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 Tout va mieux lorsqu'il y a un super-héros pour vous sauver.

La peinture encore fraîche glisse contre le masque de la jeune fille, court le long de ses bras décorés de motifs coccinnelles. Désormais, les panneaux supérieurs supportent le portrait d'un médecin, assurant santé et sérénité. La lueur savante qui lui dans son regard jure avec le bleu terne des yeux de l'héroïne surannée. Le bus repart, m'éloignant de son visage maculé par la peur. 

Je fais tourner la roulette paresseuse entre mes doigts, annihilant le fracas alentours à coups de basse. L'amalgame des ronronnements du moteur et de la vibration de la vitre dissémine cet amas de pensées tranchantes qui lacèrent mon encéphale. Mes yeux exténués peinent à accrocher le paysage de goudron qui défile à une vitesse déroutante. Un las soupir s'échappe d'entre mes lèvres déchirées par les coups de dents que je leur ai portées durant cette nuit sans sommeil. 

Les soirs sont pénibles, tandis que les journées sont vides et pourtant si lourdes à supporter. 

Au loin se profile un bâtiment crayeux, blessant de sa lividité la nappe bleue du ciel. Je me redresse légèrement, faisant face au reflet confus et hâve de mon visage. Sans faire cas des poches immondes qui creusent mon regard, je glisse mes écouteurs dans mon sac, tandis que les grondements du bus s'apaisent.

Un flot de silhouettes indistinctes se ruent dans le couloir principal, se déversant en un brouhaha assourdissant sur une place pavée. Il me faut plus de temps pour parvenir aux marches qui mènent à l'air brûlant de la ville. La léthargie qui me colle à la peau gangrène ma mobilité, manque de m'écraser contre les dalles de pierre de la place bordant le lycée lorsque je descends les marches du bus.

La lame affûtée de la lumière du jour se plante vivement dans mes pupilles, qui se rétractent douloureusement. Cet éclat de clarté déchire mon esprit déjà contusionné par l'éveil. L'obscurité de mes paupières affreusement lourdes me fait perdre l'équilibre. Malgré cette somnolence fiévreuse, je parviens une nouvelle fois à esquiver la chute. Une main contre mon front battant, je me décide enfin à rouvrir les yeux. 

Mon cœur se crispe à la vue de cette foule massée devant l'escalier de pierre trop abrupte pour mes muscles déjà essoufflés. Malgré moi, je ne peux m'empêcher de sonder les visages les plus proches, ceux que la fatigue n'a pas effacés, tandis que je progresse d'un pas titubant en direction de l'entrée. Je suis tentée de laisser la Soleil ronger ma peau, pendant que mes yeux se promènent sur des portraits inconnus. Seulement, la sensation de devoir avancer me colle aux os comme le cancer. Ainsi, je gravis les marches une à une, réprimant les larmes qui noient mes yeux.

C'est étrange comme mon corps est lourd. C'est comme si je devais à présent porter le poids du sien disparu. 

— Marinette !

L'engouement de sa voix me bouscule brutalement, esquissant la terrifiante perspective de mon corps dévalant l'escalier. Je me rattrape juste à temps à la rambarde de pierre, écorchant mes mains rugueuses, usées par les frottements frénétiques qui m'ont tenue éveillée tout la nuit.

— Salut, grommelé-je, encore sonnée par l'écho criard des paroles de l'adolescente. 

Campée sur ses puissantes jambes, elle me scrute au travers d'épaisses lunettes, qui mangent la moitié de son visage abordant une complexion anxieuse. Ses pommettes retombent, tirées par la sale mine que j'ai. Ses épaules s'affaissent et, dans un élan de réconfort, elle vient presser mon épaule, n'arrachant rien de plus qu'un rictus à mon faciès miné par la fatigue.

— Aucun tour de garde pour toi ce soir, murmure-t-elle en m'étreignant chaleureusement, m'enveloppant de ses bras protecteurs.

— Ça va, Alya. J'ai jute... Laisse-moi juste le temps de me dégourdir les neurones, et je serais. . . Enfin, je pourrais... Laisses tomber. Je vais bien, d'accord ? assuré-je, le menton enfoui dans son épaule. 

Black - A Miraculous FanFiction [Réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant