29. J'ai tout raté.

330 34 245
                                    


« Non mais t'as qu'à carrément venir avec ton pyjama et tes chaussons, tant qu'à faire

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou télécharger une autre image.

« Non mais t'as qu'à carrément venir avec ton pyjama et tes chaussons, tant qu'à faire. »

Le ton de la voix était exaspéré et réveilla l'objet de son sarcasme en sursaut.

« Gneh ? » fit Merle.

Il se redressa d'un coup, passant sa main sur sa figure mal rasée.
« J'dormais pas, mentit-il.
- Mais non, bien sûr, c'est Hazel qui ronfle comme ça.
- J'ronfle pas », protesta-t-il au mépris de l'évidence.

Rose passa devant lui tandis qu'il se recomposait une expression d'adulte-pas-du-tout-endormi.
« C'est bon, tout le monde est au courant que tu veux être là quand elle va se réveiller, pas la peine de faire tant de zèle.
- Et si elle ouvre les yeux et qu'elle se retrouve toute seule, hein ? » ronchonna-t-il.
Elle leva les yeux au ciel.

« Qu'est-ce que tu fiches ? questionna-t-il en la voyant prendre le bras de sa patiente.
- Je lui enlève tout ça avant qu'elle se réveille, sinon ça va mal se passer.
- Hein ?
- Ta p'tite copine, elle a une phobie monumentale des aiguilles, figure-toi. Si elle voit la perf' dans son bras, elle est capable d'avoir une crise de panique.
- Comment tu sais ça, toi ?
- A ton avis, la visite médicale quand les gens débarquent, elle sert à quoi ?
- Elle l'a jamais dit à personne.
- Y a des tas de choses qu'elle a jamais dit à personne, au cas où t'aurais pas remarqué.
- Les aiguilles, c'est quoi l'rapport avec ce qui lui est arrivé avant ?
- Aucun. Elle en a peur depuis toute petite, ça n'a rien à voir avec les agressions qu'elle a pu subir ensuite, même si c'est sûr que ça a dû préparer d'une certaine façon le terrain à son haptophobie aiguë.
- Hapto-comment ?
- Haptophobie. Peur des contacts physiques.
- Ah, ça, ouais, j'étais au courant. Le truc des aiguilles, non. Mais c'est complètement débile, elle est capable de se tailler les bras pourtant, quelle différence ?
- Faut pas chercher de logique dans les phobies. Pour elle, une seringue et une lame, c'est pas pareil. Je n'ai pas pu lui faire de prise de sang à sa visite médicale la première fois, et tu me connais, c'est pas faute d'avoir essayé d'appliquer la procédure. On va d'ailleurs avoir le même problème dans pas longtemps.
- Pourquoi ?
- Parce qu'elle est complètement anémiée, et que même si son bras guérit bien, il va falloir que je lui refasse des analyses sanguines pour surveiller la jolie collection de carences qu'elle se tape. Et là on va pas y échapper, va bien falloir d'une façon ou d'une autre trouver un moyen de lui mettre une aiguille dans le bras. Tu me diras, je pourrais me contenter d'attendre avec ma seringue à la main qu'elle me tape un malaise vagal et tombe dans les pommes, là au moins je pourrais la piquer peinard. »

Elle venait de finir de retirer la perfusion, et remballa le matériel, après avoir mis un petit pansement à la place de l'aiguille.

« C'est à c'point ? s'étonna Merle.
- Bien sûr. Sauf que c'est pas exactement le genre de relation patient-médecin que j'aimerais qu'on mette en place, elle et moi. On est censé bâtir du soin sur de la confiance, pas sur la torture.
- Moi j'y comprends rien, déjà, pour commencer. Qu'elle ait peur des types, ça c'est un peu normal, mais pourquoi elle fait pas confiance aux femmes non plus ? C'est pas logique.
- Non, mais sa phobie, c'est pas un problème d'hommes ou de femme, le problème c'est l'aiguille.
- Ben oui, mais après ce que ces gars lui ont fait... »

La timidité des cimesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant