Chapitre 43

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Il fallut plusieurs heures à tout le monde pour la préparer mais lorsqu'elle commença, la fête ne s'arrêta plus durant plusieurs jours. Tout le royaume, en réalité, fêtait la nouvelle. Les villageois, habitants, et même les voyageurs, n'avaient jamais accepté l'occupation de l'Alliance. Pour tout le monde, c'était un juste retour à la normale. Le premier soir, mon frère fit un discours. Il remercia les soldats pour leur implication et leur aide, les habitants pour leur dévouement et leur loyauté sans faille, la Brigade de Protection des Mers et Océans pour leur aide indiscutable, puis il me remercia pour, selon ses dires, mon courage et ma force dans la capture de l'ennemi. Ce qui me toucha le plus fut qu'il assura que nos parents auraient été fiers de moi.

Après le moment solennel, et durant plusieurs jours se déroula la fête un peu plus libre. Je crois que si l'on demandait à mon frère d'en raconter les évènements, il en serait bien incapable. Beaucoup eurent vite atteint leur limite d'alcool, aussi on retrouvait de partout des ronfleurs, une chope à la main.

Mais alors que tous s'amusaient, je vis Curam assis à sa place, les yeux plongés dans une profonde inquiétude. Hors voir Curam inquiet n'était pas sans conséquence. Lorsqu'il releva la tête et intercepta mon regard, il se mit debout avant de me demander de le suivre d'un mouvement de la tête. Je contournai la table pour ne pas le perdre de vue tandis qu'il quittait la salle des fêtes. Je dus le suivre à travers de nombreux couloirs et escaliers avant de reconnaître le chemin. Alors, sans un mot, je le laissai m'y conduire. Sentant que la conversation qui arrivait serait ô combien importante.

Après une heure de marche intensive, nous parvînmes enfin devant la porte. La porte de la salle du Joyau des Six Royaumes. Il s'arrêta devant elle, la contempla avec respect, les deux mains posées sur son bâton de marche. Quand j'arrivai à son niveau, il me demanda d'une voix calme, presque mélancolique : « Tu dois mourir d'envie de l'ouvrir, n'est-ce pas ? Cette attraction qu'elle exerce sur toi est si puissante que je ne pourrais jamais l'imaginer, surtout en ces temps de liesse.

Observant les dorures, je me sentais attirer vers celle-ci, plus encore que la dernière fois. Les fortes émotions, telles que le bonheur, rendaient cette attirance insupportable.

  - Seulement, jamais je ne devrais l'ouvrir. Mes ancêtres ont vécu en résistant à cette attraction, pourquoi ne le pourrais-je pas ?

  - Ariane, tes ancêtres, hormis Héra, ne connaissait ni l'emplacement, ni l'existence de cette salle, de ce joyau. Les gardiens y veillaient. Désires-tu savoir pourquoi ?

Je secouai la tête négativement.

  - Je crois le savoir. Si l'une d'elles en était venue à subir ses pulsions, le sort du monde aurait été en grand danger.

Me lançant un regard étrange, il acquiesça cependant.

  - Exactement. Cette porte ne doit jamais être ouverte.

Il se retourna vers moi, m'observant avec un sourire compatissant.

  - Seulement, tu le feras de ton plein gré.

Je fronçai les sourcils. Que voulait-il dire ? Jamais je ne pourrais faire ça, sachant ce que cela pourrait entraîner. Je lus dans ses yeux qu'il savait.

  - Qu'as-tu vu ?

Malgré l'inquiétude présente dans ma voix, il esquiva ma question d'un regard sombre.

  - Une époque plus noire encore approche.

Il rajouta, juste après que j'ai ouvert de grands yeux horrifiés :

  - Tiens-toi prête. »

Puis, il s'en retourna vers le couloir. Trop bouleversée, mes jambes refusèrent de bouger. Une époque plus sombre... Les épreuves étaient encore loin d'être finies. Alors qu'une larme discrète se fraya un chemin brûlant sur ma joue, je tombai à genou. Les yeux levés vers la porte, je priai Mère Nature pour l'avenir du monde.

Le Joyau de la CouronneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant