Chapitre 6

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Le vent s'abat encore violemment contre les arbres.
Le feu prend de plus en plus d'ampleur tandis que l'eau s'agite.
La même femme est encore là, debout au milieu de la rivière.
Je ne distingue pas son visage, simplement ses long cheveux noirs collant à sa peau blanche. Elle semble sortir tout droit de l'enfer.
Elle avance d'un pas, je recule d'un pas. Mon cœur tambourine dans ma poitrine et une petite voix dans ma tête me chuchote que je ne suis pas en sécurité ici.

- Bryséis.

Mon prénom sort de ses lèvres comme un écho. Soudain, la foudre vient frapper les arbres et le son du tonnerre gronde violemment, instinctivement mes yeux se lèvent vers le ciel maintenant noir.

- Bryséis, retentit une nouvelle fois la voix de la femme.

Mes yeux rencontrent les siens, elle est sortie de l'eau. Sur la rive, elle me fixe, inexpressive, je ne vois pas la totalité de son visage, je n'en aperçois que la moitié. Ses iris bruns continuent de me scruter passivement.

- Bryséis.

Je sursaute, plusieurs voix m'appellent. Alors, d'autres corps sortent de l'eau et entament une marche lente jusqu'à la rive. La femme devant moi tend le bras vers nous.

- Bryséis, continuent-ils de m'appeler.

Leurs voix sont de plus en plus fortes, elles résonnent dans ma tête douloureusement. Je passe mes mains sur mon visage et ferme les yeux. Je veux que ça s'arrête, je suis absolument terrifiée, ils sont probablement des centaines à hurler mon prénom dans ma tête, elle va finir par exploser. Mes genoux finissent par fléchir, je tombe sur le sol, mais je n'ouvre pas les yeux. Je ne veux pas les ouvrir, je ne veux pas les voir.

Pitié sortez moi de là.

Mon cœur cogne contre ma poitrine de manière irrégulière, ma respiration saccadée et la seule chose que je peux entendre par dessus leurs voix.

- Arrêtez ! hurlé-je.

Soudain, le hurlement d'un loup déchire l'atmosphère et fait cesser finalement leurs voix.

***

Mes yeux s'ouvrent en grand, un cri sort du fond de ma gorge en même temps que je me redresse de mon lit.

- Bryséis !

Eden débarque paniquée dans ma chambre, elle accourt jusqu'à mon lit et s'y assied au bord. Je passe ma main tremblante sur mon visage, mes joues sont trempées par les larmes et la sueur perle mon front. Les bras de la rousse me ramènent contre elle, offrant une étreinte réconfortante. Elle frotte doucement mon dos, et petit à petit je me calme, ma respiration redevient normale et mon cœur se stabilise à son tour.

- Chut... calme toi, murmure mon amie.

C'était quoi ça encore ?

Je fais beaucoup de cauchemars ces derniers temps, mais celui là était probablement le pire. D'un point de vue extérieur on pourrait dire que j'exagère, que concrètement il n'y avait pas grand chose de terrifiant.
Mais ça semblait si réel.

Je laisse tomber ma tête contre l'épaule de mon amie en lâchant un long soupir, c'était qu'un cauchemar.

- Ça va mieux ? demande t-elle inquiète.
- Oui, reniflé-je, merci...

Je me sépare de lui, la rousse me considère un instant, probablement pas convaincue de ma réponse. Mon corps entier est engourdi, ma tête semble peser une tonne, les conséquences d'une fatigue accumulée.

The Night is BlindOù les histoires vivent. Découvrez maintenant