83 - un peu des deux

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Musique en média

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Deux ans plus tard

Ruby

— Hum... non. Non, Stacy. Cette robe serait le pire des choix que tu puisses faire : regarde comme elle me boudine.

— Oh, Gaël ! Fait-moi plaisir, regarde-toi dans un miroir avant de dire des trucs pareils ! piaille-t-elle avec joie à mon oreille.

— Pas besoin... soupiré-je.

Sans écouter mes geignements de protestations, nous contournons le long pouf touffu de plumes d'oies présent dans les cabines de la toute nouvelle boutique Erysie, mutée ici depuis maintenant cinq mois, pour rejoindre le couloir à glace. La clientèle provinciale et cossue n'a pas patienté plus de deux semaines pour envahir l'espace. Dans un raffinement digne des salons de Louis XIV, la boutique épurée accueille la chaleur par des ornements d'arabesques brodés ou sculptés, et des meubles à moulure d'or.

L'or est le matériau maître des lieux, sans que je ne parvienne à en connaître la raison. Ça fait beaucoup, trop, clinquant, mais savamment dosé. C'est magnifique. Avec les tapisserie rosâtres, les tapis à poils courts, les lampes disséminées et les coiffeuses dans un coin. Ça transpire le luxe d'Erysie, et son charme.

Ça transpire une Laure différente, aussi : elle n'a jamais été aussi "conviviale" dans la constitution de nouvelles collections. Notamment la robe en popeline de coton que j'ai parée, ornée d'une fine cordelette tressée à mailles bruns pour la ceinture. Devant le miroir, le bleu royal détonne fort avec ma peau blanche.

— Regarde comme tu es belle ! Tu vas faire un tabac à Coron avec ça, glousse Stacy en me cintrant les hanches de ses doigts.

L'effet d'une réflexion reste le même. Statique face à une glace, je mets du temps à me lâcher du regard en pointant du doigt chaque élément qui me différencie d'avant l'accident. Mes yeux n'ont pas changé, grands ouverts et scrutateurs, cependant, à la suite de l'accident, Roland m'a affirmé que mon nez avait nécessité une rhinoplastie. Il ne m'a pourtant l'air d'avoir tant changé... Ma touffe de cheveux autrefois excentrique laisse dorénavant place à un lissage brésilien qui la raidit en une longue et interminable cascade sanglante — cheveux teints de rouille foncé, retombant sur mes hanches amincies — plateaux télévisés exigent. Mes jambes se terminent sur de hauts talons sobres. Pochette sous le bras, je souris face à mon air profondément ennuyé, et secoue la tête pour défaire ce guindage.

À la suite du colportage de milliers de rumeurs ahurissantes me concernant, j'ai dû faire profil bas pendant la moitié d'une année pour trouver les interviews les plus à mêmes de redorer mon image. En soi, je demeurais la pauvre jeune femme réveillée d'entre les morts : cette métaphore a grandement aidé dans le rétablissement branlant de ma réputation. À l'époque, j'avais dix-neuf ans. Jeune femme immature, bouleversée de tout, en quête de... quelque chose à se mettre sous la dent constamment pour s'amuser. Les journaux ne pouvaient que me reprocher de vivre mon adolescence.

UNDER THE SPELL 🥀 [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant