La Fin du Monde II

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  Je pousse la porte et cours vers le lit. Elle est là, étendue, pâle, malade, au milieu des cris et des gens. On est tous malades.

-Maman... Dis je en pleurant.

Elle entrouvre les yeux et passe faiblement sa main dans mes cheveux presque transparents.

-Ma chérie... Retourne à la maison...

J'ai envie de crier. Non je ne veux pas l'abandonner! Non je ne veux pas qu'elle meure! Pourquoi est-ce que les gens n'arrivent pas à la soigner?! Elle est là, ne ressemblant plus à rien... Ces cheveux sont presque transparents, sa peau est tellement pâle qu'on la confondrait avec la neige et son visage déformé commence à gonfler.

-Mais maman...

De toute façon, personne n'a jamais été guéri de cette maladie. Le Ncl 58, "Nucléaire 58". Toutes les centrales nucléaires du monde ont explosés d'un coup, à cause d'un groupe qui se faisait appeler "Les Désespérés". Ils disent que notre monde est fichu, leur but était le suicide de l'humanité. 

Et à cause d'eux ma mère va mourir! Moi aussi, mon père aussi, les voisins aussi...

Ma mère à fermé les yeux. Un instant, j'ai peur qu'elle soit morte. Mais sa poitrine bouge au rythme de sa respiration.

Je sors en courant et me prend la grêle sur le visage. J'avance en sanglotant, je ne vois rien. Au loin, un cri suraigu. Une femme a dû mourir.

Le premier cas de la maladie est survenu deux jours après les explosions des centrales. Tout a été montré à la télé, sans oublier sa mort spectaculaire. Le corps subit une mutation tout le long de la maladie, souvent sur les cheveux, la couleur de peau et le visage. Puis, au bout de cinq jours, le visage de la personne gonfle, provoquant d'énormes brûlures, jusqu'à imploser deux jours plus tard.

C'est horrible. 

Un énorme grêlon me tombe sur le visage. Je ne vois rien, depuis l'explosion des centrales, les lampadaires ne se sont plus allumés. Et le climat commence à dégénérer. Beaucoup ont parlé d'une "fin du monde". 

Je vois une masse sombre dans la neige. C'est quoi ça? Le truc bouge. Je m'approche et vois que c'est un petit garçon, le visage dans la neige.

Le le soulève. Son visage est pâle et gonflé, il pleure et crie que ça le brûle.

Je sais ce que va lui arriver. Je le repose dans la neige et me maudit de n'avoir rien fait. Mais qu'aurais-je pu faire? Il n'y a pas de remède...

Je sens quelque chose couler sur mon visage... Je touche... Je pense que c'est du sang. Le grêlon a dû me blesser.
La main contre un mur, j'avance mais je ne sais pas ou aller. C'est mon cinquième jour de maladie. Je n'ai pas voulu le dire à ma mère, d'ailleurs, elle ne sait pas que je suis infectée. La plupart des hommes politiques sont enfermés chez eux, ne voulant surtout pas entrer en contact avec cette maladie hyper contagieuse.

Bande de lâches!

Je m'assoit contre un mur et entends trois autres cris. Encore des morts. Le centre hospitalier où est ma mère est à coté d'une "zone de mort", un endroit où on met ceux qui vont mourir dans l'immédiat afin d'éviter qu'ils implosent n'importe où.

Cette pensée me donne mal au ventre.

Il paraît que des scientifiques cherchent un vaccin, mais la plupart d'entre eux sont contaminés. Plus de cinq milliards de personnes ont cette maladie... Cinq milliards... Si on y passe pas tous, la planète sera quand même bien vide! 
On est tous là, dans les rues, attendant la mort... Regardant le vide depuis tout à l'heure, je suis quand même sûre d'avoir vu une vingtaine de personnes passer.

Toutes agonisant. Où pleurant. Où criant. Où juste silencieux, comprenant qu'il n'y a plus rien à faire. Je fais partie de ces gens là.
Je pense à ma mère, dans sont lit, le visage gonflé et brûlant... Je repense à mon père, en train de pleurer, quand il a compris que j'étais infectée... 
Je pense à mes amis, sans doutes tous morts, qui rendaient ma vie meilleure...

Je pense à ce garçon que je viens de voir, agonisant dans la neige.

Il fait froid. La plupart des gens préfèrent être dehors à cause de la maladie. Depuis deux mois, on est impuissants et tout le monde regarde avec horreur les gens mourir dans la rue...
Depuis deux mois c'est la panique, plus de télévision, plus d'électricité... Enfin presque plus. 

Je me lève. Il faut que je rentre voir mon père, que je lui dise que je l'aim... 

-AAAH!!! 

La vache je ne pensais pas que ça faisait si mal! J'ai l'impression de mettre ma tête dans le four... Je tangue dans la rue, me cognant un peu partout mais je n'y fais pas attention. Je ne fais que crier et pleurer.

-AAAAAAH! AAAAAAH!!!!

D'un coup, je m'affale dans la neige et enfouis mon visage dedans, espérant trouver un peu de fraîcheur. Rien n'y fait. Je me relève.
J'arrive à me calmer et à respirer normalement, malgré le fait que ça brûle. Pourtant, quand je touche mon visage avec mes doigts, il est froid. 

Je suis dans une rue que je ne connais pas, au milieu de gens que je ne connais pas, je ne comprends rien à ce que se passe autour de moi... 

Ayant l'impression qu'on me soulève, le me redresse et voit que je suis dans une ambulance. Ils m'emmènent au centre de soin? Non! Je ne veux pas que ma mère me voit! Je ne veux pas qu'elle sache...

-Arr... Arrêtez...

Mais personne ne m'écoute.

-Reposez moi...

Aucune réponse. Je me met à pleurer. C'est comme ça que je vais finir? Agonisant dans un centre de soin, à coté de ma propre mère? Puis je vais aller dans une "Zone de la Mort". Mais avant, je verrais ma mère y aller. Elle aura si mal qu'elle ne pourra pas me dire qu'elle m'aime.
J'entendrais des cris, dans mon agonie... Puis je vais avoir tellement mal que, au bout d'un moment, je vais crier.

Une dernière fois.

Histoires comme ça...Where stories live. Discover now