Chapitre 13

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"Réfléchir c'est difficile c'est pourquoi la plupart des gens jugent" : Carl. G. Jung.

Une mouche est passée.

Le salon de Ndella ressemblait à un lieu sans âme qui vive. Et pourtant...

Il y avait plus de personnes qu'ils ne fallaient. Les parents de Yolande avaient leur tête dans leurs mains, ses frères restaient assis mais plus mal à l'aise qu'une personne sur un siège ne pouvant le supporter. Yolande avait son homonyme dans ses bras et Ndella respectait son silence.

Elle n'a pas parlé. Non! En les voyant, elle s'est simplement décalée pour les laisser passer même si sa mère avait ouvert ses bras pour l'embrasser.

Elle leur en voulait à eux tous. Plus que de raison. Mais elle n'allait pas permettre qu'ils gâchent les résultats de sa thérapie. Sa tranquillité donc elle est restée calme comme le lui a appris Hélène.

-Yolande ? C'était son père qui venait de prendre son courage à deux mains sinon ils allaient y passer la nuit.

Elle lève les yeux et le fixe, imperturbable.

-Tu nous as manqué.

-Mais encore. Répond-elle.

-Je vous laisse. Déclare Ndella en prenant la petite.

Yolande l'en empêche, lui disant qu'elle pouvait bien rester car sa famille ne dira rien de nouveau. Discrètement, bien sûr. Son amie se rassoit.

-On... En fait... Je. Ton oncle... Bégaie son papa.

-Tais-toi Éric. Je t'en prie. Aujourd'hui je vais te demander de ne pas parler. Oui nous sommes tous fautifs mais tu gardes le plus grand pourcentage. S'énerve sa femme, Barbara.

-Barbara...

D'un geste de la main elle l'oblige à se taire.

-Chérie ? Yolande s'il te plaît. Regarde moi. (Elle essuie quelques larmes) Nous n'avons rien à dire pour nous dédouaner. Rien ne peut justifier ce qu'on a fait. Surtout moi, je suis ta mère et nous étions si proches. Je t'ai tourné le dos par fierté et orgueil, égoïsme et méchanceté. Oui mon bébé, c'était méchant de ma part d'avoir mis une croix sur toi sans essayer de me mettre à ta place, de prendre en compte tes sentiments. Et ça a duré tout ce temps. Dès qu'il t'arrivait quelque chose, ton oncle me mettait au parfum. Je voulais être près de toi, je te jure mais je ne l'ai pas fait. Je sais que tu ne me pardonneras jamais, enfin si c'était moi, je ne pense pas que je l'aurai fait. Mais je t'en supplie...

Elle ne termine pas sa phrase qu'un sanglot incontrôlable bloque sa voix.

Erika reste de marbre. Elle la regarde sans qu'aucune émotion ne peigne son visage.

Hernan puis Gabriel prennent la parole pour témoigner de la tristesse qu'a vécu leur mère depuis toutes ses années et s'excuser aussi pour leur comportement irresponsable envers sa personne. Elle détourne les yeux pour les poser sur son père qui ne parlait toujours pas.

-Chérie, je m'en veux tellement. Tu n'as pas idée. Quand j'ai su que notre petite fille était décédée, j'ai pleuré comme un gamin. J'ai regretté tout ce que j'ai fait. Le fait de ne pas avoir cherché à la connaître, d'avoir renié sa mère pour des bêtises. Je n'avais plus envie de vivre. Je n'ai vu que sa photographie et bien que je ne le montrais pas, je l'aimais naturellement. Il est vrai que nous avons su pour sa maladie et plus tard pour son décès. Ce qui nous a retenu s'apparentait plus à la honte. Je ne savais pas comment me tenir devant toi sans baisser les yeux mais le moment choisi est pire. Je ne t'en voudrai pas si tu nous renvoyais de chez ton amie qui en passant mérite plus de faire partie de ta famille que nous. Tu nous détestes, je le sens et j'en suis certain. Toute ma vie je vivrai avec ce poids sur mes épaules. Cela me ronge de l'intérieur et comme vient de le dire ta mère nous avons été méchants. C'est l'adjectif exact. Je suis profondément désolé mon amour.

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