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Je survole la ville lumière jusqu'à la Tour Eiffel, sans que personne vienne troubler le lourd silence qui s'est posé sur la métropole. Rena Rouge, vêtue de son costume rouge écarlate à queue-de-renard, me fait signe d'approcher en silence. À ma grande surprise, Carapace est lui aussi là.

- Je l'ai croisé en venant ici, m'informe Carapace, mais il ne m'a rien dit, ni m'a suivi. Enfin, je crois.

Queen Bee, les yeux rivés sur l'horizon, semble scruter le paysage enfermé dans la gueule obscure de la nuit. Je frissonne encore sous les paroles de Félix résonnant dans mon esprit. Des mains viennent soudainement se poser sur mes épaules.

- Bonsoir.

Dans un sursaut, j'attrape le poignet et l'avant-bras de cet inconnu, le fait basculer par-dessus mon épaule, et lâche son poignet pour plaquer ma main sur sa gorge et le frapper en plein visage d'un puissant coup de poing.

Une colère démesurée émane de ses yeux sombres. Il me projette dans les airs d'un vigoureux coup de pieds, pour se dégager de mon étreinte. Je chois dans le vide, sans rien pour éviter la chute. Les lumières projetées par la tour m'éblouissent, m'obligeant à fermer les yeux. Je me laisse tomber, sans démontrer la moindre résistance. Des larmes s'échappent, s'envolant dans l'obscurité de la nuit.

Huit mois auparavant, c'est lui qui tombait. C'était lui qui s'apprêtait à s'écraser sur le sol froid d'une ville haineuse envers son héroïsme. Il y a huit mois, il était encore là.

J'explose sous la colère de n'avoir rien pu faire pour lui. Je croyais que j'étais la seule à avoir besoin d'aide, alors que c'est lui qui tombait le plus souvent. Ma dernière chance m'a été donnée, et j'ai été incapable de la prendre. J'aurais dû lui lancer mon yo-yo pour qu'il puisse se rattraper sur un objet. J'aurais dû faire quelque chose, au lieu de me contenter de regarder cette scène comme une simple spectatrice. J'aurais dû être là pour lui, comme il l'a été pour moi.

Je sens quelques choses s'enrouler doucement autour de ma taille, avant de me tirer brusquement vers le haut, pour me laisser suspendre dans les airs, à quelques mètres du sol. Mon cœur bat si fort que j'ai du mal à les garder ouverts mes paupières. Suspendu à son bâton argenté, il maintient de toutes ses forces le cordon de mon yo-yo entre ses doigts griffus.

- Prépare-toi à te réceptionner ! crie-t-il.

Il lâche le fil, me laissant retomber. Je retombe sur les genoux, pliée en deux par la douleur que m'a infligé le coup de pied qu'il m'a donné. Mon corps tout entier continue de trembler, même si enfin, il est en contact avec le sol. Je m'allonge, plus que soulagée de retrouver les sols de la ville lumière. Impossible de cesser ces tremblements, mon corps encore effrayé par cette chute.

Les pas légers d'un félin s'approchent de moi, les oreilles baissées.

- Je suis désolé. Je n'ai pas vraiment réfléchi avant d'agir. Je ne voulais pas te faire tomber. Est-ce que tout va bien ?

Il me tend délicatement une de ses mains gantées, mais à mon grand malheur, ce n'est pas celle portant la bague.

- Va-t-en, sale imposteur, grogné-je en repoussant sa main.

Il attrape aussitôt mon visage, afin de m'obliger à regarder ses yeux de monstre.

- Je suis plus Chat Noir que lui-même, rispote-t-il, la mâchoire serrée.

Ses courtes canines de félins luisent sous le clair de lune, lui donnant un air de vampire. Il me lâche, me libérant de ses griffes de fauves. Il s'écarte de moi d'un pas gracieux, sans pouvoir me quitter de ses yeux maléfiques. La nuit ténébreuse se reflète en eux, témoignant toute la cruauté dont il est capable. Il est impossible que le véritable Chat Noir ait cédé sa place à cette brute inconsciente.

- Cependant, pousuit-il de sa voix posée et grave, tu devrais avoir honte d'avoir volé ce costume à la seule et véritable Redna.

Je ne peux pas rester passible une seconde de plus. Ses paroles m'enragent un peu plus à chaque fois que j'y repense. La colère me propulse à son cou, et me donne la force nécessaire pour empêcher quelconque parole sortir sa bouche. Il chute en arrière, sans pouvoir se défaire de mon étreinte étouffante.

Il enfonce ses griffes dans mes poignets, mais je ne m'arrête pas pour si peu. Les larmes me brûlent les yeux, mais je résiste à la tentation de fondre en larmes devant cet être diabolique.

-C'est moi que tu traites de voleuse ! hurlé-je en l'étranglant d'avantage.

Une colère immense émane de sa bouche écumeuse. Il me fait basculer sur le côté d'un coup de pied, puis m'immobilise au sol de toutes ses forces.

- J'ignore pourquoi tu me détestes autant, mais ne t'avise plus d'essayer de me tuer, parce que la prochaine fois, je ne retiendrais pas mes coups.

Dans un souffle, il disparaît comme l'ombre d'un fantôme. Je tente tant bien que mal à reprendre mon souffle, mais mes poumons semblent dans l'incapacité de recevoir de l'air. Mon petit cœur semble battre à la vitesse de la lumière. Pourquoi lui ? pensé-je. Qu'as-tu vu en lui que je ne vois pas ?

Autant de colère, autant de haine, cela ne pourra que le conduire aux ténèbres. Ce n'est pas un héros, c'est un nouvel ennemi, qu'il nous faudra autant craindre que ces maudits mutants. Mais qu'avons-nous fait pour mériter une telle chose ?

- Ladybug ! Viens vite, on s'en va !

Redna me prend dans ses bras tandis que Queen Bee et Carapace surveillent nos arrières. Nous disparaissons à notre tour dans la gueule obscure de cette terrifiante nuit, avant qu'un mutant ne fasse irruption.

- Je raccompagne Ladybug chez elle, prévient Redna. Rentrez chez vous, on se revoit demain soir.

Chacun hoche le menton avant de disparaître en un bond derrière les immeubles. En deux trois mouvements dans les airs, nous retrouvons enfin la chaleur apaisante de ma chambre. Redna m'aide à m'allonger, tandis que Tikki se libère des Miraculous dans un éclair lumineux.

- Est-ce qu'il t'a blessé ? s'enquit-elle aussitôt.

- J'ai juste envie de dormir, Tikki. Laisse-moi tranquille.

Je m'enroule sous ma couette, sans prendre le temps de remercier ma fidèle amie. J'ai terriblement mal, comme si des clous s'enfonçaient dans ma peau, et mes os. Mon corps est pris de spasmes que je ne parviens pas à atténuer. Mon esprit, quant à lui, creuse tel un rat dans le sable à la recherche d'un butin. Mais ce butin en question, est une réponse que je ne peux que continuer à espérer.

Coucou ! Bon les chapitres risquent d'arriver maintenant seulement le week-end à cause des semaines chargées qui arrivent... Donc désolé du retard !

Black - A Miraculous FanFiction [Réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant