Chapitre 17 : Le Rat Vengeur

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On avait largement dépassé et piétiné les limites de ma patience.

Cette greluche de Blanche me collait aux basques telle une truie au porcher, depuis le petit matin. Lazare avait disparu, Saül aussi, me laissant seule avec cette… cette…

-Je suis sûr que Lazare adorerait me rejoindre entre les draps, roucoulait Blanche, en passant un doigt songeur sur ses seins démesurés. Il a toujours était fort vigoureux, un véritable animal… Maintenant qu’il est libre, partager sa couche m’est autorisé. Alors…

Résistant contre l’envie infantile de mettre mes mains sur mes oreilles, pour ne plus entendre ses divagations, j’en étais presque à prier le Vieux d’être sauvée de sa conversation. En arrivant dans le hall d’entrée du château, majestueuse, luxueuse, je repérai Gontran, le bras droit de Cambrinus. Il tenta de se défiler dés qu'il m'aperçut.

Un mauvais sourire aux lèvres, je le rattrapai, talonnée par Blanche.

-Gontran, cher raclure, susurrai-je en le forçant à se tourner vers moi. Tu dois bien pouvoir faire quelques chose pour moi…

-Heu… Je…

Pâle, il n’osait croiser mon regard. Mon sourire s’accentua.

-Occupes-toi de la greluche qui me suit. Ça évitera aux servantes de récurer un sol couvert de sang.

-Bien…

-Tu peux toujours rêver, Gontran, cingla Blanche. Je fais ce qui me plaît en ce château.

Je pivotais vers elle, avec une affreuse envie de lui tordre le cou.

-Je suis toujours Duchesse de Fresnes. Tu as beau être la maîtresse de mon époux, tu n’en restes pas moins une courtisane incapable de vivre de ses dix doigts. Alors débarrasse le planché avant que je ne déroge à ma promesse !

Blanche eut un mouvement de recul, avant de se tapoter la lèvre inférieure de l’index, avec un air coquin de mauvais aloi.

-Je me demande si le sexe de Lazare est…

Les mâchoires serrées, je claquai des mains. Aussitôt, dans une explosion d’étincelles, les mots de Blanche s’achevèrent dans un couinement animal. A mes pieds se tenait désormais un rat de bonne taille. Gontran, le souffle coupé, me regarda pour la première fois. Je lui offris mon plus beau sourire… Avant de hurler comme une fillette.

-Là ! criai-je en pointant mon doigt sur le rat Blanche, affolée sur les dalles. Un énorme rat !

-Un rat !? s’exclama un des cuisiniers en jaillissant de la cuisine à mon cri. Ne bougez pas, Duchesse ! Je m’en charge !

Le rongeur partit en courant sur ses quatre petites pattes, terrorisé par les sabots et la poêle en fonte brandit par le cuisinier. Ils disparurent tous deux dans les couloirs du château, où d’autres vaillantes personnes se mirent à pourchasser le nuisible.

-Pernelle…

Je sursautai en découvrant Lazare, derrière moi. Il avait un air un brin accusateur.

-Quoi !? m’exclamai-je en rougissant. Si elle meurt, ce ne sera certainement pas de ma faute.

-Je t’avais dit de la laisser tranquille.

-C’est elle qui me colle aux basques. Gontran ! Dis-lui que… Mince, il a fui, le lâche !

Une main se posa sur mes cheveux, me faisant me retourner vers Lazare.

-Que t’a-t-elle dit pour t’énerver à ce point ? murmura-t-il doucement, en caressant une boucle rouge sombre entre son pouce et son index.

La gorge sèche, je croisai les bras sous ma poitrine, en une attitude de défi. Je n’allais tout de même pas raconter qu’elle divaguait sur son pénis ?

Les Affres d'une GrenouilleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant