18. Rien était normal aujourd'hui. Pour personne.

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Merle regarda la rue depuis sa fenêtre

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Merle regarda la rue depuis sa fenêtre. C'était calme. Un peu trop calme. Un silence de mort planait sur toute la ville.

Il se rendit seulement compte que depuis la veille, il avait laissé tout le monde en plan. Il se demanda ce que les autres étaient en train de faire.

Derrière lui, le corps de Pauline reposait en travers du canapé, emballé dans une grande couverture. Il n'avait pas la moindre envie de s'en occuper. Il allait ordonner à deux de ses gars de venir la prendre, décida-t-il. Il se fichait de ce que le Gouverneur allait organiser pour les morts, enterrement, crémation, ça n'avait pas d'importance. Pauline n'était plus là, ce qu'allait devenir son corps, il s'en foutait. Tout ce qu'il voulait, c'était qu'on l'enlève de son salon.

Lorsqu'il ouvrit la porte pour sortir de l'appartement, il tomba nez à nez avec Hazel, juste au moment où elle s'apprêtait à sonner, visiblement.
Elle était couverte de sang séché, elle en avait même un peu sur la figure. Il se figea.

« Ça va ? »

Non, pas elle aussi, pensa-t-il spontanément. Il la détailla pour essayer de deviner si elle avait été mordue.

« Hazel, ça va ? »

Elle fit oui de la tête. Il respira à nouveau. C'était le sang de quelqu'un d'autre.

« Rend-le moi, dit-elle seulement. Le morceau de mon fusil. Je le veux maintenant.
- Qu'est-ce que tu veux en foutre ?
- Quand je suis arrivée vous m'avez dit que je pourrai le reprendre quand je partirai. »

Il accusa le coup. Il aurait dû le deviner tout de suite pourtant. Elle avait sa parka par dessus son pull. Elle portait des chaussures de marche, et un sac à dos. Et surtout, elle était cramponnée des deux mains à son Mossberg, comme au bon vieux temps. Et elle avait retrouvé le même regard que ce jour-là.

« Et ça va t'avancer à quoi de partir ?
- Et ça va m'avancer à quoi de rester ? »

Elle avait haussé la voix.

« C'est de ta faute. Zoe et Ben sont morts et c'est ta faute ! Parce que tu m'as pris mon fusil ! »

Elle s'était mise à crier tout à fait.

« Si je l'avais eu j'aurais pu faire quelque chose, mais j'avais rien ! J'étais là et il y avait les morts et j'avais rien du tout ! Et Zoe est morte parce que j'ai pas pu l'aider ! Si j'avais eu le fusil je l'aurais empêché ! »

Il resta un instant stupéfait devant son explosion de colère. La petite Hazel, elle était si douce, si silencieuse, il avait oublié qu'elle était capable de ça. Il revit ce moment où il l'avait laissé au bord de la route et où elle lui avait souhaité de crever, lui et tous les hommes. Elle avait la même expression furieuse, butée.

« Je veux mon fusil tout de suite ! Et m'en aller d'ici !
- Et ben parfait, fous le camp ! » hurla-t-il à son tour.

Il revint dans l'appartement, et alla directement là où il rangeait ses armes et ses munitions. La pièce pour le Mossberg était là, parmi le reste, depuis le début. Il la prit rageusement, s'empara d'une boite de cartouches calibre 12, et revint les lui fourrer dans les mains.

La timidité des cimesOpowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz