[CHAPITRE 9] L'épée et le Horcruxe.

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« Tu me manques. Sans arrêt. A chaque instant de la journée. A chaque nouvelle journée qui passe. A chaque heure qui m'éloigne un peu plus de toi. Tu me manques, et cela n'a rien à voir avec ce que j'ai pu ressentir l'année de ma sixième année. L'absence, le silence et l'éloignement sont le pire mélange qui soit. Tout ça réuni n'est en rien comparable à ce que j'ai pu éprouvé auparavant. Et ça me terrifie tant... ne pas savoir si tu es encore en vie est ce qu'il y a de plus terrible. »

Le silence régnait dans la tente, seulement rompu par la respiration lente et régulière du jeune homme qui dormait à poings fermés devant elle. Son visage, à demi recouvert par une épaisse couverture en laine, semblait serein. Après tous ces mois d'inquiétude, de désespoir et de doute, Harry Potter laissait enfin échappé un signe d'apaisement. Certes, il n'en avait pas conscience, mais cette vision raviva le feu en train de s'éteindre au creux de sa poitrine.

Hermione resserra l'écharpe rouge et or qu'elle portait autour du cou lorsqu'un courant d'air froid fit légèrement bouger l'entrée de la tente. L'endroit, bien que chauffer magiquement, ne parvenait pas à résister aux températures basses et glaciales de l'hiver. Les feux magiques qu'elle s'amusait à créer l'accompagnaient dans chacune des pièces de leur habitat de fortune. Elle se souvenait combien Ron les aimait...

Penser au garçon lui arracha un soupir de dépit. Depuis qu'il était parti précipitamment, elle n'arrêtait pas de se demander s'il allait bien. Où il pouvait être. S'il était en sécurité. S'il ne lui était rien n'arriver de mal. Elle ne se pardonnerait jamais si une mésaventure lui arrivait, car elle savait qu'elle aurait du insisté plus pour le garder près d'elle. Elle aurait du se montrer plus persuasive, elle aurait du trouver le moyen d'arranger les choses, elle aurait du éviter cette bagarre entre les deux garçons. C'était la première fois de sa vie qu'elle les voyait se disputer si violemment et une infime partie de son être se prenait pour responsable de cette prise de bec.

Elle aurait du être plus présente pour Ron. Le soutenir plus dans cette terrible épreuve. Le consoler et le rassurer dans ses moments de doutes. Elle aurait du prendre le temps d'écouter le nom des disparus à la radio, plutôt que de se réfugier entre les pages rassurantes de ses livres, à la recherche du moindre indice pouvant les faire avancer dans leur quête. Il était trop tard à présent, car le rouquin se trouvait elle ne savait où. Mais ces idées maintenaient allumées les dernières étincelles d'espoir qu'elle possédait encore.

Janvier avait balayé le mois de décembre avec une telle violence que les événements survenus à Godric's Hollow s'étaient fait tous petits dans son esprit. Son angoisse pour Harry, la surveillance constante qu'elle lui prodiguait, l'empêchaient de ressasser ce qu'il s'était passé. Et ce n'était pas plus mal, car seule, sans personne à qui parler, elle craignait de devenir complètement folle... le temps s'écoulait si lentement qu'elle percevait le tintement de chaque grain de sable en train de tomber sans son sablier. Elle ne savait pas combien il lui en restait, mais elle espérait vivement qu'il en resterait suffisamment pour pouvoir revoir le garçon qu'elle aimait.

Fred lui manquait atrocement.

Si au départ, elle s'était crue capable de supporter son absence, elle comprenait à présent que c'était impossible. Il avait pris une telle place dans sa vie qu'une journée sans lui était une véritable épreuve... alors tous ces mois, c'était comme être projeter en enfer. Bien sûr, il y avait eu Ron et Harry, mais le manque persistait. Un manque qu'ils ne seraient jamais capable de comblés, en dépit de tous leurs louables efforts.

Fred était la partie essentielle de sa vie, son tout, son autre moitié et sans lui, elle perdait pieds. Elle revoyait les mêmes ténèbres qui l'avaient déjà emportée avec elles, tapies, à la lisière de son existence, prêtes à bondir à tout instant. Elle refusait de sombrer et s'accrocher à la vie avec tant de force qu'elle sentait ses forces s'amenuir de jour en jour. Viendrait un jour où elle ne serait peut-être plus capable de se relever.

LA LOUTRE ET LE RENARD [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant