CHAPITRE 22

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Chapitre précédent publié !

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Je suis désolé, les enfants. Murmure l'un des anciens Bêtas de la meute

Stéphane, Diego et Adam pleurent de plus belle. A cause des chasseurs, ils sont devenus orphelins. Ces chasseurs, ses monstres. Les trois frères leur vouent une haine si forte, qu'ils iront même si ils le désiraient les exterminer de leurs propres mains. Adam sait ce que signifie aussi la mort de ses parents. A la suite de son père, il devient l'Alpha. L'alpha du village de Villiers. Il se doit désormais de protéger ses frères, ses amis, sa nouvelle meute dont il est le chef. Cette place lui est revenu trop tôt. Il n'est pas encore prêt à diriger toute une meute.

Mais on ne lui demande pas, on lui impose. Il se lève et se dirige vers le Bêta de la meute qui le regarde compatissant. Les yeux vides, il s'exclame :

Je suis l'Alpha, non ?

Sourire timide, le Bêta hoche la tête. Adam soupire avant de s'exclamer :

Pourrais-je prendre mon temps ?

Bien sûr. Je prends les commandes, ça te va.

Merci.

Adam rejoint ses frères inconsolables. Stéphane est le plus affecté : il ne cesse de hoqueter, ses larmes dévalant son beau visage dévasté par l'impuissance, le regret et la rage. Adam le console mais Stéphane se sent très rapidement oppressé. Alors, il repousse ses frères, avant de se transformer immédiatement en loup. Et il s'échappe de la maison de la meute, s'enfonçant dans la forêt ou règne encore les effluves de sang, des chasseurs et des loups et louves mortes. Stéphane ne s'arrête pas et continue de courir, de plus en plus vite même pour oublier à quel point il vient de perdre ses parents et que cette douleur est plus qu'insurmontable.

Et subitement, il entend le sifflement d'une flèche. Une flèche, l'arme des chasseurs. L'une de leurs nombreuses armes. Bien que cette flèche ne soit pas empoisonnée par la magie noire, ou encore faite en acier, elle peut blesser. Stéphane essaye de courir plus vite mais ses pattes avant rencontrent une flèche en acier. Un hurlement de douleur lui échappe bien qu'il grogne pour la dissimuler. Il regagne son apparence humaine et découvre une bande de trois chasseurs âgés d'une quinzaine d'années voir plus, avec un homme plutôt bien âgé qui semblait le regarder avec compassion.

C'est notre chance ! On va pouvoir l'utiliser lui aussi !

Les enfants ! Tonne la voix dure et ferme de l'homme, nous déciderons de son sort plus tard. Je déciderai.

Mais monsieur ! On peut l'utiliser et à nous le fric !

Qu'ai-je dit ? S'exclame durement l'homme

Stéphane sent ses yeux se fermer. Impuissant, il se laisse aller.

— — —

Quand Stéphane ouvre de nouveau les yeux, il se retrouve avec ce même homme. Il le regarde cette fois avec douceur et tendresse. Stéphane ne dit mot mais par ses mouvements brusques, cherche à s'en aller. L'homme sourit avant de dire :

Tu es attaché. Mais ne t'inquiète pas ! Je ne veux pas de mal. Stéphane.

Un grognement traverse les lèvres humaines du loup. Il fusille du regard cet homme qui méprise comme tous les autres chasseurs. Il prononce difficilement mais durement :

Je vous hais.

Et je me hais aussi.

Surpris, Stéphane le laisse paraître pour vite se reprendre et esquisser un sourire sarcastique. Il s'exclame :

Pathétique.

J'assume. Stéphane, je peux te sauver toi. Si tu le désires, je peux t'aider à t'échapper. Mais il va falloir faire croire à ta meute, ta mort. Tu ne le seras pas bien évidement, mais pour que tu puisses te libérer. Je vais mettre quelques personnes dans la confidence mais tu ne diras rien à personne. De toute les façons, tu auras perdu la mémoire.

Comment ça ?

Tu seras envoyé dans un camp où des loups sont manipulés. Ils sont bel et bien morts mais nous envoyons leurs corps sans vie à un sorcier qui les utilise pour des expériences douteuses. Tu n'en feras pas parti, je t'aurai tué par accident. Mais ta mort sera juste maquillé. En réalité, tu seras enterré. Bref, tu seras tiré d'affaire.

Pourquoi faites-vous ça ?

Parce que je regrette ce que je fais. Et pour me soulager à défaut d'un simple pardon, je fais ce que je ferai avec toi. Stéphane, ne m'en veut pas de t'effacer tes souvenirs. Tu auras tout simplement une nouvelle identité et une apparence légèrement modifiée mais qui se brisera très rapidement, le temps que tu redécouvres tout. Ainsi, tu es protégé et tu ne craindras rien.

Mais... si ils me retrouvent ?

Tu seras mort et enterré. Et puis, tu es sous la protection de la déesse de la lune. Je ne crois pas que tu crains un danger. Et au pire, ils ne s'intéresseront plus à toi. Ils ont des chasseurs à récupérer.

Monsieur...

Que ça prenne, un an, deux ans, trois ans ou plus, on se reverra. Et j'espère que tu auras réussi à me pardonner. Et j'espère que tu vis une vie meilleure et heureuse. Stéphane, nous allons commencer. Mais je peux t'assurer une chose : tu ne crains plus rien. Plus rien du tout.

Stéphane sourit doucement en disant :

Vous êtes étrange.

Je veux juste me faire pardonner. Maintenant, à très bientôt Stéphane. Tu les reverras ta meute. Je te le promets.

Et sur ces mots, Stéphane se sent partir avec un sentiment de sécurité, une image de la déesse mère et des pensées pour sa meute et ses frères particulièrement.

LE LOUP ET LE CHASSEUROù les histoires vivent. Découvrez maintenant