La chaleur d'un Hiver

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  Je marche sur la route qui me sépare de la maison. Seule, j'ai chaud et je suis épuisée.

  J'ai hâte de rentrer.

  Mes pieds fatigués traînent sur les nombreux cailloux du chemin, je tiens à peine debout. Ma veste dans les bras, le sac sur le dos, essayant de reprendre ma respiration je suis là, sous ce soleil brûlant.

  Le ciel est encore plus bleu qu'hier. Je sais que je n'aurais pas dû prendre ma veste mais sachez que ce matin, j'avais encore froid. Et maintenant, en plein mois de Novembre, j'aurais pu être en manches courtes. 

  Passant à côté d'une haie verte me rappelant les joies de l'été, j'essaie de sourire mais les gouttes de sueur sur mon front me rappellent que ce temps n'est pas celui que je voudrais. Je reprends péniblement mon souffle, après la montée que je viens de gravir.

  Du bout des doigts, je touche la barrière en métal que je dois contourner. Je m'appuie presque dessus mais j'ai peur qu'elle fonde sous mes doigts. Ma veste pèse dans mes bras, j'ai envie de la lâcher par terre et de partir sans.

  Mes pas suivent la route caillouteuse à coté du champs à l'herbe verte et fleurissante, sous ce ciel bleu. Au milieu de ce champs, il y a un grand arbre. C'est bien le seul, ici, à suivre les saisons.

  Malgré l'herbe verte autour de lui, ses feuilles colorées tombent et ses branches se retrouveront bientôt à nu. Il doit se demander, comme moi, pourquoi est ce que le ciel est si bleu et clair, l'air si étouffant, le soleil si visible et les plantes si vertes. Il doit se dire que c'est fini, qu'on ne verra plus d'hiver.

  J'ai peur qu'il ait raison.

  Tout le monde suit le cycle des saisons, même les Hommes. Que deviendrai-t-on si il faisait toujours chaud? Si on ne reverrait jamais la glace, le gel? La neige? Sur ce chemin, les cailloux crissants sous mes pieds, je désespère.

  Le froid n'existera t-il plus que dans nos têtes? Qui pourra se l'offrir? La planète se réchauffe, je le sais, c'est aussi de ma faute et maintenant, j'ai peur que le froid disparaisse. Si il le fallait, je donnerais mon ordinateur, mon téléphone et tout ce que j'ai pour voir une chose aussi insignifiante que la neige. 

  Toujours en marchant, le regard dans le vide je réfléchis. Si la neige n'existait plus, les Hommes trouveront un moyen de la recréer, nous ne tiendrions pas sous cette chaleur. En tout cas, moi, je ne tiendrais pas.

  Mais moi je ne suis rien. Je ne suis qu'une personne parmi les sept milliards de cette planète. On s'en fout de moi, un, c'est trop peu.

  Car seuls les plus riches pourront s'offrir ce froid si précieux et tout le monde en voudra.
C'est quand on a plus quelque chose qu'on se rend compte de son importance. Mais si c'est le cas, si les personnes comme moi ne pourront s'en offrir alors dans ce cas je deviendrais riche! Je travaillerais sans relâche, je me créerais une place et je m'offrirais ce bonheur. Je le veux, je ferais tout pour l'avoir. 

  Mais si ce moyen pollue? Si je dois écraser les autres? Devrais-je toujours subir? Regarder les plus grands d'en bas? Vivre dans la jalousie, le besoin, la plainte? Là haut, les plus riches n'abandonneront jamais ce qu'ils ont. Le confort et le besoin sont plus forts que la raison.

  Alors devrais-je faire un choix? Je m'engage dans un chemin à droite, dans l'ombre. J'ai moins chaud, il fait presque frais. Derrière moi, le soleil, la chaleur, le désespoir. Mais maintenant je m'en fous.

  Je veux juste revoir la neige.

Histoires comme ça...Where stories live. Discover now