Chapitre 49

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Ne sachant comment réagir, je m'approchai un peu du lieutenant, tentant de le calmer. « Klevs, j'apprécie ton inquiétude pour moi mais il est impossible de faire autrement.

Troublé, ne voulant pas croire en mes paroles, il s'approcha jusqu'à ne se tenir éloigné que d'un seul pas.

  - Et comment cela serait-il impossible ?

Je pris un respiration afin de réexpliquer la chose dans le calme. En réalité, j'étais bouleversée. Mais rassurer mes amis était bien la dernière chose que je pouvais faire pour eux. Je pris ses mains entre les miennes pour capter son attention.

  - Pour mettre fin au conflit, je dois tuer l'Empereur Noir. Seulement... il a énormément de pouvoirs et je ne sais pas si j'en serais capable. Et si il apparaissait que mes pouvoirs seuls ne soient pas suffisant, je devrais user du Joyau des Six Royaumes. Hors son pouvoir est bien trop grand. J'arriverais certainement à abattre Dahar, mais je n'y survivrais pas.

Immédiatement, Klevs se colla un peu plus, perçant mes yeux des siens.

  - Alors il y a un espoir, je me trompe ?!

Je soupirais, cela m'agaçait et me désespérait qu'il ne veuille pas comprendre.

  - Klevs, ne rends pas les choses plus compliquées qu'elles ne le sont. Il est sûr et certain que je ne serais pas assez puissante seule. Je n'ai jamais combattu contre de si grands pouvoirs... A vrai dire je n'ai jamais combattu contre une personne détenant des pouvoirs.

Alors qu'il allait continuer sur sa lancée, Curam l'arrêta d'une main sur son torse, l'empêchant ainsi de se rapprocher d'avantage.

  - Lieutenant, cela me bouleverse autant que vous. Seulement, prenez en compte une chose : l'affaire est plus dure pour elle que pour nous.

Je baissai les yeux, c'était exactement ce dont je ne voulais pas qu'ils se rendent compte. Ils n'avaient pas à porter mon malheur en plus du leur. J'enlevai la main de Curam du torse de Klevs, secouant la tête avec un pauvre sourire.

  - Ne t'en fais pas, Curam, je vais bien. Si je dois me sacrifier pour vous sauver, je le ferais sans hésiter. C'est peut être l'une des plus belles morts que de mourir pour ceux qu'on aime.

Les deux hommes portaient sur moi un regard désespéré. Je sentais qu'ils auraient voulu me contredire, cependant, aucun d'eux ne trouva les mots. Posant alors mon regard dans les yeux bleus de Klevs, je lui souris pour le convaincre, ou peut-être me convaincre moi-même, que ça irait. Ses yeux devinrent humide et, sans réfléchir, il prit mon visage en coupe et m'embrassa. Je ne pus réagir. Dans son baiser humide, il mettait toutes ses émotions. Son désespoir autant que son amour. Klevs n'était plus le lieutenant, il était l'homme amoureux, sur le point de perdre celle qu'il aimait. Je rougis violemment quand il se sépara enfin de moi, posant une main devant ma bouche. Me regardant tristement, il passa une main tendre dans mes cheveux avant de partir dans l'autre sens.

Je restai plantée sur place pendant un moment avant d'entendre Curam se racler la gorge. Je revins subitement à la réalité. Jetant un œil à mon ami, je rougis de nouveau. Il avait assisté à toute la scène. Alors que je détournais le regard, il déclara doucement : « Il n'y rien de honteux à cela, Ariane. Sois simplement honnête avec lui quant à tes sentiments. Quels qu'ils soient. Et avant qu'il ne soit trop tard... , ajouta-t-il d'un murmure. » Je hochai la tête, regardant mes pieds.


Je ne dormis pas de la nuit. Je ne faisais que penser à tout ce qui était arrivé depuis notre arrivée à Séphylia. Toutes ces révélations, mes souvenirs retrouvés, le baiser de Klevs. Et plus j'y repensais, plus je me disais qu'il me fallait être honnête avant de partir. Ainsi, si après cela il ne souhaitait plus m'accompagner, et qu'importe la raison, il pourrait aller avec l'armée et Curam à la Bataille du Milieu.

Le Joyau de la CouronneWo Geschichten leben. Entdecke jetzt