Chapitre XXXIII : Ce qui est bon coûte cher.

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Nora Roberts a une plume magnifique (enfin pour moi c'est sa traductrice que je lis mais bon XD (Béatrice Pierre)). Ce petit chapitre calme et sans problème sert de pause à Yukino avant qu'elle ne parte à la recherche de son mari. Puisse-t-elle en profiter...ou pas (:


Le matin suivant, Yukino se rongeait les ongles. Du fond de son cœur, elle maudissait ses deux compagnons pour leur retard incroyable.

_ Natsu et Lucy, ce sont de gros dormeurs, susurra Roméo tandis qu'il laissait ses jambes se balancer depuis sa haute chaise de bois de saule.

Le premier coq avait chanté depuis deux bonnes heures et les colocataires de la nuit orageuse ne se réveillaient toujours pas. Dehors, la boue était reine du village. Les employés de l'auberge s'étaient levés, vibrant d'énergie et de bonne humeur. Ils s'affairaient, autour de leurs premiers clients du jour, sans pour autant leur adresser la parole. D'un geste poli de la main, la propriétaire de l'auberge, celle dont les cheveux pourpres restaient un mystère aux yeux de Roméo, avait invité, toujours dans un mutisme masqué par sa toux, Yukino et son fils à s'asseoir à une table. Nerveuse comme jamais, Yukino n'avait pas longtemps hésité sous le regard encore ensommeillé de son enfant. Ce dernier lâchait de temps des bâillements si profonds que sa mère se demandait s'il n'avait pas fait un cauchemar pendant son sommeil.

L'auberge choisie par Yukino était un choix judicieux. Tandis qu'au premier et au deuxième étage logeaient des voyageurs intrépides, au rez-de chaussée l'établissement ''L'antre de l'oncle d'Apophis'' proposait un café, simpliste mais très apprécié par les clients. Et alors qu'elle sentait son ventre se serrer lorsqu'elle percevait des parfums doux et sucrés, Yukino se tourna vers Roméo qui se rendormait doucement sur le dossier de sa chaise.

_ Tu as faim Roméo ?

_ Hum... ? Non pas trop, répondit le garçon en ouvrant néanmoins les yeux.

Puis, lorsque le hasard força le regard de l'enfant à se promener le long des étagères proposant une grande variété de pâtisseries, aussi belles à observer les unes que les autres, Roméo se laissa tenter.

_ En fait si, se reprit-il avec un sourire sur les lèvres.

Et alors que Yukino se levait pour aller jeter un coup d'œil à ce que proposait l'établissement, Roméo en profita pour se rendormir, toujours confortablement adossé à sa chaise de bois de saule, du bonheur aux lèvres.

Derrière les étagères, un tablier jaune doré noué autour de leur taille, deux cuisiniers discutaient calmement entre eux.

Le premier était en réalité une vieille femme, âgée et ridée dans l'espace qui séparait son nez et sa bouche de ses joues rebondies mais pâles. Ses cheveux teintés de bleus et raccourcis à la hauteur de son menton lui encadraient le visage. De grosses lunettes semblaient soutenir ses yeux tous aussi ensommeillés que ceux de Roméo.

Le deuxième cuistot avait l'air tout aussi vieux que sa commère si ce n'était que plus. Une petite barbichette grise assiégeait son menton sculpté en lame de couteau tandis que son front luisait à la lumière du jour. Il était grand de taille et semblait bien plus fort que l'on pouvait le présumer à partir de son âge.

Ils parlaient donc entre eux, d'un ton familier comme s'ils se connaissaient depuis des lustres.

_ Tu es sûr d'avoir fait passer le menu de demain à Kin ?

_ Mais oui, mais oui ! Arrête de me le demander, soupira profondément le vieil homme en fixant le plafond. J'ai peut-être plus la peau tendue d'un jeune, mais je ne suis pas non-plus une momie enroulée de poussière, plaisanta-t-il.

_ Ce serait quand même dommage. Les clients m'ont personnellement demandé de remplacer la salade froide aux haricots par quelque chose de plus chaud. Avec ce mauvais temps, ils ont parfaitement raison...

_ Arrête de t'inquiéter petite crevette, fit le cuistot en tapotant la tête de sa congénère, un air conciliant sur le visage. J'ai donné le fameux papier avec ta recette à Kin ce matin-même. Elle n'a pas beaucoup réagi mais je suis sûr que quand elle prendra le temps de le relire, elle sera aussi fière de toi que moi.

_ Tu penses vraiment ? hésita-t-elle en tripotant ses doigts minces.

_ J'en suis certain petite crevette.

_ Alors tant mieux. Ça me rassure.

La conversation entre les deux cuisiniers du café se terminait enfin lorsque Yukino atteignit l'étagère aux milles merveilles. Un éclair au chocolat interpella son attention alors qu'une meringue blanche neige lui faisait effroyablement envie. La vieille dame aux cheveux bleus retourna en cuisine et son interlocuteur de tantôt s'approcha de sa potentielle cliente.

_ Vous désirez ? offrit-t-il d'une voix grave mais chaleureuse.

La mère de Roméo releva alors la tête, les yeux pleins d'étoiles et d'espoir.

_ J'hésite beaucoup. Tout a l'air très bon...que me conseillez-vous ?

_ Oh ! Et bien toutes les pâtisseries de couleurs claires sont fabriquées par ma femme. Elle manie parfaitement la vanille, le citron et les abricots. Je peux vous recommander la tartelette aux dates que vous pouvez voir à gauche. Les clients la flattent beaucoup. Sinon, moi, je m'occupe de tout ce qui est plus sombre. Les éclairs au chocolat, les chaussons à la cannelle et les gâteaux aux figues et aux fruits des bois, c'est moi qui les prépare. En ce moment, les chaussons tous chauds font fureur !

_ Oh, ça a l'air très appétissant. Mais...pour les prix ?

Perplexe, le responsable des éclairs au chocolat pointa du doigt les petits cartons qui décoraient chaque représentant de fournée. Les yeux de Yukino s'abaissèrent au niveau des étagères. Ils s'ouvrirent alors, laissant tout public les voyant penser à des soucoupes blanches cernées de noir.

_ Je...merci. Je pense que je vais prendre...euh...cette tartelette et ce sera tout, fit-elle amèrement.

Pourquoi tout était aussi cher ! Yukino était follement déçue de se priver d'un tel potentiel festin. Comment pouvait-on être aussi cruel ? Bon...Si les prix étaient aussi élevés, c'était sûrement que les marchandises faisaient effectivement fureur. La blanche espérait seulement que Roméo apprécierait le petit cadeau qu'elle s'apprêtait à lui offrir.

Le bruissement du temps.Wo Geschichten leben. Entdecke jetzt