Epilogue

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« Les fleurs se sont fanées sous mes larmes alors que la pluie glissait sur ma peau. Cachées, personne ne voyait à quel point mon cœur pouvait saigner. A vrai dire, moi-même je ne savais pas si je me rendais bien compte de ce que je vivais. Mourir ? Plusieurs fois, j'y ai pensé mais jamais je ne suis parvenue à le faire. J'aurai aimé y parvenir, tant de fois j'ai rêvé de pouvoir enfin mettre un terme à tout ça, d'avoir enfin le courage de faire ce que tant ont déjà fait mais je pensais simplement ne pas avoir cette force qui me permettrait de réaliser cette envie qui m'obsédait tant. Je me sentais faible, inutile, insignifiante. Ma vie entière me semblait grotesque et ridicule. Pourquoi ? Je ne le sais même plus. D'ailleurs l'ai-je vraiment su un jour ? Je ne sais pas, je ne sais plus mais en réalité, je ne veux même plus le savoir. J'aimerai oublier toute cette partie si... Sombre de ma vie mais, pour être tout à fait honnête, je ne regrette pas tout. Certes, la honte d'avoir un jour pu penser mettre fin à ma vie me poursuivra jusqu'à ma mort, jamais je ne pourrais oublier cette sensation si douloureuse qu'est de vivre par obligation mais sans envie, sans désir, juste pour les autres, jamais je ne pourrais faire comme si de rien n'était. Pourtant, j'ai eu beau souffrir d'être restée si longtemps dans le noir, je suis désormais bien. Je n'irai pas jusqu'à dire que je suis heureuse d'avoir vécu toutes ces choses que je ne saurai décrire mais je ne regrette rien. Pourquoi ? Parce qu'aujourd'hui, je suis bien. Je ne saurai dire si ce n'est qu'une illusion de plus qui finira par de nouveau disparaître mais j'espère sincèrement que, si ce n'est qu'un rêve, je ne me réveillerai jamais.
Je ne voulais pas parler de cet enfer à qui que ce soit parce que je me trouvais honteuse, puérile et tout bêtement mal dans ma vie sans me rendre compte que cet enfermement sur moi-même ne faisait que de m'enfoncer encore plus profondément. Je pensais pouvoir m'en sortir seule, sans l'aide de personne, sans entraîner qui que ce soit dans ce puit sans fond, juste moi et moi seule dans mon coin. A vrai dire, le fait que personne ne remarque rien ne faisait que de me conforter dans l'idée que je me devais de sortir de ce noir le plus complet par mes propres moyens jusqu'à ce qu'enfin quelqu'un réalise à quel point j'étais plongée dans la souffrance. J'aurai vraiment essayé de me cacher de lui parce qu'il me mettait mal à l'aise. Il semblait lire en moi comme dans un livre ouvert et ça en était effrayant. Par moments, j'avais cette étrange impression qu'il me connaissait mieux que je ne me connaissais moi-même. C'était curieux mais en quelque sorte rassurant. Il était en quelque sorte devenu mon refuge. Je ne pouvais plus m'éloigner de lui, je ne voulais plus m'éloigner de lui... J'ai commencé à entrevoir la lumière de jour grâce à lui, lumière qui était jusqu'alors toujours restée d'une obscurité sans nom. Sa présence ? J'y suis devenue dépendante.
Je ne serais pas capable de dire si je serais un jour dans la capacité d'oublier cette souffrance qui m'a si longtemps accompagnée mais maintenant que je suis avec lui, j'ai cette étrange impression de pouvoir tout faire. Je ne sais pas si, sans lui, je serai là aujourd'hui. Je lui dois tout.
Il est devenu la chaleur qui me prend dans ses bras les soirs d'hiver enneigés, la douce odeur enivrante des roses venant m'envelopper par une belle journée de printemps, la plume qui me permet aujourd'hui d'écrire l'histoire, mon histoire, celle que je veux vraiment, la seule et l'unique. Pas celle que l'on m'a imposée mais celle que j'ai choisi. Il est tout simplement devenu l'étoile qui illumine ma galaxie. »

- Toujours en train d'écrire ?

Surprise, je sursaute. Je ne pensais pas qu'il viendrai me trouver ici pour me perturber en pleine écriture.
Amusé par ma réaction pour le moins inattendue, il rit légèrement, s'amusant de ma crédulité, tandis qu'il vient s'asseoir à mes côtés pour prendre la place de pégase, poussant ce dernier encore plus loin de moi.

- Oui ! Et toi ? Ne devrais-tu pas être en cours ?
- Je suis bien mieux ici, avec mi rosa, sourit-il. Et puis, ma dernière classe de la journée est actuellement en sortie aujourd'hui alors j'en profite.
- Oh je vois.
- Je peux lire ?
- Non !, tirais-je la langue avant qu'il n'en profite pour m'embrasser chastement.

Nos regards se rencontrant par hasard, sa main vient doucement caresser ma joue droite alors que ses lèvres viennent de nouveau rencontrer les miennes et, fermant les yeux, un feu d'artifice prend vie en moi. Comme à chaque fois qu'il m'embrasse, je ne peux m'empêcher de croire rêver. Pourtant, je sais très bien qu'après tant de temps, je ne devrais pas douter de cette réalité belle et bien vraie mais j'imagine que, peu importe le temps qui passera, lorsque ses lèvres frôleront les miennes, je resterai toujours autant surprise, pensant que cette chance est totalement folle.
Doucement, nos bouches se séparent et, me regardant avec une tendresse infinie, il semble hésitant, me laissant m'interroger en silence.
Habituellement, lorsqu'il m'embrasse, un sourire enfantin vient immédiatement se glisser sur ses lèvres ; c'est d'ailleurs quelque chose qui me plaît énormément, mais aujourd'hui, quelque chose semble le préoccuper. Que lui arrive-t-il ?
Se décalant légèrement pour prendre quelque chose dans sa poche, il en sort une petite boîte tout de tissu bleu orné. Un bleu nuit qui me rappelle délicieusement ces nuits passées enfermés dans cet internat, rien qu'avec lui dans cette serre, près de ces roses bleues qu'il est parvenu à faire pousser dans la serre qu'il m'a offerte pour mon anniversaire. Là où nous avons pris l'habitude si exquise de nous retrouver chaque soir comme si elle était devenue notre nouveau refuge.

- Mateo ?, demandais-je, interloquée.

Il sembla soudainement se réveiller, sortant de ses pensées avant qu'il ne laisse passer sa main dans ses cheveux comme il le fait toujours et, je dois bien avouer que... J'adore lorsqu'il le fait. Je le trouve terriblement craquant lorsqu'il le fait.

- April ?, souffla-t-il, terriblement gêné.
- Oui ?
- Euh... Je...

Je rie légèrement. Pour une fois que je ne suis pas celle qui est gênée !

- Dis-moi, Mateo, je t'écoute, souriais-je en lui prenant sa main.
- Tu ne riras pas, hein ?
- Tu me connais bien, non ? Alors penses-tu vraiment que je pourrais me moquer de toi ?
- Oui, pardon... C'est juste que...
- Allé, tu me fais peur là... !, commençais-je vraiment à paniquer.
- April ?
- Oui ?
- Epouse-moi, dit-il soudainement en ouvrant la petite boîte qu'il me tend alors.

Devant mes yeux se trouve une fine bague ornée d'un beau diamant bleu, allant à la perfection avec le collier dont la rose ne m'a plus jamais quittée. Je suis sans voix...
Mon dieu... C'est vraiment en train d'arriver... ? Je... C'est... C'est fou... ! Je me souviens que, petite, je rêvais de me marier. D'avoir un beau et grand mariage où les lumières seraient magnifiques, la musique parfaite mais aussi et surtout le ciel se reflétant dans la mer s'éloignant à perte de vue, se mélangeant à la perfection avec les étoiles qui illumineraient la plage sur laquelle je me trouverais avec celui que j'aurai aimé mais... Mais jamais je n'ai osé croire que cela m'arriverait à 18 ans... Et avec une personne aussi parfaite que lui... C'est... Mille fois mieux que ce que tout ce dont j'aurai pu rêver...

- April... ?, demande-t-il, la voix brisée.
- Je... Oui...
- Oui... ?
- Oui... C'est oui... Oui !, sautais-je dans ses bras, nous faisant tomber du lit alors que nous explosons de rire en cœur.
- C'est vrai ?, me demande-t-il sans parvenir à cacher la joie dans sa voix.
- Oui !

Me prenant alors avec force dans ses bras, son rire vient directement s'abattre dans mes oreilles, me faisant frissonner avant de me laisser m'asseoir sur ses cuisses pour nous laisser nous relever et, prenant ma main gauche dans la sienne, il passe délicatement la bague à mon annulaire. Tout comme moi, il ne peut quitter ma main du regard, caressant du bout de son pouce cette bague qui habille désormais ma main, signe de notre union que plus personne ne pourra briser.
Mon cœur bat si fort que j'ai l'impression qu'il pourrait finir par se rompre en quelques instants mais, visiblement, je ne suis pas la seule puisque, lorsque mes mains viennent se poser sur son torse, je réalise que le sien bat au moins aussi fort que le mien.
Nos lèvres viennent se sceller dans un baiser furtif qui me laisse sans voix, montrant sans la moindre peur tout l'amour que nous nous portons l'un à l'autre depuis déjà plus d'un an.

- Je t'aime, mi rosa.
- Je t'aime encore plus, monsieur Garcia.

Teach Me Love...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant