une fois, facile à dire mais pas à faire.

- On doit y aller. Coupa Luka en entrant dans ma chambre.

Son regard était vitreux et sans émotion. Il avait cette attitude depuis le début de la semaine et ce comportement m'inquiétait.

Medith hocha la tête et sortait.

J'allais la suivre quand je m'arrêtais à hauteur du blond.

- Luka ?

- Oui ?

- Si je meure je tenais à te dire que tu as été un-

- Ali' ! Dit-il en souriant légèrement, arrête de dramatiser. C'est un mauvais moment à passer.

- Ah, ça me fait du bien de te voir sourire avant d'aller affronter mon terrible destin.

Se rendant compte de ma tactique, il soupira avec un air amusé et m'ébouriffa simplement les cheveux avant de me pousser doucement vers la sortie de la pièce.

Je souriais de contentement avant de sortir de la maison. Une centaines de regards me transperça immédiatement alors que je me dirigeais vers l'estrade où était déjà placé le père de Liam, qui était le médecin officiel de la meute, et Chris. Ce dernier me fit un sourire encourageant qui eut pour effet de me calmer un peu.

J'ai dit "un peu".

Je rejoignais les deux hommes et me tournait vers la foule. Je déglutissais face à tout ce monde, mais la voix de Chris me fit me concentrer sur autre chose. Son discours sur la Luna commença et j'espérais que son discours dure pour l'éternité, trop effrayée par le passage à l'acte.

Malheureusement ma prière ne fut pas entendue car cinq minutes plus tard le silence vint.
J'essayais de respirer calmement, mais je me rendais compte que même avec mes efforts les loups entendaient sûrement mon stress à des kilomètres à la ronde. Je triturais mes mains et tournais mon regard vers mon âme-sœur quand celui m'indiqua de venir entre lui et le père de Liam qui avait pour prénom, Philippe.
Je me positionnais comme il me le demande et restais immobile, aussi droite et rigide qu'un bout de bois.

A ce moment-là, devant ce monde, ma famille me manqua plus que tout. J'aurais aimé affronté cette épreuve avec eux. Ma confiance n'aurait pas été aussi maigre qu'à cet instant. Philippe me coupa dans mes pensées en partant chercher quelque chose à côté de lui. Il revint avec un grand bol doré ciselé de symboles élégants et anciens.
J'eus un mouvement de recul.
Il se positionna devant Chris, qui se tourna pour faire monter sa grand-mère que je venais d'apercevoir. La vieille femme me fit un sourire discret avant de se diriger devant la coupelle et montait sa manche. Son petit fils semblait prendre un objet et le tendre vers elle.
Mon sang se glaça. Mes yeux semblaient devenir fixe sur le petit objet.
Le couteau luisait face à la lumière de la lune pleine.
Sans même hésiter, sa grand-mère le prit pour l'approcher de son avant bras. Et sous mon regard ébahi, elle s'entailla élégamment la peau.
Je ne sais pas plus que vous pourquoi cette entaille semblait si élégante à mes yeux mais elle était fine, nette et précise. La femme âgée semblait savoir ce qu'elle faisait.
Mes billes bleus ne quittaient plus le récipient alors que Chris versait aussi son sang.
Un sang qui me surprit.
Aussi noir que du charbon.
J'avais souvent entendu que les Alphas avaient un sang particulier. J'en avait la preuve devant moi.

Leurs gestes semblaient soudainement s'être ralentis sous mon regard taché d'incompréhension.
Je ne comprenais absolument rien à ce qui se passait.
Que faisaient-ils ?
Pourquoi se coupaient-ils ?
Je ne pus retenir une grimace en repensant à leurs gestes. J'avais toujours détesté le sang et les blessures.

Mon souffle se bloqua quand Philippe approcha le bol de moi et me le tendait significativement.
Il prononça des paroles incompréhensibles et attendait que je prenne l'objet dans mes mains tremblantes. Toujours avec un regard perdu, je le prenais. Je me retrouvais donc devant l'assemblée, expression attardée et idiote collait à mon visage, bol de sang à la main.
Je savais très bien ce qu'ils voulaient que je fasse mais j'espérais me tromper.

- Bois. M'ordonna Philippe avec un regard neutre.

Je retins un gémissement de détresse en apprenant que j'avais eu raison de m'imaginer ce scénario glauque.
Ils étaient complètement fous.
Jamais de la vie je ne boirais ce contenu.
Immobile et têtue, je ne suivais pas son ordre.
Malgré le regard coléreux et inquiet de Chris, je ne réagissais toujours pas après dix bonnes secondes.
Des bruits dans la foule se firent entendre mais je m'en foutais complètement. Qu'ils disent que je suis faible ou incroyablement bête, je ne comptais pas poser ma bouche sur l'objet comportant le liquide vermeil.

Je croisais le regard impatient de mon âme-sœur que j'allais sûrement égorger après tout ça. Il semblait vouloir me dire quelque chose et comme je suis nulle à ce jeu, je lui faisais une expression faciale pour lui dire que je n'avais absolument rien capté. Il ferma les yeux en soupirant, avant de les rouvrir. Je croisais son regard une nouvelle fois et le trouva...différent.

Et sans m'y attendre et vraiment m'en rendre compte, l'idée de boire ce sang ne m'effrayait plus tant que ça.

Mon esprit se brouillait alors que je ne quittais pas son regard envoûtant. Instinctivement, mes mains se levèrent et le bol se rapprocha dangereusement de mes lèvres. Je n'osais regarder le liquide ferreux et restait concentré aveuglément sur ses yeux verts.
Une bulle invisible nous engloba et je sentais soudainement mon libre arbitre s'évaporait. Mes membres semblaient bouger seuls et avaient l'air engourdis. Je fermais les yeux et penchait la tête vers l'arrière.

Une sensation de plénitude m'envahit.

Jusqu'à qu'un éclat de voix retentit sauvagement :

- La meute du Nord a franchi nos frontières !

Sss

Loups Possessifs [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant