Bonus

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Un câlin : la première chose faite lors des retrouvailles après une absence douloureuse.

Une crise !
Des cris !
Une course !
Une perfusion !
Des médicaments !
Puis le silence total.

La nouvelle maman dormait maintenant grâce aux médecins qui ont été alertés par les cris venant de la chambre H1.

Ndella tremblait toujours. Comment est-ce possible ? Pourquoi à ce moment ? Le jour de la naissance de sa petite fille.

****

3 jours plus tard

L'hélicoptère qui ramenait les rescapés de la marine nationale devait arriver à 12 heures. Ils n'ont pas été identifiés. De ce fait, les familles entières de ces hommes y seront avec l'espoir de voir leur fils, frère, mari ou ami parmi le groupe de survivants.

Yolande passait les journées les plus sombres de son existence, les nuits les plus longues. Sa princesse et elle sont sorties hier après que Rachida s'est assuré qu'elle était apte à gérer tout ce qui lui tombe dessus.

Sa belle-famille n'a pas jugé nécessaire de venir la voir à l'hôpital, de voir comment elle accueillait la nouvelle. Pa Malado est passé en coup de vent, il était terrassé et semblait plus vieux. Quand il a regardé sa petite-fille, il était si ému qu'une larme involontaire s'est échappée. Il s'est excusé avant de partir.

Avec l'aide de son unique amie et soeur Ndella, elles appelaient pour avoir des nouvelles. Parfois, elles parlaient à quelqu'un qui essayait de leur expliquer qu'ils étaient désolés mais rien ne pouvait être avancé de peur de transmettre une fausse information. La plupart du temps, personne ne prenait ces appels incessants.

Yolande croyait devenir folle. Le plus dur reste le fait qu'elle ne pouvait pas sortir de cette pièce pour chercher elle-même. Elle soulèverait des montagnes pour voir en dessous, elle réveillerait un lion pour qu'il lui laisse le chemin qui mène vers lui. Elle escaladerait un pont fait de fils fins pour le sauver. Elle détererrait des cercueils pour le réveiller. Elle s'allierait avec le Diable pour le retrouver et au final, romprait le contrat. Elle... Elle ferait tant de choses pour encore l'entendre dire "Babe ", l'écouter narrer sa journée, lui confier ses projets, ses rêves, ses attentes, ses désirs. La regarder faire tout pour qu'elle sourie. Faire tous les sacrifices possibles pour qu'elle soit à l'aise. Défendre leur amour envers et contre tout même sa mère.

Sa mère ?

Qu'est-ce que cette femme n'a pas dit quand elle l'a vu avec sa fille ?

-Je savais que ton enfant allait apporter son lot de problèmes à mon fils. Je le sentais depuis que j'ai su pour ta maudite grossesse. Depuis que mon fils te connaît, il ne vit qu'avec des problèmes. Tu n'aurais pas dû entrer dans sa vie. Qui perd maintenant ? Moi bien sûr.
Si tu as ne serait-ce qu'une once de dignité et d'amour propre. Retourne dans ton pays de colonisateur. Tu nous as assez pourri la vie comme ça. Te voir me rappellera mon fils mort à cause de tes mauvaises auspices.

-Il n'est pas mort. Tais toi. Mon amour n'est pas mort. Je le sens, il est vivant. Sa fille l'attend. Je l'attends. Si vous tous voulez faire son deuil, je ne l'accepterai pas. Dit-elle le regard loin.

D'un bond, elle s'est levée pour aller voir sa fille qui était entre les mains de Penda.

À 8 heures, Erika était prête. Après avoir nettoyé son bébé. Elle l'a installée dans sa poussette alors qu'elle dormait toujours.

À genoux devant une commode où trônait une statuette de la vierge Marie et son enfant Jésus. Elle priait.

-Sainte Vierge de Guadeloupe, je me tiens devant toi encore une fois pour discuter avec toi. Protège mon époux. Ramène le moi. Nous devons partir à l'aéroport pour voir s'il fait partie des survivants. Intercède en ma faveur auprès du Seigneur afin que je le voie. Je ne peux pas vivre sans lui. Dieu le sait alors qu'il ne me sépare pas de lui de cette manière. C'est le meilleur des hommes sur terre et je ne le dis pas parce que c'est mon mari. Quand j'ai prié pour avoir cet enfant, Dieu m'a entendu alors je lui demande de faire de même cette fois. Je n'ai plus de mère ni de père. Il est la seule chose positive dans ma vie suivie de ma fille et Ndella. Si je pouvais choisir, je partirai à sa place. Mais s'il te plaît, au nom de la Trinité, notre fille a besoin de son père. Je ne sais pas ce qui adviendra de ma personne si dans quelques heures nous ne rentrons pas avec lui. Seigneur, fais moi cette faveur je t'en conjure.
Au nom du père, du fils et du Saint Esprit amen. Finit-elle.

Cocktail molotov Où les histoires vivent. Découvrez maintenant