Chapitre 20

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Durant quelques jours, Eden est restée chez moi voulant s'assurer que tout allait bien pour moi. C'est le cas, du moins lorsque je ne suis pas seule. Dans le cas contraire, je laisse mon esprit divaguer vers des pensées des plus sombres et inquiétantes. Je suis constamment dans l'interrogation, sur ce que je suis, sur ce qui m'entoure. Les informations que j'ai réussi à récolter chez Elias me laissent perplexes, et plus j'y pense, plus j'ai envie de les explorer. Je sens que mon identité réside entre ces lignes, il faut simplement que je la retrouve.

Tous les jours je vois mes amis, ils exigent me voir au moins une fois par jour, ils s'inquiètent énormément, j'ai tout de même réussi à convaincre Eden qu'il n'était plus nécéssaire qu'elle dorme chez moi tout les soirs. Je n'ai pas encore repris les cours, l'idée de remettre les pieds dans l'amphithéâtre m'angoisse légèrement. La dernière fois j'ai eu une hallucination devant tout le monde. Étrangement, aucun de mes amis n'a posé de questions sur ce qui c'était passé, peut-être par peur de connaitre la réponse, ou tout simplement parce que ceux qui m'ont fait ça ont très bien réussi leur coup. Tant mieux, je ne vois pas ce que j'aurais pu leurs dire. Eden m'a raconté que mes parents avaient dû partir peu avant que je sorte pour une urgence professionnelle qui ne pouvait plus attendre. Ils avaient l'intention de revenir dès que possible, mais après les avoir eus au téléphone, j'ai pu les persuader que tout allait bien. Mais malgré ça, je me doute qu'ils ne vont pas tarder à débarquer.

Sinon je n'ai strictement rien fait, je n'ai pas eu le courage de me replonger réellement dans mes recherches, j'ai juste voulu souffler un peu, alors je passe mon temps sur le canapé, emmitouflée dans une couverture devant la télévision. C'est un peu pathétique.

Je pensais que mon retour chez moi arrangerait tout, que je me sentirai mieux. Et ce fut le cas au début, le sentiment de me retrouver m'a apaisée les premiers jours, mais maintenant une étrange sensation tiraille mon coeur. Je me sens vide, le sentiment qu'il me manque quelque chose est omniprésent, je traverse chaque seconde de ces derniers jours avec un pincement au coeur, sans savoir d'où cela provient. Auparavant, je n'avais jamais rien ressenti de semblable à ça, c'est comme lorsque le ciel s'assombrit, notre humeur en pâtit sans vraiment de raison logique. Je me sens malgré moi, triste alors que tout devrait me réjouir.

On frappe à ma porte.

Je me lève du canapé pour me diriger vers celle-ci, vérifie dans l'oeillet de la porte et j'aperçois Nakia. Je lui ouvre, mon amie me sourit de tout ses dents lorsqu'elle me fait face et saute presque dans mes bras. Son mouvement me fait perdre légèrement l'équilibre, son enthousiasme me fait plaisir, elle m'avait manqué.

- Moi aussi je suis contente de te revoir Nakia, gloussé-je.

Elle se détache de moi, un grand sourire plaqué sur ses lèvres.

- Tu peux pas savoir à quel point tu m'as manqué, soupire-t-elle.

Je m'écarte afin de la laisser entrer, je ferme la porte à clés derrière elle, on est jamais trop prudent. Nous nous installons dans le salon, mon amie peine à rester en place, elle semble avoir un tas de choses à me dire.

- Ça va mieux ? s'inquiète t-elle.

- Oui beaucoup mieux.

Un mensonge de plus ou de moins, je ne vois pas ce que ça change. Elle souffle, tous les muscles de son corps semble se détendre instantanément. Mais je perçois son trouble, elle joue nerveusement avec ses doigts et n'ose plus rien dire. Je fronce les sourcils, bien que je me doute bien de quoi il s'agit, je ne tiens pas particulièrement à répondre à cette question.

- Il y a tout un tas de rumeurs te concernant... hésite Nakia. Certains disaient que tu étais devenue folle, d'autres que tu étais malade...

Je baisse la tête, ne sachant pas quoi répondre. J'ai cru être folle, mais si je suis aujourd'hui persuadée que ce que je vois est bien réel, le mois dernier c'était une tout autre histoire. Ça fait partie de moi, bien que je ne sache pas encore de quoi il s'agit réellement, j'ai la conviction que ce que je vois a du sens. Une personne extérieure, ne connaissant rien à l'existence du surnaturel me prendrait pour une dingue alors dire que j'étais malade me semble plus sûr, pour eux comme pour moi, je ne pense pas que tout le monde soit prêt à accepter la vérité.

The Night is BlindOù les histoires vivent. Découvrez maintenant